Gangs of London saison 1 (2020)

Si son Bon Apôtre était bien déceptif, il ne faut pas oublier que le Gallois Gareth Evans est un maître du cinéma d’action, puisqu’il nous a offert le diptyque le plus hallucinant qui soit avec The Raid et The Raid 2! D’ailleurs son Merantau était un brouillon qui laissait déjà entrevoir les belles dispositions du cinéaste. Cette année, il a mis sur pied sa 1ère série avec Gangs of London, projet construit en binôme avec Matt Flannery. Flannery est un complice d’Evans depuis un long moment, puisqu’il a été directeur de la photographie sur Footsteps (le 1er long d’Evans), Merantau, The Raid, The Raid 2 et Le Bon Apôtre, soit la quasi-intégralité de la filmo du Gallois! Il manque juste son segment de V/H/S/ 2 et son court métrage Pre Vis Action.

L’annonce de Gareth Evans sur une série, c’était la promesse d’une ambiance bien tendue et de combats bien bourrins, ce dont ne manque finalement pas cette version du Parrain en mode British! Composée de 9 épisodes, cette première saison nous dévoile un épisode introductif qui sous le couvert d’un passage obligé afin de nous présenter les différents protagonistes, nous livre quelques séquences bien percutantes et choquantes! Le ton est donné, on est dans une histoire de mafia extrêmement violente et jusqu’au-boutiste, et il va falloir s’accrocher pour ne pas se laisser emporter par toute cette tension! La mise en scène des 9 épisodes est répartie entre 3 metteurs en scène : Gareth Evans donc, ainsi que Corin Hardy et Xavier Gens.

Corin Hardy, c’est le réal qui nous a livré le très bon La Nonne faisant partie du Conjuring-Verse, et Xavier Gens, c’est le Français derrière Frontière(s) et Hitman. 3 metteurs en scène adeptes du film de genre, qui vont se partager les épisodes afin d’agencer au mieux la construction de cette mini-saga. Evans réalise les épisodes 1 et 5 (qu’il écrit également avec Flannery), Corin Hardy les 2, 3, 4 et 9, Xavier Gens les 6, 7 et 8. Les meilleurs morceaux de bravoure, on les doit bien évidemment à Gareth Evans, qui nous livre un combat au corps-à-corps époustouflant et bluffant dans l’épisode 1, ainsi qu’une fusillade démentielle lors du 5ème épisode! Sa perception viscérale de l’action, sa capacité à développer l’impact maximal lors de chaque coup porté, l’aspect sensitif dévastateur auquel il nous confronte, font de ces moments les plus marquants de ce show! Gareth Evans n’a plus rien à prouver, mais il est encore capable de nous estomaquer grâce à sa maîtrise totale de sa narration !!!

Le mélange d’action et de dialogues avance vraiment bien, créant une atmosphère mafieuse complexe et bien lourde. Sean Wallace (joué par l’hallucinant Joe Cole, qui connaît bien le milieu puisqu’il jouait dans Peaky Blinders!) est promu parrain de la pègre lorsque son père est brutalement assassiné. Ce jeune chien fou va tout faire pour retrouver le tueur, quitte à mettre en péril l’empire patiemment bâti par son père Finn. Le poids de l’héritage familial, les différences de personnalités, les tensions internes, tout va être mis en lumière avec une très belle approche, en mode soap bien vénère! On va découvrir toute une galerie gravitant autour de la figure de Sean, chacun participant à la conservation ou à la destruction de cet empire, Sean étant lui-même assez instable pour faire vaciller son monde! Il y a un attrait hypnotique à voir comment Sean se lance à corps perdu dans sa quête de vengeance, n’hésitant pas à user de violence dès que possible. Et c’est bien évidemment dans cette effervescence de brutalité que le show va laisser éclore ses plus beaux atours, donc pourquoi se priver? ^^

Les tensions vont rapidement s’envenimer entre les différents gangs opérant avec l’appui des Wallace : on a les Kurdes, les Pakistanais, les Albanais, les gitans et d’autres encore. La décision de Sean de bloquer toutes les opérations en cours tant que l’assassin de son père n’aura pas été retrouvé, va mettre à mal tout un système économique reposant sur des collaboration déjà fragiles. Cet aspect mafieux s’avère passionnant, avec des personnages forts comme la Kurde Lale, dont on va découvrir le passé peu à peu, et interprétée par l’excellente actrice germano-iranienne Narges Rashidi (qui était déjà impressionnante dans l’excellent Under the Shadow de Babak Anvari). On a Michelle Fairley, omniprésente dans les séries britanniques (Misfits, Caterin Stark dans Game of Thrones, mais aussi présente dans 24 : Live another Day qui se déroulait en Angleterre), et qui s’empare encore d’un rôle de mère prête à tout pour sauver ses enfants! Elle est toujours impressionnante dans ses compositions, même si sa ressemblance avec Florence Foresti peut parfois dérouter! ^^ Sope Dirisu est aussi très bon dans le rôle d’Elliot Finch, un flic qui va s’introduire dans le gang et gagner la confiance de Sean.

Gangs on London nous dévoile un récit fait de sang et de fureur qui fonctionne à plein régime durant une bonne moitié de saison, mais qui va ensuite ralentir à partir de l’épisode 6. L’arrivée de Xavier Gens coïncide avec une sorte d’accélération narrative destinée à boucler l’intrigue, mais qui va paradoxalement amoindrir le caractère percutant de la série. On va s’intéresser davantage aux relations entre les personnages et laisser de côté l’aspect violent, comme c’est clairement le cas avec l’attaque de cette fabrique dont on ne voit que le début et les conséquences. Il y a une certaine frustration à ne pas plonger au coeur même de l’action, alors que Gareth Evans et Corin Hardy s’avéraient tellement généreux auparavant! Les 4 derniers épisodes viennent donc clore le récit de manière plus classique, avec quelques courtes envolées brutales, mais qui n’ont plus le même impact… Une petite frustration donc sur la fin, mais Gangs of London a réussi à être assez détonante pour marquer les esprits durablement, et on espère qu’une seconde saison verra le jour !

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