The Predator (Shane Black, 2018)

Shane Black. Le mec qui s’amuse à massacrer les mythes, et qui est déjà responsable d’Iron Man 3. La légitimité de ce metteur en scène sur la franchise vient de sa participation au premier Predator, sur lequel il officiait en tant que script doctor et acteur. Et on peut dire qu’il avait fait de l’excellent boulot à l’époque, tout comme avec ses scénarios pour L’Arme fatale, Le dernier Samaritain, Last Action Hero, etc… Black a été une plume bien affûtée dans les 80’s-90’s, et a participé à la création de nombreux actioners de référence. En 2018, il revient donc sur la bestiole qu’il avait croisé 31 ans plus tôt, avec la double casquette de scénariste et réalisateur.

Boyd Hollbrook, qui était plutôt bon dans le sublime Logan, joue le personnage principal de cette suite, en campant McKenna, un sniper d’élite qui était au mauvais endroit au mauvais moment. Du coup, le gouvernement a envie d’étouffer ça en le faisant disparaître… On découvre un personnage rude et badass comme les affectionne Black, et on se retrouve dans une situation similaire à celle de Schwarzy et sa bande à l’époque de Predator. Ca commence presque comme un remake du coup, avec en plus la reprise de l’excellente partition d’Alan Silvestri par Henry Jackman. L’hommage prend son sens et permet d’installer un récit qu’on a envie de suivre. Les bad boys avec lesquels McKenna va se retrouver composent une assemblée plutôt fun dans le genre bidasses border-line, et ça donne un côté bourrin pas dégueu. On a Trevante Rhodes qui jouait dans Moonlight et Horse Soldiers, Keegan-Michael Key vu dans Archer, Thomas Jane qui a un jour joué le Punisher (2 fois même d’ailleurs!), Alfie Allen alias Theon Greyjoy dans Game of Thrones, et Augusto Aguilera (Chasing Life). Black est aidé par Fred Dekker à l’écriture (Black & Dekker, ça ne s’invente pas), et ils posent des personnages possédant chacun des caractéristiques intéressantes, en maniant un humour vif qui fonctionne dans le contexte.

On a encore Olivia Munn (Psylocke dans X-Men : Apocalypse) dans le rôle d’une scientifique, et on aperçoit même ce bon vieux Gary Busey ou encore Yvonne Strahovski. On va balancer tout ce beau petit monde dans une histoire qui se tient pas trop mal, et on va voir comment ça va évoluer… La capture d’un Prédateur par l’armée, une faction dissidente, et un jeune garçon autiste qui va entrer dans le game… Ce dernier est très bien joué par Jacob Tremblay (Room, Wonder), qui est certainement le prochain Daniel Radcliffe! Tremblay apporte une touche Amblin à l’ensemble, avec son côté petit garçon solitaire qui va faire face à quelque chose de merveilleux (ou d’horrible c’est selon)… Shane Black va donc partir sur différentes pistes pour faire évoluer The Predator, qui ne va pas seulement être un spectacle bourrin qui défouraille.

Mais si sur le papier, ces mélanges s’assemblent bien, le résultat n’est pas aussi réussi à l’écran. Black maîtrise cet aspect Amblin, en lui donnant une vraie consistance. Mais paradoxalement, tout le côté badass qu’il a réussi à créer va peu à peu se déliter, en perdant le réalisme et la cohérence du début. Toute la bande de McKenna est très bien brossée, mais le film va se retrouver englué dans ses propres spécificités dont il ne parviendra plus à se détacher. L’humour des répliques de ces soldats va tranquillement devenir répétitif, jusqu’à ce qu’il ne fonctionne plus… Et c’est bien dommage, parce que c’était parti de manière sympathique. Pareil pour le reste, à savoir l’action… Ca commence avec une incohérence de taille, quand un personnage qui n’a rien d’un soldat se met à agir comme un soldat… C’est une première anomalie, qui va malheureusement être suivie par d’autres, et elles vont s’accumuler de plus en plus rapidement… Je ne peux pas vous les énumérer parce que ce serait du spoil, mais franchement ça en devient ridicule…

Après les trous du scénario, l’autre problème vient également de la nature de la menace. Le Predator originel était flippant pour une raison très simple : on voyait le résultat de sa présence sans parvenir à le cerner ou à l’apercevoir! Le même schéma que pour Les Dents de la Mer ou Alien – le 8ème Passager. Ne pas trop en montrer afin de susciter la peur? Nooon on ne va pas faire ça, on a un budget effets spéciaux pour faire une créature qui claque… Et donc Shane Black va nous montrer le Prédateur sous toutes les coutures, ôtant par là même tout ce qui fait la peur de l’ennemi. La créature est belle (à savoir qu’elle est réussie dans le genre moche!), mais elle est trop présente. Black ne joue plus sur le suspense et l’attente, puisque le Predator arrive toujours à fond les ballons et qu’il ne se cache plus. Une déception de taille pour une suite qui une fois encore ne parvient pas à égaler l’original. Il faut dire que seul le premier film restera vraiment dans les mémoires, toutes les autres tentatives échouant à retrouver la saveur du chef-d’oeuvre de McTiernan!

The Predator est un nouvel exemple de la manière dont on peut planter une saga (qui était déjà plantée bien avant toutefois) en voulant se la jouer cool et original, en parvenant parfois à être fun à coups de dialogues bien sentis, mais en se laissant glisser vers la médiocrité à défaut d’avoir une vraie histoire qui se tient. Les trop nombreuses incohérences et raccourcis extrêmes du scénario ne pardonnent pas, et ce n’est pas la bonne volonté des acteurs qui va empêcher le vaisseau de prendre l’eau… Reste un R-rated qui permet d’avoir quelques accès de violence bien saignants, mais le film est moins intéressant qu’un Venom pourtant édulcoré…

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