On connaît davantage Elizabeth Banks comme actrice, elle que l’on a vu dans Arrête-moi si tu peux, Pur Sang : la Légende Seabiscuit, W., l’improbable Président, Scrubs, Hunger Games, 30 Rocks, que comme réalisatrice, alors qu’elle en est à son 3ème long métrage. Après Pitch Perfect 2 et Charlie’s Angels, elle nous livre un film plutôt étonnant et sur lequel on ne l’attendait pas.
En 1985, un trafiquant de drogue avait largué environ 100 kilos de cocaïne d’un avion, les sacs tombant à proximité d’une ville du Tennessee. Quelques mois plus tard, le cadavre d’un ours est retrouvé, et l’autopsie révèle qu’il avait avalé environ 30 kilos de coke… Il est certainement décédé en moins de 10 minutes après ce festin funeste… Le scénariste Jimmy Warden est parti de ce fait divers pour extrapoler sur ce qui aurait pu arriver si l’ours avait survécu à cette ingestion et s’il avait croisé du monde dans sa forêt… On est donc parti pour un slasher forestier agrémenté de poudreuse, de grosses pattes poilues et griffues, d’humour et de personnages bien décalés!
On doit à Jimmy Warden le scénario du très bon The Baby-Sitter : Killer Queen, dans lequel il démontrait déjà quelques aptitudes dans le maniement d’un certain humour mêlé à du gore! Et quand on lit les noms de Phil Lord et Christopher Miller parmi les multiples producteurs, on se dit que les gars derrière 21 Jump Street et sa suite, La grande Aventure Lego ou encore Spider-Man : New Generation ont un certain sens de l’humour et du rythme également! On part donc sous de bons auspices avec un film qui semble-t-il est bien plus que la simple série Z annoncée…
On plonge d’entrée de jeu dans un parc naturel américain dans les années 80, et on sent une réelle volonté de rendre hommage à cette époque de la part d’Elizabeth Banks. Le choix des costumes, les coupes de cheveux (quelques beaux spécimens de mulets!), l’attention portée aux décors et aux véhicules font que l’on plonge avec plaisir dans ce film à l’atmosphère old school. Pour la petite histoire, Crazy Bear a principalement été tourné en Irlande alors qu’il se passe dans l’état de Géorgie.
Je craignais un film que l’on a envie d’arrêter au bout de 10 minutes, mais le rythme imposé dès le début et l’humour percutant font que l’on adhère très rapidement à ce projet, et qu’on a très envie de savoir comment vont se dérouler les événements. Il faut dire que les acteurs sont très bons, avec des personnages originaux et des lignes de dialogues plutôt drôles, ce qui est tout de même assez rare en ce moment. Keri Russell (Mission : Impossible III, Dark Skies, Free States of Jones) joue une mère célibataire qui va partir à la recherche de sa fille. Elle apporte beaucoup de combativité à son personnage, qui est le plus sérieux du film. Le duo Eddie–Daveed est franchement drôle, avec des échanges burlesques et parfois quelques touches d’émotion légère. Alden Ehrenreich (Stoker, Solo : a Star Wars Story) est très bon dans le rôle de ce gangster repenti, et O’Shea Jackson Jr. (N.W.A.: Straight Outta Compton, Criminal Squad) est excellent dans celui du bad boy bien déterminé à récupérer les sacs de cocaïne. Leurs dialogues apportent un caractère très absurde à ce film, et les situations dans lesquelles ils se retrouvent sont assez originales ^^ Je ne vais pas spoiler du coup, je vous laisserai découvrir cela par vous-même ^^ Et les 2 gamins sont très bons aussi, nous renvoyant directement aux films de notre enfance en mode Amblin 😉
On a le regretté Ray Liotta dont il s’agit du tout dernier film, et le fait de savoir cela donne une tonalité particulière à son rôle de, une fois n’est pas coutume, gangster-trafiquant. Il aura marqué le 7ème durant des décennies avec son charisme et son jeu, et le voir se parodier ici apporte une touche finale à cette carrière mémorable. Le reste du casting, entre le shérif, la garde-forestière et les autres intervenants, est franchement bon, et les acteurs apportent tous une vraie fraîcheur, qui est corrélée à une écriture inspirée de la part de Jimmy Warden. On se retrouve face à un film très loin d’être prétentieux, dont le seul but est d’offrir un divertissement qui fonctionne en ne prenant pas les spectateurs pour des cons. Et à l’heure d’Ant-Man et la Guêpe : Quantumania et autre Smile, ça fait vraiment du bien d’opter pour une légèreté de ton et une sorte de liberté permettant de s’éloigner du sacro-saint cahier des charges destiné à rentabiliser un maximum les coûts de production. Ce Crazy Bear mérite bien davantage de trouver son public que pas mal de films actuels…
Pour créer le fameux ours, Elizabeth Banks a fait appel au studio WETA, connu pour avoir permis la création des effets d’Avatar, du Seigneur des Anneaux, de King Kong, de La Planète des Singes, rien que ça. Le studio de Peter Jackson a donc créé l’ours du film, qui s’avère très réaliste même si on peut voir sur certains plans qu’il s’agit d »un effet spécial. En tout cas, il possède une personnalité forte et va nous offrir de beaux moments bien slasheresques, tout en générant par moments de belles tensions. Mention spéciale à une certaine course-poursuite carrément hilarante! Ce Crazy Bear n’est certes pas un chef-d’oeuvre, mais il fait vraiment du bien avec sa tonalité décomplexée et son sens de l’atmosphère, parce que mine de rien, on a réellement l »impression de regarder un film 80’s! Elizabeth Banks nous surprend donc avec un film de très belle facture, qui même s’il n’est pas exempt de quelques faiblesses de régime en de rares occasions, est un vrai bel hommage au cinéma horrifique d’antan (et notamment à toute cette branche de films de genre sur les attaques animales), et qu’il prend son sujet au sérieux sans se prendre pourtant trop au sérieux 😉 On a une nouvelle joueuse dans le domaine de l’artisanat horrifique! 😉