HAH (Hardcore Anal Hydrogen)

Sous cette dénomination éminemment poétique se cache un groupe relativement inclassable, mais puisqu’il faut tout de même leur appliquer une description, on parlera de metal indus punk mâtiné d’electro. Je vous mets ici 2 clips afin de bien vous faire comprendre l’immense grand écart dont ils sont capable, entre leur morceau emblématique Jean-Pierre totalement barré et Annuit Coeptis qui ressemble à une BO de film bien atmosphérique. Le clip de Jean-Pierre est passé à la moulinette de l’intelligence artificielle, et le résultat est hyper-psychédélique et sacrément hypnotique, tandis que le clip d’Annuit Coeptis, mis en scène par Mathieu Garnero, ressemblerait presque à un hommage au sublime Koyaanisqatsi de Godfrey Reggio. 2 salles 2 ambiances, mais quel talent de la part des artistes monégasques !

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David, de la Chaîne Ganesh2 – Fred et Jamy

J’ai récemment découvert les détournements signés David, de la Chaîne Ganesh2, qui officie sur YouTube depuis 12 ans. Je me suis pris de plein fouet ses parodies de Fred et Jamy, les boss de C’est pas Sorcier, qui sont juste des pépites d’absurdité et de punchlines ! ^^ Je vous en met 3 ici, histoire que vous puissiez voir de quoi je parle. Si vous avez le même humour que moi, ça devrait faire son petit effet ^^

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La Malédiction : l’Origine (Arkasha Stevenson, 2024)

On ne peut pas dire que la motivation était à son apogée lorsque je me suis lancé dans ce film, car après les désastres Halloween, L’Exorciste : Dévotion et autres réappropriations débilitantes de classiques horrifiques, je ne voyais qu’un opportunisme commercial dans cette préquelle à la franchise initiée par Richard « L’Arme Fatale » Donner. Et je me trompais très lourdement sur cette oeuvre, qui dès ses premières images affichait une profondeur et une vision inattendues . La Malédiction : l’Origine s’inscrit avec une efficacité redoutable dans la veine des films horrifiques 70’s, qu’ils nous viennent d’Italie ou d’Amérique, et Arkasha Stevenson nous livre une des oeuvres les plus remarquables du genre depuis bien longtemps !

L’histoire prenant place à Rome en 1971, on a littéralement la sensation que le film a été tourné à cette époque, tant la direction artistique, la photographie et la mise en scène parviennent à retranscrire l’essence même de cette période. Honnêtement, le résultat est vraiment bluffant et va activement participer à la réussite de ce film. Arkasha Stevenson va bien évidemment placer des références à La Malédiction de Donner, mais va également puiser du côté du Suspiria d’Argento et d’autres oeuvres cinématographiques transalpines, et on a réellement l’impression de se balader dans un giallo de la première heure ! Arkasha Stevenson ne va certes pas recourir à des colorations criardes, mais va offrir une vraie texture à ses compositions en jouant sur les nuances de couleurs et les ombres, offrant des effets visuellement très forts. Sa manière de jouer avec les drapés, qu’il s’agisse des robes des religieuses ou des rideaux flottants au gré du vent dans les intérieurs, va apporter une dimension sépulcrale indéniable, créant une atmosphère tangible et persistante.

Arkasha Stevenson va d’entrée de jeu s’appuyer sur une très solide mise en scène, mais sans pourtant insister sur cet aspect visuel, dans le sens où elle n’est pas là pour faire de l’esbrouffe, mais sert un script bien stressant et flippant. Je dis « elle » car effectivement Arkasha est une femme, ce qui surprend dans un monde où les films horrifiques sont majoritairement traités par des réalisateurs masculins, et cette différence aura une très grande importance dans la qualité de cette oeuvre. Mais pour en revenir à sa mise en scène, elle nous gratifie de plans et de séquences qui ont été très travaillées en amont, et on sent que rien n’a été fait au hasard. On va avoir des moments de composition picturale d’une beauté envoûtante, comme ce plan où Margaret se réveille dans son lit, avec cette cascade de cheveux disposée telle Méduse, et des séquences où on va littéralement sentir la pulsation horrifique sortir du plan avec une caméra plus mouvante, qui va épouser les tremblements du personnage. Je crois que j’ai rarement vu une séquence aussi intense que cette sorte de transe/possession, qui est réalisée sans trucage mais qui est juste magnifiquement jouée !

C’est là où le sexe de la réalisatrice importe, car dans ce scénario co-écrit par Tim Smith, Arkasha Stevenson et Keith Thomas, l’élément féminin va être d’une grande importance. Deux hommes et une femme ont écrit ce film centré sur une communauté de femmes dans l’Italie des années 70, le film se déroulant dans un orphelinat géré par des religieuses. Les actrices et acteurs sont franchement très talentueux, mais je pense que la direction d’acteurs féminine apporte une solidité indéniable à ce film, car certaines actrices se retrouvent à jouer des séquences très difficiles, et le faire sous l’oeil d’une femme semble être pour beaucoup dans la qualité de la prestation offerte. Je reviens sur cette scène de transe/possession, que Nell Tiger Free joue en allant puiser au plus profond de ses ténèbres internes ! Elle est juste glaçante dans sa manière de jouer, de se mouvoir et de lâcher des grognements atroces ! L’actrice anglaise est connue pour son rôle de Myrcella Baratheon dans l’incontournable Game of Thrones, et n’a pour le moment pas encore développé une grande filmographie, mais le talent dont elle fait preuve dans ce film est indéniable, et je ne vois pas comment elle pourrait ne pas percer à Hollywood. Elle est capable de jouer l’ingénuité et l’innocence à la perfection, pour d’un coup basculer dans un registre nettement plus obscur, et la transition se fait avec un naturel confondant… Elle possède en plus une de ces beautés hypnotiques caractéristiques des films d’horreur latins, car j’y inclue également les films espagnols ^^

A ses côtés, on a sa compagne Luz (Maria Caballero, qui tiens, est Espagnole !), qui intensifie encore l’aspect innocent de Margareta, puisque Luz est quant à elle un peu plus libre et frivole. La séquence de la boîte de nuit apporte des instants totalement hypnotiques, et là encore, Arkasha Stevenson excelle tant dans la retranscription d’une époque que dans l’exacerbation des sens, et on ressent littéralement l’intensité de la rencontre entre Margareta et ce jeune homme en discothèque. Arkasha Stevenson ne reste pas en surface, mais est capable de faire jaillir les émotions à l’image, et c’est un talent somme toute assez rare malheureusement! On a également la jeune actrice américaine Nicole Sorace qui apparaît dans son premier film, et qui impressionne par la force de son personnage, qui n’est pourtant pas du tout évident à jouer! On ne peut pas oublier l’Australienne Ishtar Currie-Wilson, qui sait comment jouer de ses traits particuliers pour être à la fois hypnotique et terrifiante ! Aux côtés de ces actrices très talentueuses, on retrouve les mythiques Charles Dance et Bill Nighy, qui apportent bien évidemment une belle solidité à leur rôle de père ou de cardinal. Sonia Braga, Ralph Ineson et Tawfeek Barhom complètent ce casting impressionnant, chacun occupant sa place très efficacement dans cette oeuvre que l’on croirait tournée à une autre époque.

La Malédiction : l’Origine va être à contre-courant du schéma contemporain axé sur un rythme effréné et des jump scares à foison, pour se focaliser sur un récit très bien construit et imiter le rythme plus calme mais pas forcément plus détendu des classiques des années 70. Arkasha Stevenson ne va pas lésiner sur les effets gores et l’atmosphère malsaine, mais rien n’est fait pour pallier artificiellement la vacuité du scénario, ce qui est souvent le cas dans les films décérébrés habituels. Sa manière de filmer le gore en révèle toute la beauté crépusculaire, et l’atmosphère qu’elle crée ne va pas s’essouffler comme un ballon de baudruche dès les changements de séquence. Arkasha Stevenson sait comment gérer les différents paliers pour construire une oeuvre forte, dans laquelle les émotions, les sentiments, les pulsions, les croyances et les peurs vont s’entremêler dans un maelstrom de plus en plus hypnotique, mais d’une maîtrise tellement rare que c’est un réel plaisir de plonger dans ce récit d’une noirceur sans fond! A la manière des films italiens de cette époque, elle va traiter du sujet central de la religion et de la culpabilité qui en découle, en traitant également des notions de Bien et de Mal qui ne sont pas si distinctes.

Je vous invite vraiment à tenter ce film, qui vaut bien mieux que ce que l’on pouvait croire au départ, et qui est bien loin de la production purement commerciale à laquelle je m’attendais. La Malédiction : l’Origine est un vrai grand film d’horreur, d’autant plus impressionnant qu’il adopte à la perfection le système narratif et les codes sensitifs d’une autre époque. L’utilisation de ralentis, les chuchotements et les soupirs venant alourdir la musique, la beauté picturale de l’ensemble du film (c’est vrai que la réalisatrice à oeuvré sur la 3ème saison de Legion, et on comprend donc son aisance au niveau de la mise en scène!), en font une oeuvre atypique et essentielle. La musique envoûtante de Mark Korven participe activement à la qualité de cet ensemble, tout comme la puissance de la photographie d’Aaron Morton dont j’avais déjà croisé la route, puisqu’il a travaillé sur les excellents Spontaneous et Traquée de Brian Duffield, dans lequel il faisait déjà des merveilles!

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Host (Rob Savage, 2020)

Il n’y a pas de nomenclature très précise concernant la dénomination des courts, moyens et longs métrages, mais ce qui est globalement accepté est la classification suivante : un court métrage dure moins de 30 minutes, un moyen de 30 à 59 minutes, et un long à partir d’une heure. Ce n’est pas une science exacte, mais ça paraît somme toute relativement logique. Pourquoi je vous parle de ça ? C’est que lorsque j’ai lancé ce film, je me suis aperçu qu’il avait une durée de 57 minutes, ce qui est relativement peu commun ! Je l’ai donc classé dans une catégorie à part, dans laquelle je viens de ranger aussi l’excellent Kung Fury ! ^^

On replonge dans les joies du confinement avec ce Host tourné pendant cette période si particulière, lors de laquelle le metteur en scène britannique Rob Savage a eu l’idée de développer un récit horrifique aussi diaboliquement simple qu’efficace. Lors d’une soirée typique de confinement en mode solitude, 6 personnes vont se connecter via Zoom afin d’effectuer une séance de spiritisme en ligne ! Le concept n’avait pas encore été réalisé, et même si on a eu des sympathiques Unfriended et Unfriended : Dark Web qui jouaient intelligemment avec les nouvelles technologies, Rob Savage élève clairement le niveau avec ce Host, qui m’a franchement bien fait flipper tout du long ! Ca fait bien longtemps que je n’avais pas ressenti ce niveau de stress devant un film horrifique, et c’était sacrément plaisant !!!

Le film a donc été réalisé à distance, chacun des acteurs ayant installé lui-même les caméras, les éléments du décor, et ayant dû mettre en place certains effets spéciaux. On est dans un film DIY révélant un très fort potentiel sous des moyens pourtant très minimes ! Rob Savage a dirigé ce beau petit monde durant 12 semaines, et a co-rédigé le scénario de son film avec Gemma Hurley et Jed Sheperd, qu’il retrouvera l’année suivante pour son film Dashcam, qui va être basé sur le principe d’une caméra de voiture embarquée reliée à internet (tout comme un certain Spree, qui s’avère assez rapidement poussif). Host va donc voir 6 femmes et 1 homme interagir durant une soirée par le biais de Zoom, chacun étant connecté chez lui et se parlant via la caméra et le micro de son ordinateur. Le principe est de plus en plus connu de nos jours, mais il reste toutefois assez minoritaire dans le paysage horrifique, car il demande paradoxalement une belle préparation en amont afin d’offrir un rythme et un déroulement intéressants. Il ne suffit pas d’allumer une caméra et de faire bouger 2-3 objets pour parvenir à glacer le spectateur. On se rappelle bien évidemment des Paranormal Activity qui sont sans doute à l’origine de ces films via ordinateurs interposés, tout comme Le Projet Blair Witch est à l’origine des Paranormal Activity.

Chaque acteur va utiliser son véritable prénom dans ce film, et c’est par le biais d’Haley (Haley Bishop) que va démarrer cette soirée, puisque c’est elle qui a l’idée d’organiser cette séance spéciale. Elle va convoquer ses amis Jemma Moore, Emma Louise Webb, Radina Dandrova, Caroline Ward, Teddy Linard et Jinny Lofthouse, sous la direction de la médium incarnée par Seylan Baxter. D’entrée de jeu, on découvre les caractères de chacun, son petit chez soi vu à travers la webcam, et mine de rien il s’installe assez rapidement une ambiance réussie, probablement parce qu’on n’est pas dans un énième film d’horreur avec des personnages juste écervelés… Ca fait déjà beaucoup de nos jours ! On se replonge donc dans cette période de Covid, avec les apéros à distance et la communication indirecte, et Rob Savage gère avec beaucoup de précision l’avancée de son projet, puisqu »on va peu à peu rentrer dans le vif du sujet. Déjà, les choix d’angles de caméras sont vicieux, avec chez certains l’encadrement de la porte en arrière-plan, que l’on se prend à surveiller très régulièrement ! Ca n’a l’air de rien, mais ça commence déjà à maintenir l’attention …

Rob Savage va user de plusieurs outils modernes, notamment certains filtres de type Snapchat, et franchement c’est sacrément efficace !!! Il y a une intelligence dans la construction des séquences tournées avec des moyens modernes, qui vont faire ressurgir des peurs pourtant ancestrales ! L’utilisation de la perche à selfie est elle aussi très bien intégrée par exemple ! Ce qui est très intéressant avec cette séance de spiritisme, c’est que l’unité de lieu va être démultipliée au gré du nombre de personnages, et que chacun va pouvoir être une victime potentielle d’une présence malfaisante. C’est comme s’il n’y avait plus de frontière physique, et que le Mal pouvait utiliser les réseaux modernes afin de se propager. On est dans de l’horreur moderne de type creepypasta, et quand c’est fait avec autant de sincérité, ça ne peut que fonctionner !

L’ensemble du casting joue vraiment le jeu à fond, et les réactions de panique s’avèrent très crédibles. Host va rapidement voir sa séance dériver vers un côté très flippant, et les petits malins qui ne prenaient pas ça au sérieux vont rapidement le regretter … Je reviens sur les choix d’angle de caméras, car on a des moments où les protagonistes embarquent leur ordi avec eux, et l’effet est très différent lorsqu’ils le portent en montrant leur visage, ou lorsqu’ils avancent en filmant le couloir. Là encore, on sent que ces différenciations suivant les protagonistes ont été très bien pensées, et on va avoir des variations de stress très intéressantes en fonction des personnages et de ce qu’ils vivent. Je ne vais bien évidemment pas tout vous dévoiler, mais je ne peux que vous inciter à regarder cette curiosité, qui sur un temps aussi ramassé, est clairement plus efficace que la majorité des longs métrages horrifiques habituels !!!

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Roqya (Saïd Belktibia, 2023)

Il se passe quelque chose de très positif dans le domaine du film de genre français en ce moment, avec des oeuvres possédant une certaine force de caractère et une identité propre, ce qui malheureusement n’est pas forcément compatible avec un succès au box-office . Mais cela permet de plonger dans des fictions exigeantes et très travaillées, ce qui nous change des âneries habituelles à la The Fall Guy et autres. On se souvient du très marquant Vermines sorti pour les fêtes de fin d’année, et c’est aujourd’hui Saïd Belktibia qui prend la relève avec un premier film d’une très belle tenue, baignant dans une atmosphère tendue qui se relâchera très rarement. On va suivre Nour, une jeune femme élevant seule son fils Amine, qui se sert des croyances populaires pour faire avancer son business à base de remèdes de sorcières, de marabouts et autres aides pour contrer les malédictions. Dans un univers moderne ultra-connecté, elle va se mettre à la page et développer une application permettant de recenser les pratiquants de ces différents domaines afin d’offrir aux gens les services dont ils ont besoin.

D’entrée de jeu, on est loin du manichéisme habituel puisque Nour est présentée comme une personne gagnant sa vie sur la base de la crédulité d’autrui, ce qui ne va pas empêcher d’être pris aux tripes lorsque les événements vont salement s’enchaîner. L’actrice iranienne Golshifteh Farahani impressionne par la force de caractère qu’elle va conférer à Nour. L’actrice a déjà une certaine carrière hollywoodienne derrière elle, puisqu’elle a participé à Mensonges d’Etat, Exodus : Gods and Kings, Pirates des Caraïbes : la Vengenace de Salazar, Tyler Rake et Tyler Rake 2. A ses côtés dans cette descente aux enfers, elle sera accompagnée par Amine Zariouhi, un jeune acteur dont il s’agit du tout premier film, et qui est lui ainsi impressionnant dans le rôle très difficile de son fils. Saïd Belktibia va mettre en avant une relation très forte entre la mère et le fils, et il va parvenir à nous faire ressentir très fortement les difficultés et les déchirements qu’ils vont traverser.

Roqya n’est clairement pas un feel good movie, mais qu’est-ce que ça fait du bien d’avoir une fois encore un film de genre qui ne reste pas à la surface, mais qui impacte à la fois ses personnages et le spectateur, pour offrir une oeuvre qui laisse des marques après le visionnage. Roqya est âpre et très réaliste, offrant un regard presque nihiliste face à une situation qui dégénère totalement. Un 3ème acteur très prometteur va également participer à la noirceur de ce film, il s’agit de Jérémy Ferrari, qui en est seulement à sa 3ème oeuvre cinématographique, et qui est glaçant dans le rôle de Dylan, l’ex de Nour. Pour ceux qui connaissent l’humoriste, vous savez à quel point il est capable de jouer le connard, mais le voir dans un tel rôle sans les pointes d’humour habituelles fait vraiment froid dans le dos.

Roqya va brasser des thématiques à la fois très ancestrales et très modernes, et il va parvenir à lier cet ensemble grâce à un très bon scénario rédigé par Belktibia et Louis Penicaut, qui a notamment travaillé sur Le Bureau des Légendes ou Lupin. Sous couvert de sorcellerie moderne, les 2 hommes vont parler de violence envers les femmes, des dérives dues aux réseaux sociaux, du phénomène de foule, des dangers des croyances… Mine de rien, Roqya fait un constat très pertinent sur l’état du monde d’aujourd’hui à travers ce récit fictif basé sur un événement précis, et c’est ce réalisme très direct qui fait que l’on est totalement pris dans le film. Nour se retrouve traquée par les habitants du quartier, et dans une France qui subit quotidiennement des drames, la volonté de survie de la jeune femme n’en est que plus haletante. Elle va littéralement se retrouver prise dans une chasse à l’homme, ou plutôt une chasse aux sorcières, et va devoir ruser pour s’en sortir. On pense forcément à la séquence hyper-stressante d’Athéna, lorsque le CRS se retrouve pris en chasse dans la cité … Golshifteh Farahani donne vraiment de sa personne pour nous faire ressentir tout ce que traverse son personnage, et parvenir à donner un réel relief à ce film, qui n’est certainement pas parfait, mais qui vaut bien mieux que tellement d’oeuvres contemporaines insipides … Saïd Belktibia possède un regard fort et n’a pas voulu créer un simple film de divertissement, il a souhaité que le spectateur ressente viscéralement tout ce que Nour traverse, et en cela, c’est vraiment une réussite.

On se rend compte que la direction d’acteurs est excellente, car à chaque strate on est face à des gens talentueux. Denis Lavant est très bon dans le rôle de ce père dépassé par la maladie de son fils, et Mathieu Espagnet est excellent dans le rôle difficile de Kevin. La séquence avec le prêtre est impressionnante, et Mathieu Espagnet va s’avérer à la fois très flippant et très touchant! Mais avec tous ces très bons acteurs, j’en oublierai presque d’évoquer l’excellent sens de la mise en scène de Saïd Belktibia ! Sa manière de filmer la cité est très personnelle et très immersive, comme avec ces plans aériens jouant sur l’enfermement (je pense notamment à ce plan certainement effectué en drone avec cette voiture tournant en rond sur le parking). C’est cette vitalité que je trouve commune à Sébastien Vaniček, Romain Gavras, ou encore Alexandre Bustillo et Julien Maury (pour Kandisha, mais certainement pas pour leur ratage catastrophique Le Mangeur d’Ames…). Belktibia sait pertinemment comment doser le niveau de stress et il gère avec beaucoup d’efficacité sa mise en scène afin d’être le plus immersif possible. La séquence dans les caves est très représentative de la fluidité avec laquelle il compose ses scènes, et la beauté graphique avec laquelle il englobe cette cité, couplée avec le sentiment d’urgence qu’il dégage lors de cette chasse à l’homme (ou à la femme plutôt), fait de ce film une vraie belle réussite, dont vous sortirez avec l’impression éprouvante d’avoir participé à cette course pour la survie !

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