Ant-Man et la Guêpe : Quantumania (Peyton Reed, 2023)

En l’espace de 8 ans, Peyton Reed sera donc parvenu à boucler une trilogie Ant-Man! Après 2 très bons films aux enjeux limités, voilà que Reed a la lourde tâche d’ouvrir la Phase V du Marvel Cinematic Universe, en posant les termes de ce qui va advenir dans les années à venir, et en introduisant la figure de la nouvelle menace interplanétaire. Un programme chargé pour une petite fourmi et une guêpe, non? En tout cas, après une Phase IV sans aucun enjeu, on avait hâte de découvrir celui qui devrait ravir la place d’ennemi public numéro 1 après Thanos!

Comme l’indique le titre du film, on va enfin explorer le Royaume Quantique teasé maintenant depuis quelques années. Ce qui va donner l’occasion aux artistes de chez Marvel de se faire plaisir dans la création de paysages gigantesques et originaux, bien entendu très colorés et chatoyants. On se retrouve dans un univers inconnu, mais régi par les codes spécifiques que Marvel et les blockbusters mettent en place à chaque fois. L’impression n’est pas désagréable, mais ça n’est pas non très original. Passée une justification complètement absurde sur la raison pour laquelle les personnages vont se retrouver propulsés dans le Royaume Quantique, nous voilà embarqué dans ce microvers recelant bien des surprises pour nos super-héros.

C’est là que Disney va activer le mode Star Wars, car qui dit nouvel univers dit nouveau bestiaire également. Les créatures croisées sont très bien faites et les maquillages aussi, simplement on a encore cette impression de faire du neuf avec du vieux, en modifiant donc juste l’habillage de l’ensemble. C’était la même impression avec Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux, qui lui aussi explorait un nouveau bestiaire afin de respecter le cahier des charges Marvel. On va également ressentir une autre influence, plus intéressante celle-ci, celle de Tron : l’Héritage, qui appartient d’ailleurs aussi à Disney ^^

Le plus grand problème de ce film tient à ce qu’il veut pourtant faire partager en priorité : l’unité de cette famille. On a Scott Lang et sa fille Cassie, ainsi que Hank Pym, sa femme Janet Van Dyne et leur fille Hope, et tout ce beau petit monde est censé se protéger sans cesse. Sauf que le point de départ de tout ce bordel, c’est un manque de communication juste incroyable… Et que tous les bons sentiments affichés lors de dialogues franchement poussifs font très artificiel… On ne sent aucune alchimie entre eux, certains font clairement de la figuration (ça fait mal de voir Michael Douglas sous-exploité à ce point), et c’est vraiment très plat. Face à eux, on a un Kang tellement au-dessus, incarné par un Jonathan Majors qui se plaît à jouer un ennemi à la puissance quasi-divine… Et l’impression de voir David contre Goliath s’avère donc très persistante.

L’intérêt d’Ant-Man et d’Ant-Man et la Guêpe résidait justement dans leur statut de films sans prétention, de petite sucrerie venue clôturer les phases. Propulser ces personnages dans la cour des grands, c’est dévoiler leurs limites et leur faiblesse face à un personnage d’une telle envergure. Paul Rudd, Evangeline Lilly, Michaelle Pfeiffer, Kathryn Newton et même Michael Douglas n’offrent aucun relief à leurs personnages, qui sont désespérément lisses… Dans les 2 premiers volets, on avait un côté absurde qui fonctionnait mieux avec les enjeux limités du script, tandis que là, leur donner cette place trop sérieuse ne leur rend pas service. On va donc suivre leurs aventures de manière relativement détachée, avec quelques rencontres intéressantes de-ci de-là, comme le personnage de Veb qui est drôle et réussi ^^ Par contre, filer un chèque à Bill Murray pour qu’il vienne jouer ça, je ne vois pas l’intérêt… Et pour poursuivre l’entreprise de destruction des personnages entamée avec la quasi-totalité des séries Marvel, c’est quoi ce M.O.D.O.K. ??? Je pense qu’ils ont sélectionné la pire idée possible histoire de vraiment tuer le personnage…

Heureusement, malgré ce que j’avais pu lire dans certains articles, je trouve que Jonathan Majors est très bon dans le rôle de Kang, lui insufflant ce sentiment de supériorité et cette aura menaçante, nécessaire pour que la Phase V rehausse le niveau des productions du MCU. Kang évoque le futur du Multivers, et les bribes d’infos distillées donnent sacrément envie d’arriver à Avengers : Secret Wars !!!

On commence donc cette Phase V très timidement, mais avec un Kang disposant d’une belle stature. Majors commence à cerner le personnage, puisqu’il en avait joué une version dans la saison 1 de Loki 😉 Sinon, il y a bien 2 scènes post-générique 😉

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Les news de la semaine (dernière) : Retour au Noir

Alors que l’on est encore sans nouvelles des prochaines adaptations live de chez Sony, à savoir Kraven le Chasseur, Madame Web, Nightwatch, Black Cat, Silver Sable, Jackpot, Venom 3 et El Muerto pour le grand écran, ainsi que Silk : Spider Society pour la petite lucarne (plus d’infos sur ces multiples projets par ici), le studio a fait une annonce qui a surpris son monde avec le développement d’une seconde série, qui se déroulera à une époque bien différente, puisqu’elle prendra place dans l’Amérique de la Grande Dépression, durant les années 30 donc. Les passionnés les plus aguerris auront reconnu la patte de l’univers Marvel Noir, dont le plus illustre représentant est évidemment le Spider-Man Noir. S »il est inconnu du grand public, ce personnage a pourtant été aperçu dans le très bon Spider-Man : New Generation en mode animé, mais on ne pensait pas pouvoir le contempler en live un jour!

Avec la complexité juridique inhérente aux droits sur le personnage de Peter Parker, Sony a d’emblée révélé que contrairement au comics, le héros ne répondra pas au nom connu du porteur d’araignée, mais sera rebaptisé pour l’occasion. C’est le scénariste Oren Uziel, qui a notamment oeuvré sur l’excellent Mortal Kombat : Rebirth, sur 22 Jump Street ou encore The Cloverfield Paradox, qui est en charge du script. Le projet fait bien envie, maintenant on a l’habitude de voir Sony massacrer ses adaptations, donc on va rester prudent…

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La France Big Brother (Laurent Obertone, 2015)

Après avoir découvert son excellente trilogie Guerilla, qui tenait du roman post-apocalyptique dont la tension était sacrément maîtrisée, je me suis plongé dans les écrits précédents de Laurent Obertone, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le grand écart entre la fiction et l’essai ne lui fait pas peur. L’auteur est indifféremment à l’aise quel que soit le domaine, et on reconnaît son style d’écriture acéré et imagé, qui permet d’appuyer efficacement son propos. La France Big Brother s’inscrit lui aussi dans une trilogie, pris en sandwich entre La France Orange mécanique (2013) et La France interdite (2018), avec laquelle il fait un constat très critique de l’état du pays, notamment en ce qui concerne l’insécurité, la corruption politique ou encore le rôle des médias.

C’est justement ces derniers qu’il va analyser dans La France Big Brother, avec évidemment la référence orwellienne constante de 1984. Le chef-d’oeuvre de l’auteur britannique sera certainement à jamais moderne, puisqu’il possédait une acuité qui ne s’est jamais émoussée avec les décennies. En excellent conteur qu’il est, Obertone va appliquer la recette d’Orwell pour offrir un contour original à son ouvrage, offrant au gré des chapitres des tribunes attribuées à différents membres du Parti en place, régime orwellien fantasmé et insaisissable, se mouvant à la fois dans l’ombre et en pleine lumière sans que l’on distingue pourtant ses exactions… Obertone adopte un point de vue empruntant à la dystopie pour nous plonger plus profondément dans la réalité de notre monde contemporain…

Dès le premier chapitre, le contact épistolaire prend la forme d’une missive émanant directement de Big Brother et destinée à Monsieur Moyen, le citoyen lambda, à savoir vous, moi, nous tous. Et on peut dire que l’entame de ce livre est à la fois savoureuse et directe :

« C’est arrivé. J’ai décidé de te parler, et d’autoriser les miens à te parler. Nous pouvons nous le permettre, nous savons que tu ne réagiras plus. Tout ce que je te dirais sera oublié, comme le reste, dans le bruit de ta petite vie monotone et angoissée. Qui je suis? Celui qui te parle, tout le temps, tous les jours. Tu ne subis et n’entends que Moi. Je suis tes médias, tes marchands, tes écrans, tes publicitaires, tes politiciens, tes références, ta mode et ton identité, ton travail et ton savoir, tes loisirs et tes jeux, tes désirs et tes peurs. Tu crois penser? Tu crois décider? Tu crois choisir? Rien de ce que tu fais ne t’appartient. Et tu n’appartiens qu’à Moi. »

Le mode Big Brother est activé, et Laurent Obertone va dérouler son essai avec le même habillage paranoïaque que le roman d’Orwell, tout en apportant des données concrètes pour entériner ce lien entre la fiction fantasmée et ce présent si réel. « 75% des Français pensent que les écrans nuisent à la qualité des relations humaines. Comment expliquer qu’ils en possèdent tous? » Obertone va démontrer paradoxe après paradoxe comment nous sommes devenus dépendants d’une telle société de consommation, qui s’immisce dans notre esprit à chaque instant, et il le fait avec une sorte de poésie crépusculaire donnant tout son sens à cet ouvrage. Il va nous démontrer comment les valeurs ont pu être renversées, avec toute la maîtrise et la souplesse des décideurs et des organes de presse, et comment on est passé d’une société solide à quelque chose de nettement plus déliquescent. Le principe de tolérance a paradoxalement amené son lot d’intolérances, et les combats libertaires se font trop souvent en utilisant des principes allant à l’encontre des libertés… Ce qui confine parfois au ridicule avec des scandales tellement tirés par les cheveux, comme lorsque « Matt Taylor, docteur de l’Agence spatiale internationale, vint annoncer à la presse que le robot Philae s’était posé avec succès sur la comète Choury, au terme d’une mission de dix ans, certains n’ont vu qu’un « scientifique sexiste », qui a d’ailleurs dû platement s’excuser pour avoir eu l’impudence d’arborer une chemise figurant des pin-up. » Voilà où on est actuellement…

Obertone va décortiquer le fonctionnement des médias, mais également la manière dont ils sons subventionnés. Lorsqu’on a Le Monde ou Le Figaro qui parlent souvent de réduire les dépenses publiques, mais qui se voient octroyés chacun 16 millions d’euros de subvention… « Subventionner la presse, c’est exactement comme si on obligeait les gens à acheter les journaux qu’ils ont choisi de ne pas lire. L’URSS n’a jamais fait mieux. Le lecteur ne souhaite plus financer la propagande? Le journal perd de l’argent? L’Etat paie la différence avec vos impôts. » Les exemples de ce type sont nombreux et très instructifs, et le reste de l’ouvrage est à l’avenant, avec notamment la mise en lumière de 2 instruments du pouvoir qui en prennent pour leur grade ^^ Obertone va ensuite démontrer comment les choix éditoriaux permettent de flouter ou de masquer le réel, tout en mettant en avant la diatribe politicienne achevant de faire passer la pilule. Les fameux « condamner avec la plus grande fermeté », « faire part de sa vive émotion » sont des moyens classiques de glisser les problèmes sous le tapis, un peu à la manière du « Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir ». Son analyse de cette dialectique est passionnant ^^

La partie sur les rémunérations des parlementaires et autres sénateurs est elle aussi sacrément savoureuse, dans un monde où les emplois fictifs et le cumul des mandats ainsi que les recasages fonctionnent à plein régime. Quand on voit la durée et l’ampleur de la crise (Chirac voyait « le bout du tunnel » en 1975, Hollande affirmait que la crise était « derrière nous » en 2012), on se dit qu’en 40 ans, les gouvernements se sont succédés, mais l’amélioration ne s’est toujours pas manifestée…

La France Big Brother est une excellente étude sociale, politique, médiatique, doublée d’une prose percutante que ne renierait pas le grand George lui-même!

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Les news de (milieu) de semaine : Kane Pixels sur grand écran!

Fin d’année dernière, je vous ai parlé de Kane Pixels, cet excellent créateur ayant révolutionné le domaine horrifique sur le net grâce à sa série sur les backrooms. Je vous invite à consulter cet article pour vous familiariser avec le personnage ainsi que son oeuvre, d’une maturité incroyable alors qu’il n’a que 17 ans! Avec plus de 172 millions de vues, sa chaîne est une référence en la matière et son univers jaune et anxiogène est une franche réussite, prenant le contrepied des habituelles creepypastas pour y injecter de bonnes doses de paranoïa et d’avancées technologiques. Vidéo après vidéo, il dévoile l’ampleur des backrooms mais aussi de la corporation cherchant à maîtriser le passage vers cette autre réalité.

L’explosion de ce génie visuel n’a pas échappé à certains producteurs de cinéma, dont un certain James Wan 😉 L’étudiant va donc monter en grade le temps de ses vacances scolaires, puisque Kane Parsons de son vrai nom, va mettre en scène son premier long métrage pour le grand écran durant le prochain été, en adaptant sa propre série YouTube. On devrait donc retrouver la corporation A-Sync, ses scientifiques en mode yellow et de mystérieuses créatures, le long de ces couloirs labyrinthiques feutrés, pour une plongée en pleine horreur qui devrait bousculer les codes du 7ème art !!! Je craignais l’opportunisme d’une adaptation cinématographique des backrooms, mais avoir choisi Kane Pixels lui-même pour le faire est le choix le plus judicieux possible !

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Le(s) clip(s) de la semaine : Jonathan Cohen

J’étais complètement passé à côté à l’époque de la sortie du Flambeau, mais Marc, alias Jonathan Cohen, était de retour avant le début du 1er épisode, puisque l’acteur totalement absurde s’est invité dans différentes publicités! On le retrouve donc dans de vraies pubs bien parodiques pour L’Oréal, Deliveroo, Burger King et Samsung, pour un résultat vraiment hilarant! Comme quoi, il ne faut pas grand-chose pour révolutionner ce domaine, il suffit d’avoir la subtilité d’un excellent humoriste !

 

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