Dune (Denis Villeneuve, 2021)

Je me rappelle des critiques dithyrhambiques récoltées par Get Out en 2017, et à l’époque, ce consensus avait de quoi rendre méfiant. Lorsque j’avais découvert le résultat final, je n’avais clairement pas compris cet engouement démesuré pour une oeuvre dont la portée était bien moindre que celle supposée après lecture de ces multiples avis exclamatifs… Lorsque je me suis aperçu de la quasi-unanimité des critiques face à cette relecture du Dune de Frank Herbert, je me suis forcément méfié, et j’ai laissé passer un peu de temps avant de plonger dans cette nouvelle création signée Denis Villeneuve.

On doit au metteur en scène canadien de très grands films, et ma sensibilité va vers Polytechnique, Incendies et le sublime Blade Runner 2049. Le voir revenir pour un second film de science-fiction d’affilée avait de quoi rassurer, puisqu’il avait prouvé ses immenses capacités en apportant une suite qui n’avait rien à envier au chef-d’oeuvre de Ridley Scott. Malheureusement, Dune va bénéficier d’une approche bien différente, ce qui en soit n’est pas un mal, mais on va réellement y perdre en émotions et en profondeur… Evidemment qu’il ne fallait pas refaire un Blade Runner, mais au jeu des comparaisons, tout va à l’avantage de la guerre entre humains et Réplicants, plutôt qu’entre Atréides et Harkonnen

Dune manque cruellement d’empathie pour ses personnages, et on en trouve aucun que l’on ait véritablement envie de suivre et de comprendre. Il y a une distanciation constante qui est mise en place, et on assiste à une sorte de space opéra désincarné lorgnant tantôt vers l’univers de Star Wars, tantôt vers quelque chose de plus confidentiel, avec un soupçon de Tremors en bien moins captivant! ^^ Avec cette tonalité étonnamment neutre, on suit sans grande conviction les aléas des différents personnages pris dans cette guerre planétaire qui se dessine, personnages tiraillés entre leurs fonctions et leurs ambitions, avec un Paul Atréides en héros central qui se découvre peu à peu comme un élu. Un thème classique de la SF, décliné ici avec une froideur qui ne donne pas spécialement envie de s’intéresser à son cas…

Timothée Chalamet fait ce qu’il peut avec un personnage sans nuances, sorte de Luke Skywalker qui cherche à maîtriser la Voix au lieu de la Force, et qui progressera en sillonnant le désert. La multiplication des plans dévoilant les vêtements drapés emmenés par le vent, où ceux dans lesquels les personnages enlèvent leur capuche, ça devient presque drôle par moment… On sent la aussi l’inspiration Star Wars, avec le côté cool et mystérieux des parures… Mais il faudrait que les personnages aient davantage de prestance pour inspirer plus d’intérêt… Mention spéciale à Rebecca Ferguson, qui doit passer les 3/4 du film à pleurer, franchement ça devient gênant… On ne parvient pas à se prendre d’affection pour un seul personnage, et c’est très frustrant de constater ce vide flagrant alors que les moyens mis en oeuvre sont plutôt conséquents.

Les décors sont beaux, ce qui est normal pour un film de cette ampleur, mais il n’y a pas la même envie de les explorer que celle qui ressortait de Blade Runner 2049. La froideur générale de l’ensemble fait que l’on assiste à ce film sans passion et sans intérêt, et même la beauté de certains plans ne parvient pas à nous émouvoir davantage… Je ne comprends vraiment pas les critiques élogieuses qu’a suscité ce film, tant il m’a laissé indifférent… Un élément parvient toutefois à tirer son épingle du jeu, c’est celui de la musique, puisque Hans Zimmer compose des morceaux parvenant à être plus intéressants que ce qu’on voit à l’écran. C’est assez impressionnant de voir à quel point Denis Villeneuve est capable de proposer 2 tableaux tellement différents en matière de SF, entre son sublime Blade Runner 2049 et ce Dune

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