Venom (Ruben Fleischer, 2018)

C’est en mai 1984, dans les pages de The Amazing Spider-Man 252, que le Symbiote fait sa première apparition, et ce ne sera que 4 ans plus tard, en mai 1988, qu’il prendra la forme de Venom! L’histoire de cette créature extraterrestre est indissociable du personnage de Spider-Man dans les comics, puisque Peter Parker est le 1er hôte du Symbiote, avec le fameux costume noir trouvé lors des Guerres Secrètes! Le costume noir est le Symbiote, et Parker va découvrir sa véritable nature grâce à Reed Richards des 4 Fantastiques, qui parvient à isoler l’extraterrestre. Le Symbiote parviendra à s’échapper, et ira contaminer le journaliste Eddie Brock, donnant naissance au mythique Venom!

Pas facile de mettre sur pied un film Venom sans faire la moindre allusion à Spider-Man! C’est le pari assez dingue et à priori complètement débile de Sony, mais les lois financières étant ce qu’elles sont, le contrat leur permettant de prêter Spidey à Marvel afin qu’il intègre les Avengers les empêche de l’utiliser temporairement dans leurs propres productions autres que la saga Spider-Man! Ca peut sembler assez confus et tiré par les cheveux, mais ce sont les termes du contrat… Du coup, en voyant la manne juteuse que représente le Marvel Cinematic Universe, Sony a trèèèès envie de faire du fric de son côté, et va donc lancer un Spider-Verse centré sur d’autres personnages gravitant autour de Spidey, sans Spidey! Hmmmm, casse-gueule? Oui, très probablement!

Venom est donc la pierre angulaire de ce nouvel empire, et va essuyer les plâtres et les foudres des critiques en nous pondant un récit totalement dissocié de Spider-Man et aux origines complètement revues! Hérésie, scandale? La folie est encore monté d’un cran quand le film, censé être classé R aux Etats-Unis (interdits aux moins de 16 ans non accompagnés) a été déclaré comme PG-13 (en gros, tout public)! Un revirement de situation qui a fait couler beaucoup d’encre, parce qu’édulcorer la violence et le gore qui sont inhérents au personnage avait tout du suicide artistique. Mais on se doute bien que faire un Venom pour les enfants, ça serait sacrément plus rentable, et les premiers chiffres du box-office ne mentent pas…

Passée la stupeur et les tremblements, il fallait quand même jeter un oeil à ce produit hybride, jouant en partie sur son aspect horrifique et plus largement sur un certain comique de situation… J’ai entendu parler de la prestation de Tom Hardy qui n’avait rien à envier à Jim Carrey dans The Mask… Des comparatifs avec Les 4 Fantastiques ou Ghost Rider… Bon, on va crever l’abcès tout de suite. Venom aurait vraiment mérité un traitement plus badass et gore, qui lui aurait permis d’asseoir une atmosphère bien plus dark et désespérée, entre un Deadpool et un Logan probablement. Mais le travail d’équilibriste des scénaristes et du metteur en scène Ruben Fleischer donne un résultat qui n’a au final rien de honteux! On se retrouve devant un blockbuster que l’on sent imparfait et qui s’empêche d’aller jusqu’au bout de ses sombres idées, mais le traitement joue étonnamment sur des moments bien absurdes qui fonctionnent bizarrement! Le côté Jim Carrey de Tom Hardy s’avère efficace, et la petite référence à The Mask est claire et appuyée! Ca ôte un aspect totalement noir qui aurait certes été bien plus palpitant, mais ça donne au métrage une sorte de rythme étrange et pas dégueulasse!

La question de la représentation de la violence a longtemps fait débat, et le fera encore certainement. Mais Ruben Fleischer et son équipe ont dû composer de manière très serrée pour faire avec les exigences PG-13 des producteurs, et disons que le hors-champ remplit sa fonction. La violence est présente, et Venom bouffe des têtes, mais on ne le voit pas faire… C’est franchement dommage d’un côté, mais l’humour absurde des situations permet de se sortir de ce carcan. J’ai entendu parler du côté buddy movie, et c’est effectivement le cas entre Eddie et Venom, mais pour ma part je trouve que ça fonctionne de manière comique, et là encore je pense que le traitement de Tom Hardy offre une sorte de surjeu pas dégueu! C’est assez conceptuel au final, et ça pourra très certainement rebuter des spectateurs, parce qu’après tout, on s’attend au bon vieux Venom qui déchiquette tout sur son passage. Mais Fleischer parvient à faire un PG-13 qui est à la frontière, et franchement, je n’emmènerai quand même pas un gamin voir ce film…

Il y a un côté très X-Files : aux Frontières du Réel au début, puis un aspect Hidden plutôt bien foutu. 2 références de poids dans le genre SF, et on sent un certain amour du cinéma à l’ancienne. Graphiquement, Venom ne va donc pas aussi loin qu’il devrait aller, mais il y a quelque chose à tirer de tout ça, et les séquences d’action vont s’avérer intéressantes. On aurait apprécié davantage de moments iconiques, mais Venom a de la gueule et on sent par instants la filiation avec les cases de comics. Le personnage incarné par Riz Ahmed est encore un scientifique taré, mais sa composition lui donne une texture intéressante. Je le trouve moins lisse qu’un Obadiah Stane dans Iron Man par exemple, et plus sinueux, à la manière d’un Loki, sans atteindre son niveau évidemment. Mais on a envie de le croire quand il dit quelque chose, et puis on se rend ensuite compte qu’il s’en fout ^^

Ca fait plaisir de revoir Jenny Slate (elle était excellente dans le sublime Mary), dans un rôle de scientifique qui a son importance. Venom n’est donc clairement pas la purge annoncée, mais est le produit d’une symbiose entre les diktats financiers de producteurs à la recherche de pleins de billets verts, et une vision drôlement étirée du concept de ce cher alien. Mais je trouve que ce traitement renvoie à certains films des années 80, dans lesquels la violence était édulcorée par l’humour, mais sans forcément lui être fatale. Donc ce n’est certainement pas le chef-d’oeuvre que l’on espérait tous, mais il reste clairement intéressant, et la suite s’avère très prometteuse! Ah oui, 2 scènes post-générique, ne partez pas tout de suite hein! 😉

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