Moon (Kurdwin Ayub, 2024)

Moon - Film 2024 - AlloCiné

Moon est un film très singulier, qui va prendre pour personnage principal une femme autrichienne se rendant en Jordanie pour donner des cours particuliers. Ce contraste entre l’Occident et l’Orient n’est pas dû au hasard, mais correspond à la double nationalité de la réalisatrice Kurdwin Ayub, née en Irak en 1990 et venue en Autriche en 1991 lorsque ses parents ont fui le pays. Sa double culture va être au centre de son film, qui est son 3ème long métrage après Paradise! Paradise! et Sonne, respectivement en 2016 et 2022. Sarah est une jeune femme pratiquant le kickboxing, qui a l’opportunité de se rendre au Moyen-Orient afin d’enseigner des cours d’arts martiaux à 3 adolescentes issues de la bourgeoisie jordanienne. Elle est embauchée par leur frère Abdul, et se rend chaque jour dans son immense demeure perdue dans l’arrière-pays.

Sarah va faire la connaissance de Fatima, Nour et Shaima, qui ont chacune un caractère très différent et qui n’ont pas non plus la même motivation à suivre les cours de sport. Entre des remarques étranges et des attitudes déplacées, Sarah va sentir un certain malaise planer en ce lieu, mais sans qu’elle puisse mettre le doigt sur ce qui ne va pas. La chorégraphe Florentina Holzinger, réputée pour ses mises en scène étonnantes flirtant avec le scandale, prête ses traits à Sarah en donnant vraiment corps à ce personnage introverti, qui se soucie peu de sa part de féminité et qui s’intéresse davantage à l’aspect brut de l’être humain. Sa composition très instinctive va appuyer le réalisme de ce film, avec un personnage qui va remettre peu à peu en question les différences culturelles qu’elle entraperçoit. Le propos est loin d’être didactique, mais s’inscrit au contraire dans une veine feutrée et réaliste qui va interroger Sarah sur ce qui se passe.

Mond | fsk Kino

Les 3 soeurs semblent relativement isolées du monde extérieur, avec aucun accès à internet ou aux réseaux sociaux, et les balades pour faire du shopping sont encadrées par des gardes du corps. On sent qu’elles ont peu de marges de manoeuvre, et les actrices Celina Sarhan, Andria Tayeh et Nagham Abu Baker apportent une réelle authenticité à ces jeunes filles semblant virevolter dans une cage dorée. Il s’agit pour toutes les 3 de leur tout premier rôle dans un long métrage (Andria Tayeh a une expérience supplémentaire avec la série AlRawabi School for Girls), et elles s’avèrent impressionnantes dans leur gestion de ces rôles difficiles. Aux côtés de Florentina Holzinger, elles forment un remarquable quatuor d’actrices dans un film traitant d’une manière originale le sujet de la liberté d’expression féminine, voire de la liberté tout court.

Trailer Mond- Kurdwin Ayub - Austria- 2024

Loin des discours pamphlétaires et contre-productifs, Moon va traiter son sujet avec un sens de l’équilibre impressionnant entre une tension qui se construit avec une grande maîtrise et une caractérisation des personnages cherchant à creuser l’intime de manière fugace. On pense à l’excellent Maryland d’Alice Winocour, avec un soupçon du tout aussi excellent Guerrière de David Wnendt, l’actrice germano-ukrainienne Alina Levshin pouvant être considéré comme un pendant de la Sarah de Florentina Holzinger. L’atmosphère va devenir de plus en plus étouffante, grâce à un traitement scénaristique là encore d’une très grande justesse de la part de la réalisatrice qui est également à l’origine du script. Moon est un savant mélange de film d’auteur et de thriller, qui mis en scène par d’autres se serait révélé plus explosif, mais dont le traitement par Kurdwin Ayub crée un glissement inexorable appuyé par une certaine frustration, et qui même dans sa résolution ne cède pas à la facilité. On est très rapidement pris dans ce récit étrange qui va avancer par strates, pour nous emmener dans un parcours de vie inexorable dans lequel le destin de ces 4 femmes va être durablement lié.

Kurdwin Ayub gère la tension traversant l’ensemble de son film, et on sent qu’elle a savamment dirigé ses actrices dans ce film au rythme étonnant et à la maîtrise impressionnante.

Mond: Kämpfende Frauen in Amman | ZEIT ONLINE

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Superman (James Gunn, 2025)

Superman - Film 2025 - AlloCiné

En 2013, Man of Steel était le premier chapitre de l’univers étendu du DCEU, qui se terminait en 2023 avec Aquaman et le Royaume Perdu. Fort de 15 films, il aura été relativement rentable puisqu’il a rapporté 5,28 milliards de dollars au box-office mondial. Mais les critiques successives au niveau qualitatif (The Flash est par exemple une véritable abomination) et le crash de Justice League, qui lui est une perte financière, font que les producteurs ne savent plus trop comment gérer cet univers, parti sur une base très sérieuse avec Man of Steel, et qui au fil du temps a incorporé un humour pas forcément très fin… Le DCEU a toujours souffert de la comparaison avec le MCU (Marvel Cinematic Universe), qui lui non plus n’a pas toujours été au beau fixe.

Official Trailer

En 2025, c’est à nouveau le personnage de Superman qui démarre ce nouvel univers appelé DCU, pour DC Universe. James Gunn et Peter Safran sont les nouveaux architectes de DC  Studios, ayant été nommés en novembre 2022, avant que l’ère DCEU ne se termine sur les écrans. Le nom de James Gunn pouvait laisser espérer une reprise qui dépoussiérerait l’ensemble de cet univers, avec son approche moderne dans laquelle il parvient à mêler action, émotion et humour. Mais ça, c’était à l’époque de son chef-d’oeuvre, Les Gardiens de la Galaxie, et depuis, il n’a eu de cesse de tenter de refaire le même film… Les Gardiens de la Galaxie 2 restait sympathique, mais tellement en-dessous du premier opus que l’on était tout de même déçu. Les Gardiens de la Galaxie 3 propose une histoire sublime avec les origines de Rocket, quand tout le reste du métrage est à jeter, notamment avec le traitement abominable fait à Warlock… Et son The Suicide Squad qui s’intégrait dans le DCEU reprenait lui aussi la recette des Gardiens pour être un mélange totalement inepte et un ratage intégral…

Superman est évidemment politique d'après son réalisateur, James Gunn -  Numerama

Au final, avec uniquement le premier Gardiens de la Galaxie comme réussite totale, le nom de James Gunn peut légitimement faire peur pour cette reprise. Et à la vue du résultat, on regrette donc bien que ce soit lui qui soit à la tête de ce reboot, puisque ce Superman 2025 est une réelle purge… Si David Corenswet porte bien le costume et s’avère crédible dans le rôle, c’est surtout au niveau de l’écriture (qui incombe totalement à James Gunn) qu’il est totalement inepte. La crise existentielle du personnage dans Man of Steel était totalement crédible, alors qu’ici elle apparaît comme totalement ridicule. James Gunn semble avoir des compte à régler avec la versatilité des réseaux sociaux, et voir le monde entier changer d’avis sur Superman en un claquement de tweets est juste débile… Non pas que dans la vraie vie, on a régulièrement des mises à mort sociales de ce type (James Gunn en premier), mais franchement, la manière dont c’est fait dans le film, notamment avec l’origine des messages et des hashtags, c’est d’une bêtise affligeante.

Critique Superman : James Gunn habille son héros des couleurs de l'espoir

Le type a sauvé le monde à de nombreuses reprises, mais parce qu’un message enregistré de ses parents dit qu’il est destiné à régner sur la planète, toutes ses bonnes actions sont immédiatement oubliées et les gens retournent littéralement leur veste en l’espace d’une minute, sans la moindre réflexion et la moindre notion de recul. Bienvenue dans l’ère TikTok effectivement… Un tel degré de bêtise est malheureusement crédible dans le monde réel, mais voir un film Superman s’articuler autour de sa popularité sur les réseaux sociaux, c’est assez bancal pour tenter de faire ressortir le côté épique du personnage. Et ça tombe bien, car James Gunn n’a absolument aucune velléité de créer des scènes iconiques et d’offrir une grandeur au personnage. On est donc à des années-lumières de la vision quasi-christique du personnage dans Man of Steel, et on assiste dès le premier film au naufrage malaisant d’un personnage malmené physiquement et moralement durant tout le métrage…

Superman a enfin une vraie bande-annonce et DC ne plaisante pas

Faire tomber un héros et l’emplir de doute, c’est un procédé très intéressant et qui fonctionne lorsque le personnage reprend de la force et de la confiance. Mais quand il est une enveloppe vide durant tout le film, ça manque quand même cruellement d’enjeux et de consistance. La palme revient à ce dialogue à la fin entre lui et Lex Luthor, ou il se sent obligé d’expliquer pourquoi il se sent humain. Un tel niveau de ridicule et de malaise a rarement été atteint, et on aurait préféré qu’il lui mette juste un pain dans la face. D’ailleurs, ce n’est même pas Superman qui met un terme aux agissements de Luthor… Bon, on a une Rachel Brosnahan qui est vraiment bien dans le rôle de Lois Lane, mais pareil, l’exploitation de son personnage n’est pas non plus optimale, même si elle est probablement la seule à générer un peu d’émotions sincères. Ca fait toujours plaisir de revoir Frank Grillo, même dans un rôle mineur, mais c’est quoi ce Green Lantern claqué au sol version Nathan Fillion? On est là typiquement sur un cas d’école d’un personnage à la James Gunn, qui mélange humour et ridicule, et qui est davantage ridicule que drôle. Isabela Merced en Hawkgirl est totalement anecdotique, et Edi Gathegi améliore heureusement au fil du film la personnalité de Mr. Terrific. On lui doit d’ailleur l’unique séquence d’action réussie du film, même si là encore, elle n’est qu’une répétition de ce que James Gunn a déjà fait auparavant, avec cette vision tournoyante du champ de bataille.

Superman : James Gunn réinvente la Justice League dans son reboot de  Superman | ACTUALITÉ | MDCU COMICS

Superman qui sauve un écureuil? Check. Superman qui sauve un bébé extraterrestre tout meuuuuugnon en parvenant à le tenir tout en étant emporté dans une rivière quantique tout en se battant contre des ennemis? Check. Superman qui boit tranquillement son café en tapant la discute avec Lois alors qu’une menace intergalactique se profile à l’extérieur? Check. Et des séquences comme ça, il y en a pléthore, chacune venant à son tour enfoncer un clou supplémentaire dans le cercueil de ce qui était censé être le renouveau d’un univers… Ce qui devait être la pierre angulaire du DCU en devient la pierre d’achoppement, et d’entrée de jeu, va refroidir les ardeurs de certains spectateurs pour ce nouvel univers étendu.

Le Superman de James Gunn a demandé conseil à Henry Cavill | Premiere.fr

Superman donne furieusement envide de se replonger dans Man of Steel, et voir à quel point le personnage manque de charisme, le film manque d’ampleur épique, à quel point il est totalement vidé de toute substance viscérale, pour juste être la représentation d’un monde gouverné par les réseaux sociaux, ça démontre le manque d’ambition global du projet et les choix désastreux qui ont mené à ce ratage intégral. Ah oui, j’oubliais le président boravien totalement caricatural et ridicule lui aussi, quand Nicholas Hoult s’avère très crédible en Lex Luthor, mais il doit malheureusment lui aussi tenter de contrer les scories d’une écriture ravagée pour tenter de faire subsister son personnage… Bref, ce n’est pas avec ce film que Marvel Studios est menacé, loin de là…

Superman : Punk à Chien - Cinématraque

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Ironheart saison 1 (2025)

Ironheart (Mini-série télévisée 2025) - IMDb

La Phase V du MCU avait été entamée en 2023 avec l’atroce Ant-Man et la Guêpe : Quantumania, et s’achève enfin aujourd’hui avec Ironheart. On ne reviendra pas sur l’éviction de Kang le Conquérant ou la gestion désastreuse de Bob Chapek, mais avec cet ultime chapitre télévisuel, une page devrait enfin définitivement se fermer. Cette Phase V aura été celle de toutes les chutes, à la fois qualitatives et commerciales, et les prochaines productions seront celles actées par Bob Iger après son retour.

Ironheart's New Look at Armor Revealed as Robert Downey Jr. Offers Key  Endorsement - ComicBook.com

Ironheart faisait encore partie de la salve des trop nombreuses productions de l’ère Chapek, et a été balancée vite fait en 2 temps (3 épisodes la semaine dernière, les 3 derniers cette semaine) afin de mettre un terme à cette période déséquilibrée. Le personnage de Riri Williams avait fait sa première apparition dans Black Panther : Wakanda Forever aux côtés de Shuri, et cette alternative ado d’Iron Man présentait un certain intérêt. Là encore, dans sa propre série, Dominique Thorne s’avère convaincante dans le rôle, mais le problème vient surtout d’un scénario qui envoie le personnage dans une direction pas très crédible, en la faisant intégrer une bande de malfrats… L’apprenti-héroïne semble bien plus intelligente que ça, et même si on comprend qu’elle ne s’intègre pas totalement dans la bande, rien que le fait qu’elle ait décidé de s’allier à ces personnages n’est pas franchement crédible.

Ironheart confirmé pour 2025 : le trailer montre Riri fabriquant les pièces  de son armure

L’une des notes positives de ce show est le lien qu’elle entretient avec son intelligence artificielle, créée inconsciemment sur les traits de sa meilleure amie décédée. Cela va poser des problèmes d’ordre éthique et très personnels pour elle et ses proches, et ce concept s’avère aussi réussi grâce à l’alchimie entre les 2 actrices, avec Lyric Ross (This is Us) qui joue N.A.T.A.L.I.E. On a des passages qui fonctionnent émotionnellement et cela pose des enjeux intéressants. Et mis à part cela? Toute la bande de Hood est ridiculement pathétique et caricaturale, à commencer par Hood lui-même… Quand on connaît le personnage des comics, c’est difficile de voir Anthony Ramos le massacrer à ce point, avec un cruel manque de charisme et des choix scénaristiques involontairement drôles (le yoga, la séance dans l’eau glacée…). Ce Parker Robbins n’a strictement rien à voir avec celui des comics, et on a donc encore un personnage sacrifié lors de son passage en live action…  Je vous conseillerai plutôt de lire le Hood de 2002 par Brian K. Vaughan et Kyle Hotz pour vous faire une idée de ce super-vilain ^^ Même sa manière de porter la fameuse cape ne fonctionne pas, et on dirait juste un gars qui essaie désespérément de ressembler au personnage mais n’est qu’un cosplayer sans âme…

La série Ironheart conclut la phase V du MCU : ça veut dire quoi pour la  Phase VI ? | Premiere.fr

Je passerai sans m’attarder sur la bande cochant toutes les cases des minorités sans que cela ait la moindre importance scénaristique, avec ce côté LGBT qui n’est que du pur marketing. On est clairement pas au niveau d’un Araki de ce côté-là! La mère de Riri ne présente aucun intérêt, son pote Xavier n’est qu’un faire-valoir même s’il a quelques dialogues intéressants, et on enchaîne des épisodes qui manquent vraiment de profondeur et d’intérêt… Les quelques séquences aériennes en armure sont sympas mais ne révolutionnent certainement pas le genre (le Iron Man de 2008 est évidemment meilleur), et encore une fois, Dominic Thorne fait ce qu’elle peut avec les miettes qu’on a bien voulu lui laisser…

Explication de la fin d'Ironheart : quel est le choix final de Riri ? -  Dexerto.fr

On a toutefois encore 2 autres personnages intéressants, à commencer par Zelma incarnée par Regan Aliyah, qui va être une porte d’entrée intéressante vers l’univers de la magie. Elle comprend rapidement la nature de la cape de Hood, et l’intérêt du spectateur est alors bien éveillé, puisqu’on attend l’apparition d’un certain personnage depuis maintenant plusieurs années! Eeeeet il apparaît bien dans Ironheart ! C’est Sacha Baron Cohen qui incarne le machiavélique Méphisto !!! Sa composition savoureuse du perso en fait l’intérêt principal de la série, qui semble bien avoir été articulée uniquement autour de cette apparition. Avec la venue de Méphisto dans le MCU, cela pourrait bien faire évoluer les enjeux et découvrir une nouvelle dimension cauchemardesque! Dasn Ironheart, Méphisto est présenté de manière sobre mais inquiétante, à la manière d’un Mitch Pileggi lorsqu’il incarnait un démon dans la série Helstrom.

First Look at Sacha Baron Cohen as Mephisto in Marvel's 'Ironheart' Series  Revealed (Spoilers)

Voilà, à part ça, il n’y a vraiment pas grand-chose à se mettre sous la dent, et je conseillerai presque aux gens de regarder uniquement le dernier épisode, qui en plus à le mérite d’être court. Et on attendra avec intérêt la prochaine Phase VI, qui débutera fin de ce mois (le 3 juillet) avec Les Quatre Fantastiques : Premiers Pas!

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Teenage Apocalypse par Gregg Araki

Amazon.com: Gregg Araki's Teen Apocalypse Trilogy (The Criterion  Collection) [4K UHD] : James Duval, Rose McGowan, Johnathon Schaech, Rachel  True, Gregg Araki: Movies & TV

Gregg Araki est un nom faisant immédiatement écho aux 90’s, période prolifique pour le metteur en scène américain, puisqu’il nous y livrait ses oeuvres les plus emblématiques. Natif de Los Angeles et ayant grandi à Santa Barbara, Araki fait partie d’une jeunesse gravitant autour du monde du cinéma, et il obtient 2 diplômes dans le domaine du 7ème art, avant de se lancer en 1987 dans la production de son premier long métrage, Three Bewildered People in the Night, qui lui vaudra 3 prix au Festival de Locarno. Des débuts prometteurs pour un réalisateur très ancré dans le réel, dont les sujets principaux sont les romances hétéros et gays, explorations qu’il poursuivra en 1989 dans The Long Weekend (O’Despair) et en 1992 dans The Living End.

Trailer

C’est en 1993 qu’il réalise Totally F***ed Up, première pierre de sa trilogie Teenage Apocalypse. Construit quasiment comme un documentaire, il va suivre une bande d’amis gays et lesbiennes dans leur quotidien fait de fêtes, de questionnements et d’ennui. Ce film marque la rencontre entre Araki et James Duval, qui deviendra l’un de ses acteurs fétiches en jouant notamment dans l’ensemble de la trilogie. Totally F***ed Up traite frontalement des problèmes que rencontrent les membres de la communauté gay dans les années 90, avec la peur du Sida et les traques par les fachos. On a de nombreux moments où les acteurs se retrouvent face caméra afin que leur personnage exprime ses sentiments, et Araki a souhaité adopter cette mise en scène très réaliste, qui fait de ce film une sorte d’instantané de l’existence dans les 90’s. On ressent déjà les prémices de ce que deviendra son cinéma, avec ces quelques plans fixes mettant en avant l’esthétique des lieux, et que traversent des personnages étranges en arrière-plan…

The Other Films: Totally F***ed Up (1993): The Downfall of Generation X,  Part 1 (Suicide)

En 1995, The Doom Generation upgradera directement son style visuel et narratif, avec ce récit centré sur un road trip meurtrier suivant 3 jeunes désoeuvrés. On y retrouve donc James Duval, qui est accompagné par Rose McGowan et Johnathon Schaech. Tout comme dans Totally F***ed Up, le personnage incarné par Duval est en décalage avec ses proches, et on va suivre le glissement progressif de sa romance avec Amy (Rose McGowan) vers un triangle amoureux complexe. Araki réalise un film hétéro dans lequel on sent des vibes gays entre les  persos incarnés par Duval et Schaech. Graphiquement, The Doom Generation est nettement au-dessus de ses précédentes oeuvres, et le film s’inscrit parfaitement dans cette mouvance esthétique sauvage qui ne déplaisait pas non plus à Oliver Stone et David Lynch. Le film explore les attractions sexuelles de manière très frontale, et offre un sentiment de liberté empreint de pessimisme qui marquera durablement les spectateurs. En l’espace de 2 films, on ne peut pas dire que James Duval soit l’archétype de l’homme heureux, et les destins funestes qu’il connaît renforcent cet état de fait ^^

The Doom Generation - Now Playing In Theater at Metrograph

Gregg Araki a marqué les esprits avec cette comédie dark complètement déjantée dans laquelle les 3 jeunes brillaient avec leurs personnages très différents. James Duval est l’archétype du gars trop gentil et dépressif, Rose McGowan joue de manière électrisante sa petite amie qui n’est pas contre un peu d’aventures, et Johnathon Schaech est l’exemple typique du personnage arakien totalement décomplexé et prêt à assouvir tous ses fantasmes. L’univers d’Araki est fait de sexe, de drogues, de musique et de folie permanente, et The Doom Generation représente parfaitement le glissement de l’existence d’une certaine jeunesse dorée californienne.

The doom generation (droits échus) - Haut et Court

Mais son morceau de bravoure reste sans conteste Nowhere, film culte pour toute une génération, qui est parvenu à mixer de manière parfaite tous les excès du monde hollywoodien et qui représente la quintessence de la perdition humaine en moins d’1h30. On va une fois encore explorer la thématique du sexe chez les jeunes branchés de LA, en allant piocher du côté des hétéros, des gays, des lesbiennes et des drag-queens, et Araki s’est fait le chantre de cette contre-culture underground qui est aux antipodes du militantisme actuel. La représentation sexuelle d’Araki est sincère, drôle, émotive et puissante, et on va suivre ces récits multiples sur fond de société légèrement dystopique dans laquelle les élèves assistent à des cours sur les apocalypses nucléaires, un extra-terrestre lyophilise des bimbos décérébrées et une star d’Alerte à Malibu joue une version hardcore d’elle-même!

Nowhere (1997) - UCL Film & TV Society Journal

Nowhere est le film le plus pop, envoûtant et hypnotique d’Araki, et il bénéficie d’un casting impressionnant avec de nombreux noms en vogue à l’époque où qui allaient le devenir, comme Chiara Mastroianni, Christina Applegate, Ryan Philippe, Heater Graham, Mena Suvari, Beverly D’Angelo, Denise Richards, Traci Lords, Shannen Doherty, Rose McGowan… Cette fois-ci, James Duval va encore morfler à cause de sa copine qui veut coucher avec tout le monde alors que lui aspire à une existence de couple normale et romantique, et une fois encore, il semble à contre-courant et pas fait pour ce monde… Il va promener son spleen à travers le film en se trimballant avec sa caméra, histoire d’être le témoin de l’apocalypse à venir… Il répond au nom de Dark, ce qui correspond parfaitement à son ressenti ^^

Nowhere - Le Grand Action

Nowhere est une radiographie de la décadence d’une certaine jeunesse dans ces 90’s ô combien nostalgique, et il va traiter de religion, d’abus sexuel, de libération sexuelle, de drogue, de musique, de premiers émois, le tout dans un maelstrom totalement barré et hyper coloré, avec un Araki nous gratifiant de plans iconiques à souhait et d’un mélange d’humour absurde et d’horreur métaphysique qui fait de ce film un chef-d’oeuvre mésestimé! Nowhere est punk, Nowhere est fou, Nowhere est sublime !!!

Après "Doom Generation", "Nowhere" de Gregg Araki ressort aux US dans une  version restaurée - CHAOS

 

 

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News : Villeneuve, Denis Villeneuve

James Bond, dans les yeux de ses réalisateurs | La Presse

Le 26ème long métrage de la saga James Bond a trouvé son metteur en scène, en la personne de Denis Villeneuve! Le choix du Canadien peut paraître surprenant, mais après les très percutants films indépendants Polytechnique et Incendies, Villeneuve s’est peu à peu orienté vers les blockbusters avec Sicario, Premier Contact, et surtout Blade Runner 2049 ainsi que Dune : Première Partie et sa suite, Dune : Deuxième Partie. Son installation hollywoodienne étant maintenant bien ancrée, il se retrouve parmi les noms bankables de la profession, et il fallait qu’Amazon marque le coup après son rachat de la franchise qui appartenait historiquement à Barbara Broccoli et Michael G. Wilson. On n’évoquera pas l’univers étendu souhaité pour surfer un maximum sur le personnage, et on restera concentré sur cette annonce qui pourrait s’avérer très bénéfique pour l’agent préféré de la Couronne Britannique.

James Bond : c'est officiel, Denis Villeneuve réalisera le prochain film de la franchise - Les Numériques

“Certains de mes tout premiers souvenirs de cinéma impliquent 007. J’ai grandi en regardant les James Bond avec mon père, en commençant par Dr. No avec Sean Connery. Je suis un fan hardcore de Bond. À mes yeux, il est sacré. J’ai bien l’intention de faire honneur à la tradition et d’ouvrir la voie à beaucoup de futures nouvelles missions. C’est une responsabilité énorme, mais c’est aussi très excitant, et un très grand honneur. Amy, David et moi sommes aux anges à l’idée de le ramener à l’écran. Merci aux Amazon MGM Studios pour leur confiance. » (source : Ecran Large)

La note d’intention de Denis Villeneuve est claire, et on espère sincèrement qu’il parviendra à faire oublier les errements de l’aventure ultime de Daniel Craig, Mourir peut Attendre… Mais il s’agira toutefois de rester prudent, car le dernier opus en date avait été mis en scène par l’excellent Cary Joji Fukunaga, qui avait dirigé la sublime saison 1 de True Detective. Wait & see… 😉

James Bond : c'est officiel, Denis Villeneuve réalisera le prochain film de la franchise - Les Numériques

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