Le Conjuring-Verse a une particularité spécifique, c’est de proposer des spin-off finalement plus intéressants que la saga principale! Après un sympathique mais pas fou Conjuring : les Dossiers Warren, Annabelle m’avait très agréablement surpris par son ambiance et la mise en scène de John R. Leonetti (je dois être le seul, le film a été largement décrié). On a ensuite eu droit à un Conjuring 2 : le Cas Enfield, toujours signé par James Wan et toujours sympa mais pas ouf, et à un Annabelle 2 : la Création du Mal par David F. Sandberg, sympa mais pas vous savez quoi. La Nonne est déjà le 5ème film de cette franchise bien lucrative, et va à nouveau élever le niveau grâce à une orientation très film d’horreur à l’ancienne, qui va beaucoup miser sur son atmosphère. Corin Hardy nous livre sa seconde partition horrifique après Le Sanctuaire, et fait preuve d’un goût certain pour les films de la Hammer et autres anciennes joyeusetés!
La Nonne va en effet privilégier une ambiance qui tend vers le gothique, avec cette incursion dans un couvent perdu au fin fond de la Roumanie dans les années 50. Il y a un vrai travail dans la visualisation de cette immense bâtisse bien lugubre, et Hardy va s’appuyer sur un scénario à la fois classique et prenant signé James Wan et Gary Dauberman. On va dès lors plonger dans le récit inquiétant de ce démon prêt à surgir en ce lieu maléfique, et on va assister à une véritable lutte entre le Bien et le Mal au sein de cette abbaye monumentale. Les religieuses qui y vivent prient sans interruption depuis des siècles afin de s’assurer que le démon ne puisse pas s’échapper, et la prière prend dans ce film tout son véritable sens, puisqu’elle est réellement un outil destiné à contrer le Mal!
Une petite curiosité intéressante au niveau du casting, c’est le choix de prendre pour actrice principale Taissa Farmiga, qui n’est autre que la petite soeur de Vera Farmiga, alias Lorraine Warren dans les films Conjuring! Taissa n’en est pas à son coup d’essai en matière horrifique, puisqu’elle joue depuis 7 ans dans la série American Horror Story! Elle campe Soeur Irene, une jeune femme sur le point de prononcer ses voeux, et qui va devoir partir en Roumanie avec le Père Burke afin d’enquêter sur le suicide d’une religieuse. C’est Demian Bichir (Machete kills, Les huit Salopards) qui incarne le Père Burke, et la relation protectrice qu’il a envers Soeur Irène est touchante. Les 2 vont devoir s’aider mutuellement afin de comprendre les mystérieux événements se déroulant dans ce sanctuaire, et le danger va très rapidement surgir pour chacun. L’acteur belge Jonas Bloquet va incarner un Canadien qui se dit Français, et surnommé Frenchie! ^^ Il ajoute un brin de légèreté à une histoire pesante et qui fonctionne plutôt bien! L’atmosphère envoûtante et inquiétante s’avère très réussie, et la mise en scène des éléments surnaturels est faite avec beaucoup de soin.
On va avoir droit à des situations stressantes, avec 2-3 jump scares mais surtout des apparitions bien réussies de la fameuse Nonne, et on se retrouve, toutes proportions gardées, dans une configuration qui lorgne davantage vers l’excellent La Dame en Noir que vers un Conjuring classique. Corin Hardy joue avec sa profondeur de champ et avec les hors-champ pour faire monter le stress, et on se prend agréablement au jeu grâce à cette ambiance old school et à une vraie volonté de donner une consistance au bâtiment lui-même. Soeur Irène et le Père Burke se retrouvent à des milliers de kilomètres de chez eux, dans une zone totalement isolée de la Roumanie profonde, dans un immense couvent entouré d’une forêt lugubre et bordé par un vieux cimetière bien glauque… L’imagerie est très belle et renvoie à tout un pan du cinéma d’horreur classique, et on sent que le traitement est fait avec tout le respect dû à ces anciennes oeuvres.
Corin Hardy nous livre un vrai bon film baignant dans une atmosphère horrifique qui fonctionne, et ça fait bien plaisir quand on voit la majeure partie des productions fainéantes du genre! Je vous conseille d’y jeter un oeil!