Mourir peut attendre (Cary Joji Fukunaga, 2021)

Mourir peut attendre est la 5ème aventure de James Bond pour Daniel Craig, qui clame à chaque fois que c’est la dernière fois qu’il incarne l’agent britannique ^^ Sa prestation a quelque peu dépoussiéré le mythe à partir de 2006, et a même rompu avec plusieurs codes chers au héros du romancier Ian Fleming. De film en film, on découvre un Bond dévoilant sa sensibilité, et qui se démarque de plus en plus de son flegme et de sa propension à courir les jupons. Il laisse désormais cela à Jean Dujardin et son OSS 117… ^^

Le fait de proposer une introspection du personnage et de développer des pans de sa personnalité jusque-là inconnus est à la fois risqué et intéressant, et la série proposait avec cette version rebootée des aventures qui fonctionnaient bien, et qui rapportaient toujours à EON Productions et à la MGM. Avec Mourir peut attendre, on s’attendait donc au cahier des charges habituel, avec la même propension à la romance puisque on retrouve le personnage incarné par Léa Seydoux dans 007 Spectre. Le début du film est à ce titre très prenant à un niveau intimiste, avec une très beau dialogue sur le poids du passé notamment. Et on part ensuite pour une séquence d’action bien rythmée au coeur d’un petit village italien, que Cary Joji Fukunaga gère avec soin.

Et puis… Presque plus rien pendant 2h30… Le film va être une longue succession de bavardages sans réel intérêt, avec une petite partie récréative grâce à une séquence bien fun entre James et Paloma, une agent de la CIA incarnée avec beaucoup de candeur par l’actrice cubaine Ana de Armas. Un rôle aux antipodes de celui qu’elle incarnait dans Blade Runner 2049, puisqu’elle jouait la magnifique androïde Joi. Ici, elle joue une nouvelle recrue bien motivée, qui apporte beaucoup d’humour à la situation, et le duo avec Daniel Craig fonctionne vraiment bien! Ce n’est clairement pas le cas avec la remplaçante de Bond, Nomi, jouée par Lashana Lynch (Maria Rambeau dans Captain Marvel), qui n’a aucun charisme… Les quelques joutes verbales tombent pour la plupart à plat, et le personnage semble n’avoir été créé que pour son caractère inclusif… Ce qui est bien dommage, car Paloma aurait fait une meilleure remplaçante!

Comme dans tous les films d’action où il faut sauver le monde, il est encore une fois question d’un virus fabriqué en laboratoire, et on a encore un méchant qui se prend pour un dieu décidant si l’humanité doit vivre ou non. A force de ressasser les mêmes formules, on tombe forcément dans la caricature, et le personnage de Rami Malek, Safin, incarne la somme de tous les méchants vus chez James Bond, mais en mode tellement ridicule… Je ne vais pas vous spoiler, mais il m’a fait penser à une méchante de l’univers de Batman ^^ La théâtralisation de certaines séquences est tellement poussée que ça en devient ridicule, comme lors de la « confrontation » entre Safin et Bond, ou encore pire, celle entre Bond et Blofeld! On a l’impression qu’on nous rejoue Le Silence des Agneaux mais en version totalement ratée… Ca en devient carrément gênant je trouve… Dommage pour le personnage de Christoph Waltz, qui n’a plus aucun charisme!

Là où la déception est la plus grande, c’est que Cary Joji Fukunaga est un excellent metteur en scène, puisqu’il nous a donné les 8 épisodes de la première saison de True Detective! Et le voir être restreint par un film de commande s’avère réellement frustrant, car mis à part quelques moments, on sent qu’il n’a pas les moyens de donner la pleine mesure de son talent. Même le plan-séquence auquel il a droit laisse de marbre, et on gardera juste en mémoire la scène d’ouverture sur le lac, la poursuite en moto et en voiture du début, et quelques moments intimistes par-ci par-là. Et une fin qui finalement redonne un peu d’intérêt à un métrage sinon totalement sans saveur… Le constat est assez déconcertant pour ce dernier opus, car il est à mes yeux le plus faible de l’ère Craig…

On attendra maintenant de voir à quelle sauce sera mangée la saga, et si on repartira sur de nouvelles bases. Daniel Craig aura pourtant permis de donner une nouvelle dimension au héros britannique, dommage que cela se termine sur un film en mode aussi automatique…

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