En bref : Peacock

Peacock (2024) directed by Bernhard Wenger • Reviews, film + cast • Letterboxd

Matthias a un métier original : il est engagé sur différentes missions lors desquelles il doit passer pour un petit ami, un fils ou un ami cultivé en fonction des demandes des clients. Il travaille pour la société My Companion qui fournit des services personnalisés et haut de gamme. Mais Matthias semble s’être perdu en chemin à travers les diverses personnalités qu’il a endossé, et sa petite amie ne supporte plus de le voir aussi vide et impersonnel.

Peacock (2024) - Filmuforia

Bernhard Wenger nous livre une sorte de comédie sociétale dans laquelle il manie un humour absurde qui met bien en avant cette dépersonnification de Matthias, incarné avec beaucoup de talent par Albrecht Schuch. On a des séquences bien drôles comme lors du passage en centre de repos qui est une critique à peine voilée des méthodes de relaxation new-age ^^ Le film avance à un rythme tranquille mais pose régulièrement un regard à mi-chemin entre le sarcasme et la compassion, et Albrecht Schuch s’inscrit très bien dans cette vision du metteur en scène, qui sait comment doser ses séquences pour en faire ressortir un humour décalé qui fait plaisir à voir.

Pfau - Bin ich echt?": Erster Spielfilm des Salzburger Regisseurs Bernhard Wenger startet im Kino | SN.at

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A Normal Family (Hur Jin-ho, 2023)

A Normal Family - Film 2023 - AlloCinéLe cinéaste coréen Hur Jin-ho a débuté sa carrière dans les années 90, et A Normal Family est le 9ème long métrage qu’il nous propose. On retrouve d’emblée la qualité esthétique chère aux productions coréennes, avec un superbe travail sur la lumière et une mise en scène très affinée. On va également retrouver cette approche très caractéristique de la psychologie humaine, avec cette sorte de froide pudeur qui va littéralement faire monter la pression. Autant de caractéristiques visuelles et scénaristiques qui nous embarquent dans un maelstrom émotionnel que l’on a certes peut-être déjà ressenti ailleurs, mais dont le niveau est assurément supérieur à la moyenne! L’entame du film est à ce titre très percutante à plusieurs niveaux, avec une réalisation impressionnante et des enjeux très forts posés dès le départ.

Bo-tong-ui ga-jog (2023) - IMDb

Jae-wan et Jae-gyu sont 2 frères aux caractères et aux aspirations antinomiques, le premier étant un médecin dont la principale priorité est le bien-être de ses patients, le second un avocat n’ayant aucun scrupule à défendre des individus peu recommandables. Sul Kyung-gu joue Jae-wan avec un calme permanent apparent, lui qui semble préférer les responsabilités qui lui incombent au travail plutôt que celles concernant sa famille. Jang Dong-gun est très bon dans la peau de cet avocat seulement motivé par l’argent, et dont la boussole morale a depuis longtemps vrillé. Jae-wan et Jae-gyu ne s’apprécient pas, mais font simplement bonne figure lors de dîners familiaux. Mais un événement tragique va les obliger à affronter leurs propres limites, et à les confronter non seulement eux deux, mais aussi avec leurs épouses. Sous le vernis des beaux restaurants ou des beaux salons, une réalité bien plus grave vient s’immiscer et va venir poser les germes d’une désagrégation lente mais incisive. Hur Jin-ho, accompagné par Eun Kyo-park, va adapter le scénario d’Herman Koch dans ce remake de The Dinner, film américain d’Oren Moverman. Je n’ai pas vu le film original, mais cette version coréenne possède une telle personnalité que l’on ne ressent pas qu’il s’agit d’une transposition.

Bo-tong-ui ga-jog (2023) - IMDb

La descente dans les abîmes bénéficie d’une très belle gradation, et on appréciera cette grande qualité d’écriture qui crée des oppositions très réalistes entre les 4 protagonistes. Auxquels il faut également ajouter leur enfant respectif, avec 2 acteurs là encore talentueux. Hong Ye-ji est impressionnante dans sa manière d’affronter la situation, et Kim Jung-chul joue parfaitement avec la retenue de ses émotions. Kim Hee-ae et Claudia Kim, dans les rôles des 2 épouses, offrent des prestations très différentes mais tout aussi importantes pour l’évolution de l’intrigue. Avec A Normal Family, Hur Jin-ho dynamite de manière sournoise et implacable ce jeu des apparences familiales, et son film est un véritable travail d’orfèvre dont la puissance vient des changements plus ou moins perceptibles dans l’approche que chaque protagoniste a des enjeux de la situation. L’évolution des mentalités de chacun, et donc de leurs rapports entre eux, crée un suspense très solide et fait d’A Normal Family une pièce maîtresse dans le genre du thriller psychologique.

Bo-tong-ui ga-jog (2023) - IMDb

Le film va poser des questions fondamentales qui vont triturer le spectateur, qui se demande lui aussi jusqu’où il serait capable d’aller pour conserver la cohésion de sa famille? L’exercice est d’une solidité à toute épreuve, et se pare d’atours esthétiques brillants.  Quand Hur Jin-ho double en plus cette approche radicale avec une mise en scène impressionnante par sa maîtrise et une vision esthétique envoûtante, on tient là une très belle pièce du cinéma coréen!

A Normal Family | Festival International du Film de Fribourg

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Life of Chuck (Mike Flanagan, 2024)

Life Of Chuck - Film 2024 - AlloCiné

J’ai découvert ce film sans avoir vu la moindre bande-annonce, ni lu le moindre article dessus, et je pense que c’est la meilleure manière de s’y plonger. Alors peut-être pas, après tout, la manière idéale est certainement de lire la nouvelle de Stephen King contenue dans le recueil S’il Saigne. En fait, c’est à vous de choisir le support sur lequel vous voulez découvrir ce récit, parce que c’est le genre d’histoire qui va vous impacter durablement, alors choisissez bien ^^

The Life of Chuck : les premiers avis sur le conte bizarre de Stephen King  par Mike Flanagan sont là

Life of Chuck, c’est ce genre d’histoire à la fois spectaculaire et pouvant paraître terriblement banale, qui va raconter des événements d’une importance capitale, tout en nous dévoilant des moments d’une apparente insignifiance. Tout n’est-il pas une question de point de vue, après tout? Tom Hiddleston trouve une fois encore un rôle à sa mesure, maniant cette fragilité et simplicité dont il a le secret, tout en captant la lumière des projecteurs lorsqu’il se laisse aller à vivre comme il en a envie. La vie de Chuck, c’est un mélange d’obligations, d’imagination, d’émotions, de regrets, de désirs, d’ambitions, de peurs… Une somme ma foi somme toute banale dans la composition d’une existence, mais que Mike Flanagan transcende avec une insouciance et une gravité que je ne lui soupçonnais pas. Il nous invite à un voyage auprès de cet homme anonyme et pourtant célèbre à sa façon, en nous faisant partager des tranches de vie dans lesquelles on entre totalement. Flanagan sait comment s’appuyer sur le texte de King (probablement, je ne l’ai pas lu ^^) pour permettre aux différents protagonistes de prendre chair sur le grand écran, et on a droit à un casting comprenant rien moins que Chiwetel Ejiofor, Karen Gillan, Mark Hamill, Mia Sara, Matthew Lillard, Jacob Tremblay, Carl Lumbly, David Dastmalchian, et même Heather Langenkamp! On se croirait presque chez Wes Anderson

Tom Hiddleston leads Stephen King's life-affirming 'The Life of Chuck'

Je ne vais vraiment pas m’étaler sur ce film, tellement la meilleure façon de le découvrir est justement d’en savoir le moins possible, mais il possède une vraie puissance émotionnelle, et on appréciera les échos lointains à certaines oeuvres du King (Carrie, Shining), tout en appréciant véritablement la très belle tenue de ce récit captivant d’un bout à l’autre! On sent que Flanagan adore le récit originel, après tout, avec pas moins de 4 adaptations de l’auteur, il est certainement l’un de ses plus grands fans! Le travail sur l’atmosphère, sur la musique, sur les cadrages, rien ne semble laissé au hasard, et pourtant on sent également une sensibilité intuitive dans la mise en place de ce film, comme si tous les moyens mis en place ont voulu déboucher sur une oeuvre prenante et réussie, bien évidemment, mais qui raconterait de la plus belle des manières l’impossibilité de prédire le déroulement d’une existence 😉

Je choisis volontairement de faire très court, car je ne souhaite aucunement dévoiler des éléments de l’intrigue, mais je peux vous assurer qu’il s’agit d’un des plus beaux films que j’ai pu voir ces dernières années. Et peut-être même plus… C’est tout ce que je dirai, allez le voir, on en reparlera après 😉

Critique | Life of Chuck : danse sur un volcan

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Clips : Les Films à l’Arrache

Cela fait quelques semaines que j’ai découvert cette chaîne YouTube, et je suis vraiment tombé sous le charme des Films à l’Arrache! La finesse dans l’écriture est imparable, l’humour sacrément corrosif et les acteurs (Thomas Séraphine, Pauline Cassan, Philippe de Monts entre autres) sont parfaits! J’en ai sélectionné 4 qui sont très représentatifs de leur humour cinglant toujours bien dosé, et je vous laisse apprécier la façon dont ils dissèquent l’absurdité de la société! ^^

 

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Ballerina (Len Wiseman, 2025)

De l'univers de John Wick : Ballerina | Steelbook 4K - Steelbook Jeux Vidéo

Cela faisait bien longtemps que j’étais resté sans nouvelles de Len Wiseman, et j’avoue que je ne cherchais pas spécialement à en avoir depuis son fameux Die Hard 4 : Retour en Enfer… J’avais tout de même furtivement croisé sa route le temps d’un épisode de la série déjà poussiéreuse et oubliée The Gifted (qui se déroulait pourtant dans l’univers X-Men), et son nom associé à ce spin-off de la saga John Wick n’augurait rien de particulièrement réjouissant… Mais en fan du Baba Yaga et de son univers (même si j’ai décliné le visionnage de la série The Continental), j’étais pourtant curieux de voir ce que cette déclinaison féminine avait dans le ventre, surtout qu’elle bénéficiait de la présence de l’excellente Ana de Armas, qui illuminait Blade Runner 2049 et Mourir peut Attendre.

Ballerina » : que vaut ce spin-off de « John Wick » avec Ana de Armas ?

Wiseman a fait du chemin depuis ses clips pour Megadeth et les 2 premiers films Underworld, et l’aura du personnage mythique de John Wick s’avérant toujours intacte après 4 films, on sent que les producteurs ont voulu soigner cet opus s’inscrivant dans la temporalité de John Wick : Chapitre 3 – Parabellum. Le travail du Français Romain Lacourbas sur la photographie du film s’appuie avec beaucoup de tact sur ce qui a été fait précédemment par Dan Laustsen sur les chapitres 2, 3 et 4, avec cette prédominance de couleurs violacées et bleutées et ces effets de néons qui claquent vraiment bien. Cela permet de sentir une réelle filiation visuelle et de replonger dans cet univers par le biais d’un récit alternatif. L’identité musicale est elle aussi très importante, et là encore, c’est un plaisir de retrouver à nouveau Tyler Bates et Joel J. Richard, qui composent une fois encore un excellent score!

Ballerina : La première bande annonce de la préquelle de John Wick (...) - Unification France

On se rappelle très bien les souffrances imposées à ces danseuses souhaitant toutes devenir de grandes ballerines sous la houlette de la Directrice toujours interprétée par Anjelica Huston, et découvrir plus profondément les caractéristiques de la Ruska Roma s’avère une manière très fluide de rattacher le personnage de Eve à la mythologie de la saga. Si le concept n’est pas forcément très novateur (après tout, ça ressemble assez à la Chambre Rouge qui crée des Veuves Noires chez Marvel, voir Black Widow, ou à la formation de Jennifer Lawrence dans Red Sparrow), il s’ancre dans une certaine continuité avec la même approche très codifiée des autres organisations croisées dans la saga, et les visites dans les hôtels Continental achèvent de (dé)sacraliser les normes imposées. Les notions de sacrifice et d’entraînements spartiates vont faire d’Eve une femme éminemment létale, et l’intérêt de ce film réside aussi dans le fait de suivre sa marge de progression et de ne pas la découvrir purement invincible. On voit par exemple que son premier contrat n’est pas effectué les mains dans les poches, loin de là, et ce choix de caractérisation va définitivement faire que le public accroche avec son personnage. On ne se retrouve pas face à une version féminine du Baba Yaga, mais à une tueuse chevronnée et surmotivée, mais qui n’atteint pas la maîtrise quasi-parfaite de John Wick. Et c’est tant mieux!

Ballerina' Final Trailer: Ana de Armas Is An Assassin Seeking Revenge June 6 In 'John Wick' Spinoff

L’actrice cubaine Ana de Armas semble s’être impliquée physiquement autant que Keanu Reeves sur la saga, et la voir manier tous les instruments de mort possibles et imaginables ou combattre à mains nues avec autant d’énergie, ça fait sacrément plaisir! On évite pas les 2-3 clichés obligatoires anti-masculinistes à la mode, mais passées ces gratuités, on se retrouve face à un blockbuster qui envoie sévère et qui se place à un très bon niveau dans la saga. Personnellement, John Wick : Chapitre 4 est un chef-d’oeuvre ultime, et John Wick premier du nom est l’actioner parfait par excellence. Je dirai que ce Ballerina ne les atteint pas, mais qu’il est plus enthousiasmant que les 2 et 3. Et même s’il n’est pas parfait, il constitue une oeuvre réellement solide et captivante, bénéficiant de morceaux de bravoure sacrément maîtrisés!

Ballerina : pourquoi faut-il voir le nouveau film John Wick ? - Actualités Cinémas Pathé

La séquence du combat avec grenades est géniale, avec une vraie inventivité dans la mise en scène et des moments bien dégueulasses! Le choix du lieu final est lui aussi excellent, avec tout ce qu’il permet en terme de géographie des combats, surtout avec ce choix scénaristique qu’implique ce lieu éloigné. Je n’en dirai pas plus, à part que je trouve qu’il y a un lien avec l’excellent final de La Conjuration Primitive de Maxime Chattam. Len Wiseman n’a pas manqué d’inspiration pour donner du relief à son film, et il est clair que les expérimentations totalement dingues effectuées par Chad Stahelski sur l’opus 4 ont placé la barre très haut, et que les suivants vont être obligés de chercher à innover eux aussi, et ça fait bien plaisir de voir des réals se tirer la bourre comme ça! Alors encore une fois, on n’atteint pas la perfection esthétique et létale du 4, mais ce Ballerina (qui en vrai s’appelle De l’Univers de John Wick : Ballerina, mais franchement j’ai pas la force d’utiliser ce titre aussi merdique) est de très belle facture et donne vraiment envie de voir une suite! La violence n’est clairement pas édulcorée et on a de nombreux moments avec des impacts bien choquants lors des combats!

Ballerina : le spin off de John Wick en images – CloneWeb

On retrouve avec plaisir l’incontournable Ian McShane et le regretté Lance Reddick dans ce qui est son ultime rôle (ses séquences avaient été tournées il y a 2 ans, l’acteur étant décédé en 2023), mais on a aussi Norman Reedus qui s’est échappé de The Walking Dead le temps d’un film, on découvre avec étonnement Anne Parillaud dans un petit rôle, et on a un bad guy interprété avec classe par le trop rare Gabriel Byrne. Et on a Keanu Reeves, dont le personnage va croiser la route d’Eve, et ça aussi, ça fait sacrément plaisir! Si vous appréciez les films d’action inventifs et qui dépotent, je ne peux que vous conseiller d’aller voir ce spin-off!

Infos & horaires pour De l'univers de John Wick : Ballerina - Ciné Mont-Blanc - Sallanches

 

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