22 Miles (Peter Berg, 2018)

J’arrive à un point où je n’ai plus envie d’être tolérant face à la médiocrité d’oeuvres qui se contentent juste du minimum syndical alors qu’elles ont tous les atouts pour être bien plus captivantes. Dernièrement, j’étais plutôt cool avec BlacKkKlansman – j’ai infiltré le Ku Klux Klan, qui était pourtant décevant par rapport à sa bande-annonce ultra-prometteuse en mode cynique et rentre-dedans. Le résultat était bavard à mort et très loin de l’atmosphère funky et enragée que l’on pouvait espérer. Avec ce 22 Miles signé Peter Berg (on lui doit quand même les atroces Le Royaume et Hancock), on s’attend à un produit survitaminé en mode action bad-ass avec une unité d’élite chargée d’escorter un prisonnier jusqu’à l’aéroport afin de l’exfiltrer.

Mark Wahlberg se plaît dans les films d’action, et il s’offre un rôle plutôt atypique avec ce « héros » violent et franchement détestable avec ses troupes. Une proposition étonnante car on n’a pas trop envie d’accrocher avec ce perso, mais c’est ce qui peut donner un peu d’intérêt à un scénario relativement classique. Là où le bât blesse probablement, c’est que Wahlberg participe également à la production du film, et qu’il n’a certainement pas envie d’être à la traîne niveau corps-à-corps. Alors quand on a des pointures comme Iko Uwais et Ronda Rousey, 2 gages de très belle qualité dans le genre, comment garder la face? En les empêchant tout simplement de démontrer ce dont ils sont capables…

La raison pour laquelle je suis allé voir ce film est justement Iko Uwais, artiste martial hyper-impressionnant découvert dans Merantau, mais surtout dans The Raid et The Raid 2, les 3 films étant signé par le gallois Gareth Evans. Il a également joué dans l’excellent Man of Tai Chi de Keanu Reeves, a fait de la figuration inutile dans Star Wars : Episode VII – le Réveil de la Force, et a enchaîné avec les atroces Headshot et Beyond Skyline. Seuls Gareth Evans et Keanu Reeves sont parvenus à rendre hommage aux capacités athlétiques de l’Indonésien, et ce sont clairement les mythiques The Raid et The Raid 2 qui resteront comme des perles brutes dans sa filmographie. Le voir à l’affiche d’un film d’action se déroulant en Indonésie laisse forcément un bon espoir, mais qui s’envolera très rapidement… Iko Uwais a droit à une scène de fight bien violente, mais qui est tellement surdécoupée qu’on ne voit strictement rien des chorégraphies et que cela dénature tout le travail de l’acteur. Je ne comprends toujours pas actuellement pourquoi les cinéastes s’entêtent à cuter à mort quand ils ont sous la main des artistes martiaux capables de telles prouesses… On surdécoupe quand on a Steven Seagal devant la caméra, mais certainement pas avec Iko Uwais…

Et durant le reste du film, la production (Wahlberg?) va essayer de l’empêcher au maximum de démontrer ce qu’il sait faire. Le constat est encore plus affligeant avec Ronda Rousey! L’ancienne championne de MMA, et qui a fait une entrée fracassante à la WWE, où elle est actuellement championne, n’a même pas droit à un vrai combat! C’est une aberration quand on connaît la rage de cette combattante et ses prédispositions impressionnantes! Non non, Iko Uwais et Ronda Rousey? Mettez-les juste sur l’affiche, ça fera venir les gens qui les connaissent, mais il ne faut surtout pas qu’ils volent la vedette à Mark Wahlberg ! Un bel exemple de publicité mensongère hollywoodienne, encore une fois…

Et si pendant un temps Peter Berg nous la joue Tony Scott en mode Ennemi d’Etat avec un petit succès, parvenant à maintenir une certaine tension dans cette modern warfare, le foutage de gueule intégral que représente l’impossibilité de voir Uwais et Rousey à leur vrai niveau flingue en très grande partie ce film, qui bénéficiait pourtant d’une approche dans laquelle ils auraient pu s’en donner à coeur joie ! Des combats en plein couloirs comme dans The Raid? Mais laissez Iko Uwais vous montrer ce qu’il sait faire dans cet environnement !!! Ca me fatigue vraiment ces films trop calibrés pour être honnêtes, et du coup même la fin pas si dégueu ne rattrape en rien l’ensemble largement appauvri par les interdictions fixées par la prod.

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