20 ans après avoir été un des pionniers de l’ère super-héroïque moderne avec Spider-Man (2002), Sam Raimi revient adapter du comics avec ce Doctor Strange in the Multiverse of Madness. Le timing est parfait, puisque Stephen Strange vient à peine de croiser la route de Tobey Maguire dans Spider-Man : No Way Home! ^^ La bande-annonce révélée à la toute fin du 3ème opus arachnéen laissait présager un spectacle envoûtant et virevoltant, et promettait une exploration poussée du Multivers!
Le concept avait été installé avec le surprenant Avengers : Endgame, et il nous offre depuis des possibilités assez dingues, comme on a pu notamment le découvrir dans la très réussie série Loki, et on se demandait donc si ce Doctor Strange in the Multiverse of Madness allait perpétuer l’aspect passionnant de ces découvertes. Le début du film nous plonge directement en pleine action, sur un plan différent de notre réalité, nous permettant d’explorer d’emblée le concept du Multivers. Il faut dire que le film est relativement court pour une production de ce type (2h06), et Sam Raimi adopte donc un rythme enlevé qui n’est franchement pas pour nous déplaire!
Avec le nom de Michael Waldron en tant que scénariste, on sait qu’on est de bonnes mains pour explorer le Multivers, puisque le bonhomme a oeuvré sur Loki. Là où on était en droit de craindre une intrigue fourre-tout qui pouvait vite s’avérer indigeste, on a un récit fluide et sans temps morts qui nous permet une plongée prenante au gré des réalités traversées. Le métrage possède une très belle dynamique et joue habilement de son concept, tout en nous proposant des immersions très créatives et finalement très belles dans diverses réalités. Le travail pictural s’avère très inventif, nous permettant même d’assister à des séquences franchement originales, dont une bien unique et ludique, possédant un caractère musical fort. On sent que Doctor Strange in the Multiverse of Madness est bien plus élaboré que Doctor Strange premier du nom, et que le personnage a eu le temps de bien s’intégrer à l’univers des Avengers.
Benedict Cumberbatch est très bon dans ce rôle pas si évident, et il offre une belle texture à Stephen, permettant de crédibiliser cet univers empli de sorcellerie. A ses côtés, Elizabeth Olsen incarne une Sorcière Rouge qui aura pris du temps avant de révéler tout son potentiel, et l’alliée que Strange est allé chercher pour mener à bien sa mission s’avère bien plus puissante que dans les films Avengers précédents ou dans l’atroce WandaVision… C’est un plaisir de voir l’évolution de ce personnage, qui est enfin passé du second au premier plan, ce qui permet à l’actrice de donner toute la mesure de son talent, tant lors des séquences de combats que d’instants plus émouvants.
Benedict Wong est quant à lui toujours aussi bon dans le rôle de Wong, devenu le Sorcier Suprême. Son air mi-bougon mi-amusé fonctionne vraiment bien, et en fait un des personnages secondaires les plus sympathiques du MCU. On a la petite nouvelle America Chavez, incarnée par Xochitl Gomez, inconnue à Hollywood et dont la carrière devrait logiquement bien se poursuivre après être passée dans le MCU. Elle joue America efficacement, sans pour autant en faire un personnage marquant, et elle est surtout utile ici pour son pouvoir très particulier. La relation qu’elle va avoir avec Strange va être contrastée et va offrir quelques beaux moments à Benedict Cumberbatch, mais le personnage même d’America ne ressort pas spécialement. On retrouve Rachel McAdams dans le rôle de Christine, ou encore Chiwetel Ejiofor (Mordo), mais on va également avoir droit à du fan-service franchement bien tourné!
Je ne spoilerai pas, je vous dirai simplement que certains éléments amenés par Michael Waldron et Sam Raimi s’avèrent vraiment classes, tout en étant franchement ludiques! Impossible d’en dire davantage, donc je vous invite à vous laisser prendre au jeu du Multivers pour vous faire votre propre avis ^^ Ce Doctor Strange va plonger le spectateur dans une aventure bien plus mâture que ce que l’on aurait pu croire, et Raimi s’octroie quelques passages en mode horrifique renvoyant directement à sa saga Evil Dead, ce qui n’est pas déplaisant du tout! La qualité de sa mise en scène va apporter une profondeur bien plus intéressante que ce que l’on voit de manière plus habituelle dans les films mainstream de la Maison des Idées, et on sent une réelle volonté d’innover de la part du vétéran de 62 ans, qui inscrit clairement sa marque dans l’univers super-héroïque contemporain. Certaines séquences de combats manquent de lisibilité comme on pouvait malheureusement s’y attendre, par contre le reste est bien plus abouti que la moyenne du MCU. On se retrouve dans un film qui se fait plaisir et qui procure du plaisir au spectateur, et qui poursuit le chemin sans être tétanisé par ses enjeux. On sent que Raimi a eu davantage de libertés que d’autres metteurs en scène, et que ce projet avait le droit d’aller s’aventurer dans des zones moins quadrillées que Black Widow ou Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux par exemple.
Doctor Strange in the Multiverse of Madness apporte un très beau souffle dans le MCU, et prouve que l’on peut poursuivre l’exploration de cet univers sans être écrasé par le poids de sa continuité. Les surprises qu’il propose sont étonnantes, tout en étant bien plus concrètes qu’un simple fan-service. Sam Raimi nous livre un film dans lequel il est bon de s’immerger, et on espère que la suite des aventures sera au minimum du même acabit!