Hier soir avait lieu l’avant-première de 007 Spectre au Kinépolis Mulhouse, que les heureux gagnants du concours Talking Wade en partenariat avec le cinéma ont pu découvrir dans une salle bondée et fidèle à la cause de James!
24ème film consacré à l’agent secret le plus connu au monde, sorti de l’imagination de l’écrivain britannique (et ancien espion) Ian Fleming, 007 Spectre est un mélange de diverses fragrances prises ça et là au fil de la saga. On retrouve évidemment l’aspect plus personnel initié avec Skyfall, mais on retrouve également avec plaisir des éléments bien plus nostalgiques, accompagnés de James Bond Girls aux talents variés, et saupoudrés de quelques pointes d’humour surprenantes!
Sam Mendes a fait du chemin depuis son excellente satire des Etats-Unis American Beauty (1999), et il a pris les rênes de la saga James Bond avec Skyfall, qui osait creuser en profondeur dans le passé du héros flegmatique. Entre une volonté de donner une certaine consistance à un héros figé dans le marbre depuis des décennies, et des concessions au grand spectacle que se doit d’être un James Bond, Skyfall proposait une vision intéressante du personnage, et une certaine évolution dans le récit, même si on sentait tout de même le poids des producteurs afin de ne pas trop métamorphoser James. Pour sa 2ème réalisation consacrée à l’agent secret, Sam Mendes semble s’être débarrassé de certains carcans, et assume avec un plaisir communicatif sa propre vision de ce héros entré dans la mythologie du 7ème art.
Il y a dans ce 007 Spectre une sorte de classe constante doublée d’une belle fluidité d’écriture, qui en font un spectacle prenant et surprenant. On reste dans la veine qui alimente toute la saga, mais on y injecte quelques éléments supplémentaires par petites touches, qui permettent de donner un rendu subtilement et légèrement différent de ce à quoi on était habitué jusqu’à présent. La carapace de l’espion semblait se fissurer dans Skyfall, Sam Mendes poursuit son exploration de la psyché du héros, non pas en étalant ses états d’âme tel un psychanalyste, mais en dévoilant certains sentiments furtifs qui ébranlent discrètement le monolithe. Daniel Craig, qui incarne l’agent depuis 4 films (Casino Royale, Quantum of Solace, Skyfall et ce 007 Spectre) a vraiment pris goût à ce personnage, et semble en avoir fait une seconde nature tant il est à l’aise dans le rôle! A tel point qu’il se permet même quelques touches d’auto-parodies, surprenantes et bienvenues!
Avec 007 Spectre, on retrouve également l’un des fondements de la mythologie bondienne, avec la figure crépusculaire du Spectre, la fameuse organisation dirigée par celui qui est le pire ennemi de James Bond. Le leader mystérieux est un personnage apparaissant à plusieurs reprises déjà dans la saga, et le Spectre lui-même est déjà évoqué dans le tout premier film, James Bond 007 contre Dr. No en 1962! Le choix de Christoph Waltz (Inglourious Basterds, Django unchained) est parfait, lui qui joue avec un plaisir évident et communicatif ce despote sanguinaire! Waltz confère à ce leader un esprit à la fois enjoué et sans pitié, et en fait une figure du Mal capable de faire face au héros d’Ian Fleming!
Léa Seydoux, qui jouait elle aussi dans Inglourious Basterds, et que l’on a pu voir dans Mission: Impossible – Protocole fantôme, a réellement été révélée dans La Vie d’Adèle, et joue une James Bond Girl au caractère bien trempé, et capable de se défendre elle-même. L’alchimie avec Daniel Craig fonctionne bien, et leur duo s’avère très intéressant. Sinon du côté des bad guys, on peut compter sur le physique très imposant de Dave Bautista, alias le catcheur Batista, qui mine de rien, de Riddick aux Gardiens de la Galaxie, commence à se faire une belle carrière cinématographique. On l’attend prochainement dans le rôle mythique de Tong Po dans le remake de Kickboxer, et évidemment en Drax dans Guardians of the Galaxy Vol. 2! Son rôle ici mise bien évidemment sur son physique, et il constitue un adversaire relativement coriace pour James Bond!
007 Spectre navigue de manière très efficace entre scènes d’actions, dialogues tendus et moments plus intimes, tout en plaçant son récit dans une conjoncture des plus désagréables pour l’équipe de James, puisque l’agence est sur le point d’être démantelée. Les aspects géopolitiques s’avèrent très intéressants, et le combat de M pour conserver son agence tandis qu’un opposant est sur le point de le remplacer en prônant la surveillance totale, est en même temps très symptomatique d’une problématique réelle. Les agents de terrain semblent obsolètes et archaïques, face à la portée des ordinateurs, des drones et de la technologie de pointe. Mais James a encore son mot à dire…
Entre Londres, Rome, l’Autriche et Tanger, 007 Spectre, une fois n’est pas coutume, nous convie à un voyage à travers le globe qui va nous donner son lot de scène d’action éclatantes, tout en créant des ambiances bien diversifiées. La scène de poursuite en avion dans la neige, la course de voitures dans les rues de Rome, le plan-séquence d’ouverture magnifique, chaque scène est traitée avec beaucoup de soin par un Sam Mendes aguerri dans le genre, et son film est une belle réussite, mélange de classe british et d’action bien testostéronée, pour le plaisir évident du spectateur!