Lorsque j’ai découverte la bande-annonce de ce film, je me suis pris une sacrée baffe et je l’ai immédiatement placé dans mes priorités à découvrir ! Et lorsque j’ai compris que ce film racontait une histoire vraie, j’ai encore été plus choqué et intrigué ! Voir Spike Lee s’attaquer à un récit sur le Ku Klux Klan, ça n’a forcément rien de neutre, et voir un flic noir prendre contact avec les capuches blanches pour infiltrer leur organisation, c’est sacrément couillu et hallucinant !!!
Ron Stallworth est un afro-américain qui a été le premier flic noir de la ville de Colorado Springs. Des débuts forcément houleux à l’ère d’une tentative difficile de renversement des mentalités. Entre des collègues qui lui tiennent les coudes et ceux qui le méprisent à cause de sa couleur de peau, Ron a bataillé pour parvenir à obtenir des missions d’infiltration. Sa première expérience est lors d’un meeting tenu par un ex-Black Panther, venu à Colorado Springs raviver la flamme du Black Power. En tant qu’afro-américain, il était l’élément idéal pour obtenir des informations lors de cette soirée.
Mais son fait de gloire le plus important, et qui ne sera révélé qu’en 2006, sera bien différent : Ron Stallworth a réussi à infiltrer le Ku Klux Klan !!! Une histoire assez incroyable, mais qui s’explique finalement aisément : après avoir vu une petite annonce du Klan dans le journal local, il leur a écrit une lettre expliquant qu’il détestait « les nègres, les youpins, les latinos, les jaunes et les ritals » ! Il est donc entré en contact avec l’antenne locale du KKK, et a peu après eu l’opportunité de rencontrer un de ses représentants locaux. Il ne pouvait évidemment pas y aller lui-même, et a donc oeuvré avec un collègue blanc qui se faisait passer pour lui. On avait donc dans cette mission 2 Ron Stallworth, le black qui s’occupait de toutes les communications à distance, et le blanc, Chuck, qui se rendait aux réunions. Une mission difficile, car Chuck était censé connaître tous les détails que Ron recevait par téléphone, et il devait parler de la même manière que lui !
Dans le film, c’est John David Washington, le fils de Denzel Washington, qui incarne Ron Stallworth. Il est épaulé par Flip Zimmerman (le nom de Chuck a été changé), joué par Adam Driver. On va donc rapidement entrer dans le vif du sujet, avec la mise en place de cette infiltration étonnante ! Si le sujet est dingue, le traitement de Spike Lee ne l’est malheureusement pas autant. Ce qui frappe d’entrée de jeu, c’est le basculement des places entre Washington et Driver, ce dernier devenant nettement plus intéressant. Il faut dire que les risques sont bien plus grands pour lui, puisqu’il se rend à de nombreuses reprises chez le Klan, tandis que Stallworth reste toujours à distance. Mais la prestation même de Washington s’avère moins prenante que celle de Driver, qui est vraiment un excellent acteur !
Une autre particularité du film est sa vision très binaire : on a à plusieurs reprises des montages parallèles qui vont alterner la vision des blacks et celle des membres du Klan, et même s’il est évident qu’il n’y a rien à cautionner chez le KKK, cette mise en scène s’avère relativement facile et manichéenne. Le film manque de certaines frictions qui ajouteraient une complexité dramatique à l’ensemble, et mis à part un ou deux moments, il ne joue pas avec la tension inhérente à cette mission. BlacKkKlansman – j’ai infiltré le Ku Klux Klan est davantage didactique qu’immersif, et va jouer la carte de la politique plutôt que celle de l’affectif. C’est en cela aussi qu’Adam Driver tire mieux son épingle du jeu, car des deux personnages, c’est celui qui sera le plus vrai dans sa perception personnelle des événements.
En regardant ce film, je pensais souvent à l’excellent Imperium avec Daniel Radcliffe, dans lequel il infiltre un gang de néo-nazis. Il y a une tension et un réalisme tellement plus intense dans ce récit, que celui de Spike Lee paraît plus codifié. L’accent est davantage mis sur les discours, les meetings et les argumentations de chaque camp, que sur l’intensité que peut générer une telle enquête. BlacKkKlansman – j’ai infiltré le Ku Klux Klan a le mérite de nous raconter la folle aventure de 2 flics à la fin des années 70, et en cela il est intéressant et respectueux. Mais il ne s’avère pas aussi dingue que ce que proposait la bande-annonce, et c’est bien dommage !
Voilà, tu as bien résumé le cinéma américain des 20 dernières années:
il ne s’avère pas aussi dingue que ce que proposait la bande-annonce
Hahaha encore de la pub mensongère en somme ^^ Mais il y a quand même des BA qui rendent justice à l’oeuvre totale ! Blade Runner 2049 est un des derniers exemples qui me vienne.