La deuxième salve de Gangs of London a débarqué sans prévenir, personne ne parlant de cette excellente série! Après une saison 1 impressionnante même si son rythme s’essoufflait sur la fin, on a donc enfin la suite de la saga mafieuse mouvementée qui secoue le Londres contemporain. Si l’on peut regretter l’absence du metteur en scène Gareth Evans sur cette saison, on a le retour de Corin Hardy pour 4 épisodes, lui qui nous avait offert quelques beaux moments lors de la 1ère salve. Il est accompagné par Marcela Said (Lupin) et par Nima Nourizadeh (Projet X), qui mettent chacun en scène 2 épisodes, pour un total de 8.
Si cette saison obéit étrangement à une logique similaire avec une fin de saison faisant baisser le rythme, ce retour au calme se fait uniquement sur le dernier épisode, les 7 autres épisodes étant tout simplement sublimes! Cette seconde saison met la barre encore plus haut et parvient à offrir un impact maximal, en resserrant davantage sa narration et en cherchant moins à briller visuellement, même si les morceaux de bravoure ne manquent pas. On se rappelle de l’incroyable séquence de gunfights de l’épisode 5 de la saison 1, qui est clairement une référence. Dans cette saison, on va avoir d’excellents moments d’action qui se diffusent avec beaucoup plus de fluidité qu’il y a 2 ans, accompagnant une narration des plus abouties qui font de ce Gangs of London un pur joyau noir.
Après la chute de Sean Wallace dans l’empire mafieux londonien, les cartes vont être redistribuées de manière léthale par un nouvel arrivé, le chef de meute géorgien Koba. Ce personnage est digne d’un Kai Proctor ou d’un Rabbit, voire d’un Gus Fringe tant il est adepte d’un jusqu’au-boutisme sacrément retors et pervers. L’acteur palestino-américain Waleed Zuaiter est parfait dans ce rôle de cramé viscéral, et la moindre de ses apparitions suscite une véritable crainte chez ses ennemis mais aussi chez ses alliés. Son caractère imprévisible et son goût pour la torture en font un homme de main très important, et il vaut mieux être avec lui que contre lui…
On retrouve Sope Dirisu dans le rôle d’Elliot Carter, et son personnage va traverser cette saison avec une aura dramatique qui s’est bien étendue depuis 2020. Le travail d’intériorisation des émotions est impressionnant, et on a un personnage d’une puissance dramatique n’ayant rien à envier à ceux qu’on voit actuellement au cinéma. En fait, l’ensemble des personnages de ce show est bien plus finement écrit que la quasi-totalité des longs métrages sortant mécaniquement sur grand écran en ce moment, et c’est véritablement un plaisir de plonger dans une telle saga qui n’en finit pas de nous surprendre et de nous impacter. On se retrouve en plein coeur d’une guerre des gangs qui n’a rien à envier à Game of Thrones en terme d’alliances improbables et de retournements de situations, les scénaristes s’étant totalement approprié les différentes castes pour créer un spectacle d’une densité incroyable. On retrouve Michelle Fairley alias Marian Wallace, qui maîtrise totalement sa partition, elle qui après tout a joué Catelyn Stark dans GOT… Elle a clairement les épaules pour tenter de reprendre la ville ^^
L’aura de Sean Wallace continue de planer durablement sur la série, et on n’oublie pas la performance viscérale de Joe Cole, qui joue le bouillonnement et les affres internes comme personne. C’est son frère Billy qui prend la relève cette année, afin de venger Sean, et son personnage gagne efficacement en épaisseur, lui qui est l’un des rares êtres à faire preuve d’un minimum de compassion dans ce monde de brutes… Brian Vernel lui apporte une belle sensibilité. Il y a des personnages qui gravitent autour de cette dynastie des Wallace et semblant inintéressants, mais qui sont soudainement propulsés dans une lutte pour leur survie lors de laquelle ils vont intimement se dévoiler. Ce sera le cas de Luan, interprété par l’intense Orli Shuka, l’une des révélations de cette saison. Son jeu viscéral est juste impressionnant… Et que dire de Lale, incarnée par Narges Rashidi, qui est encore plus incroyable dans cette saison?
Il y aurait encore beaucoup à dire sur bien des personnages, mais je vais vous laisser la surprise de les découvrir par vous-mêmes ^^ Gangs of London saison 2 est une pure pétite extrêmement sombre, ne lésinant pas sur l’ultra-violence pour appuyer son propos, et on est pris dans une véritable guerre dont les impacts physiques et psychologiques sont très durs. Les créateurs Gareth Evans et Matt Flannery ne sont pas là pour atténuer quoi que ce soit, et ça fait un bien fou de pouvoir assister à un spectacle qui ne soit pas édulcoré, loin de là! C’est avec une telle approche que le cinéma et les séries peuvent encore espérer secouer les spectateurs et assurer une inventivité qui fait souvent défaut. Gangs of London brille par sa noirceur et par sa radicalité, qui en font l’une des plus belles séries que le petit écran nous ait offert!
On sent une plus grande maîtrise narrative dans cette saison, qui est encore plus étouffante que la première, et on assiste à des séquences d’une noirceur viscérale. Quand on parvient à ce niveau, c’est très difficile de redescendre et de se contenter d’un film d’action lambda, donc avant de vous lancer dans cette série, préparez-vous à dire adieu aux oeuvres moins percutantes ^^