Echo saison 1 (2023-2024)

Les changements de statut de cette série auront été nombreux, et ce bien avant sa diffusion. Mettant en scène un personnage secondaire issu d’un spin-off consacré à un Avenger considéré comme mineur, Maya Lopez avait tout pour n’intéresser absolument personne hormis les fans hardcore de l’univers Marvel. Déjà, combien étions-nous à nous être penchés sur la série Hawkeye? On tient là un problème similaire à celui du film The Marvels : qui va aller voir un long métrage en salles, alors que ce dernier est la suite des aventures de 3 personnages, dont 2 sont apparus dans 2 séries télé distinctes ? Il aurait donc fallu avoir vu Captain Marvel 1er du nom, mais aussi WandaVision et Miss Marvel pour être entièrement à jour afin de pouvoir suivre ce nouveau film en ayant l’ensemble des connaissances nécessaires … Pour Echo, personnage totalement inconnu du grand public et que même de nombreux fans de comics ne connaissent pas forcément, il aurait donc fallu avoir vu la saison 1 d’Hawkeye afin d’avoir suivi les toutes premières aventures de Maya dans le MCU. Et tout récemment, la filiation avec une certaine série Netflix a encore été officialisée, ce qui augmentait le background de 3 saisons d’un seul coup ! ^^

Bref, tout ça pour dire que le MCU doit faire face à un sacré casse-tête avec cette sacro-sainte continuité qui est à la fois la promesse impressionnante d’un univers étendu, tout en fragilisant la portée de certains récits obligés de rentrer au forceps dans cette satanée continuité. D’où l’émergence bien pratique du label Marvel Spotlight apparu comme par enchantement quelques jours avant la diffusion d’Echo, dont l’intérêt est de tracer une nouvelle branche tout en s’intégrant dans la continuité. Avec Marvel Spotlight, Kevin Feige et sa bande nous promettent des aventures moins connectées à l’autoroute classique du MCU, en nous offrant une bifurcation s’intéressant davantage aux héros urbains et aux problèmes plus terre-à-terre de nos héros, se permettant par ce biais d’opter pour une approche résolument plus violente et réaliste. Tiens, ça ne vous rappelle pas furieusement une certaine époque bénie du catalogue Marvel ça ??

La période Defenders de Netflix court de 2015 à 2019, entre la première saison de Daredevil et la troisième de Jessica Jones. Marvel Television et ABC Studios nous offraient à cette époque une approche résolument nouvelle et sacrément percutante, en explorant un pan de l’univers Marvel méconnu et bien plus sombre que celui des films Avengers. L’impact de cette ère a été très importante dans l’histoire de Marvel, mais aussi dans l’histoire de la télévision tout court, avec notamment Daredevil qui est devenue exemplaire à de nombreux points de vue. Ceux qui craignaient des similitudes avec le Daredevil de Mark Steven Johnson ont été proprement rassurés, et le film avec Ben Affleck a été relégué au rang de simple souvenir lointain et inoffensif.

Lors de la diffusion de la série Hawkeye, j’avais trouvé le personnage de Maya Lopez plutôt intéressant, grâce à un certain talent de la part de son interprète Alaqua Cox et  aux connexions du personnage avec Wilson Fisk. L’annonce d’un spin-off sur le personnage ne me semblait pas si dénué d’intérêt, et au fur et à mesure que le projet avançait, je le suivais avec davantage de curiosité que pour le reste des séries Marvel, excepté Loki bien évidemment! Et quand on fait le bilan des séries télévisées sorties du MCU, c’est quand même relativement tragique : WandaVision, Falcon et le Soldat de l’Hiver, Moon Knight, Miss Marvel, She-Hulk : Avocate et Secret Invasion sont juste des abominations télévisuelles, tandis que Loki est la seule et unique pépite surnageant dans cet ensemble, et qu’Hawkeye réside entre les deux en étant une série intéressante sans pour autant être plus enthousiasmante que cela. Du coup, Echo avait de la place pour se hisser d’emblée sur une très haute marche, et dans le schéma de production hyper-chaotique des séries Marvel Studios, elle vient se classer juste derrière Loki, ce qui est un sacré exploit malgré le peu de concurrence qu’elle avait!

« Ce programme contient des scènes de violence. Pour public averti. » Ca, c’est le genre de message que l’on n’aurait jamais cru lire avant une série Marvel Studios, et pourtant c’est celui ouvrant chacun des 5 épisodes d’Echo ! Le classement TV-MA de la série correspond à du contenu pouvant ne pas être adapté pour les moins de 17 ans, on est donc loin de Miss Marvel ou de Secret Invasion en terme de brutalité et de caractère choquant! Non pas que cela augure forcément d’une très bonne qualité intrinsèque, mais cela démontre que Feige a laissé une latitude certaine à ses équipes, et qu’il a enfin décidé de se rappeler les belles heures de Netflix. C’est assez troublant que cela intervienne aussi rapidement après la prise de conscience de la perte qualitative des oeuvres du MCU avec l’échec de The Marvels (qui je le répète encore, ne méritait pas de prendre la foudre qui aurait dû s’abattre bien avant), car le film de Nia DaCosta vient à peine de terminer son exploitation avec des résultats tout simplement catastrophiques, que débarque Maya Lopez avec ses promesses netflixiennes! Le timing est assez incroyable, mais il est surtout sacrément opportun !

Après cette longue introduction qui me semblait néanmoins nécessaire afin d’avoir toutes les informations pour bien comprendre les enjeux de cette nouvelle série, on va enfin pouvoir analyser ce show créé par Marion Dayre, qui a notamment été scénariste sur Better Call Saul. L’une des particularités va résider dans le fait d’explorer les origines amérindiennes du personnage, et plus particulièrement son lien avec la communauté Choctaw venant d’Oklahoma. L’approche très respectueuse de Marvel a permis de mettre en lumière un pan de l’histoire de cette tribu, à travers différents personnages féminins évoqués au fil des épisodes, qui vont nous faire naviguer entre trip cosmique et séquences historiques très bien dosés et captivants! Les choix graphiques s’avèrent très pertinents et permettent de rendre très intéressants ces moments qui ne sont pourtant pas consacrés au personnage principal. La qualité de ces instants permet de mettre en place une véritable relation filiale entre les ancêtres et leurs descendants contemporains, inscrivant l’histoire de Maya dans la plus grande Histoire de sa communauté. On est rapidement pris par les événements que peuvent avoir vécu ses ancêtres, tout comme on va plonger avec plaisir dans les tourments qu’elle-même va subir en revenant sur sa terre natale.

Là où certains seront très déçus, c’est s’ils croient fermement que cette saison 1 d’Echo sera une sorte de saison 4 de Daredevil. Ca n’est aucunement le cas, et cette série se nommant Echo, elle se concentrera bien évidemment sur le personnage de Maya Lopez. Ce qui permettra toutefois d’avoir sa dose de Wilson Fisk, et par extension de Vincent D’Onofrio! On va donc coller aux basques de Maya, et on va tout de suite faire taire d’autres mauvaises langues : Maya est une héroïne issue d’une minorité, qui n’est pas l’archétype de la bimbo super-héroïque, qui est sourde, muette et handicapée, équipée d’une prothèse de jambe. Dans ce monde d’ultra-bien-pensance qui est le nôtre, la conjonction de toutes ces spécificités aurait de quoi accoucher d’une série à l’hyper-féminisme revanchard et à la mise en avant de tous ces attributs spéciaux pour faire d’Echo un super-étendard super-woke ! Mais heureusement il n’en est rien, et le traitement des scénaristes et des producteurs évite largement cet écueil pour faire de Maya Lopez un personnage résolument fort et qui ne se caractérise pas uniquement au travers de ses affections et de ses origines. Et à notre époque, ça fait tellement de bien d’éviter tout ça !!!

La caractérisation de sa surdité est d’ailleurs très bien rendue, grâce à un travail sonore exemplaire, que l’on peut relier à celui effectué sur le sens de la vue lors de la saison 1 de Daredevil. Le fait de proposer le début d’une scène avec le son, pour en cours de route opter pour la perception de la même séquence par Maya, pour ensuite revenir au son, cela génère une sorte de rythme étonnant mais très bien fait! On sent qu’il y a là-derrière une véritable volonté de montrer ce que peut ressentir Maya, tout en optant pour une approche cinématographiquement forte! On va bien évidemment suivre pas mal de personnages dialoguant en langage des signes, ce qui s’inscrit de manière très fluide dans la série, et permet de normaliser le processus au lieu de le pointer constamment du doigt. On s’adapte à la norme de Maya sans en faire un exemple larmoyant, et cela fonctionne même dans les flashback lorsqu’elle était gamine, avec notamment une séquence bien enragée qui en découle! L’approche volontaire du personnage et le fait de ne pas vouloir la voir constamment comme une victime est sans conteste l’une des clés du succès de ce show, et on sentait déjà ce potentiel dans la série Hawkeye. Il faut dire qu’Alaqua Cox s’est totalement approprié le rôle, tant au niveau émotionnel que physique, et cela fait tellement plaisir de voir une héroïne de cette trempe alors que Jessica Jones est si lointaine 😉

La filiation avec les séries de l’époque Netflix est actée avec le classement télévisuel, et se ressent bien évidemment aussi dans la mise en scène des séquences de combats. Sans atteindre la fulgurance d’impact d’une Daredevil ou d’une Punisher, on sent une volonté de la part de la réalisatrice Sydney Freeland proposer autre chose que les affreux affrontements en CGI vus récemment (coucou Daenerys et le Super-Skrull qui ont fait vomir tellement de spectateurs dans Secret Invasion !!!), et même si on voit bien que certains coups ne sont pas portés, on appréciera l’effort et les chorégraphies plus ambitieuses qu’à l’accoutumée. On se rapproche des fameux combats de couloirs de Daredevil, et ça fait du bien de revenir à l’essence même de ce qui fait le sel des héros street-level !

Aux côtés de l’excellente Alaqua Cox, on a un panel d’acteurs d’origine amérindienne, avec bien évidemment l’incontournable Graham Greene, le Canadien étant certainement l’acteur incontournable dans le genre, puisqu’on l’a vu dans Danse avec les Loups, Coeur de TonnerreMaverick, La Ligne Verte… Il aura sans conteste été l’acteur indien le plus connu de tout Hollywood, avec une filmographie couvrant 4 décennies! Son rôle est ici à la fois touchant et drôle, et c’est un réel plaisir de le retrouver à l’écran. Ca fait également bien plaisir de retrouver Zahn McClarnon, qui de The Shield à Bone Tomahawk en passant bien évidemment par l’excellente Longmire, aura aussi mis en avant des rôles issus de ses origines indiennes. Il apporte une belle sensibilité à son rôle de père de Maya. Devery Jacobs, Cody Lightning, Chaske Spencer ou encore Tantoo Cardinal contribuent eux aussi à la solidité de cette intrigue rendant hommage à leurs ancêtres.

Le choix de situer l’action dans l’Oklahoma peut paraître déroutant pour une héroïne en mode street, mais c’est à la fois audacieux et très intéressant pour raconter une histoire se permettant d’être une suite directe à Daredevil tout en s’intéressant aux origines de Maya. Quel plaisir de retrouver Vincent D’Onofrio dans la peau de Wilson Fisk ! On se rappelle bien évidemment de son port de chemise colorée et de chapeau dans Hawkeye, qui en avait laissé plus d’un perplexe… Mais on revient bien ici au Fisk fondamental, avec scènes de violence à l’appui pour bien entériner son véritable retour! On est toutefois un poil en-dessous de Daredevil encore en matière de brutalité, mais on appréciera là encore l’effort pour gommer les errances d’Hawkeye! Le travail sur le lien unissant Fisk et Maya est très bien fait, avec notamment une très belle fluidité dans l’évocation de leur existence du premier épisode, qui était nécessaire pour ceux qui n’avaient pas suivi Hawkeye justement. Il y a une véritable connexion entre les deux, et les événements qui ont suivi la série consacrée aux archers avait de quoi donner envie de retrouver Maya!

Echo avait donc de quoi susciter une attente certaine, et cette série s’avère être d’une très belle solidité, en parvenant à conjuguer violence urbaine, exploration de l’histoire et des mythes indiens et réappropriation de l’essence Netflix. Elle ne parvient pas à atteindre le niveau de l’époque, mais se pose comme une excellente passerelle et une promesse sincère pour le futur, nous laissant augurer d’une Daredevil : Born Again des plus enthousiasmantes !!!

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Les news de la semaine : Kaitlyn Dever

Grosse annonce aujourd’hui sur la saison 2 de The Last of Us ! On sait que dans les jeux vidéo, l’apparition du personnage d’Abby avait créé une scission dans la communauté des gamers, les uns trouvant le personnage excellent, les autres la détestant. Personnellement, j’appartiens à la 2ème catégorie! Je trouvais la dynamique du premier jeu tellement magnifique, que j’avais du mal à accepter certaines situations du 2ème opus, notamment dans le fait d’alterner entre les personnages-clé du premier et cette nouvelle venue dans la mythologie. Ca m’avait pas mal freiné dans la progression du jeu, même si je peux comprendre pourquoi les créateurs ont voulu introduire ce personnage. Mais pour moi, il a vraiment gâché l’alchimie entre Joel et Ellie, c’est le moins qu’on puisse dire.

Bref, j’ai détesté le personnage dans le jeu, mais maintenant que je sais qu’il existe, je suis très impatient de découvrir ce qu’ils vont en faire à l’écran. J’avais prêté une oreille attentive aux rumeurs qui déambulaient dans les couloirs, et qui annonçaient une certaine actrice dans le rôle. Et aujourd’hui, on sait que c’est bien avéré, ce sera Kaitlyn Dever qui incarnera Abby ! Une excellente nouvelle car Dever est promise à une belle carrière, elle qui était carrément impressionnante dans le sublime Traquée sorti fin d’année dernière! Elle avait auparavant joué dans Justified ou Booksmart, et elle est actuellement à l’affiche dans Une Equipe de Rêve. Alors que la saison 1 m’avait énormément plu sur certains aspects, mais laissé sur ma faim sur d’autres, ce personnage d’Abby sera sans aucun doute celui qui va faire monter la hype pour cette seconde saison! La transformation de Kaitlyn Dever va devoir se faire à plusieurs niveaux, car passer de la petite chose fragile de Traquée à la guerrière Abby, ça demande des modifications en terme de jeu, mais aussi en terme de masse musculaire! On devra patienter jusqu’en 2025 pour voir le résultat, mais ça devrait valoir le coup d’attendre!

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Les news de la semaine : The Marvels

La messe est dite. The Marvels termine son exploitation en salles, avec des résultats désastreux puisque le film atteint un score de 205 millions de dollars, en cumulant les 84 millions sur le sol US et les 121 millions glanés à l’international. La douche est glaciale pour Kevin Feige et sa team, et ils n’auront pas d’autre choix que de repenser entièrement leurs (médiocres) plans pour le futur! Pour bien vous montrer l’étendue des dégâts, le record du pire résultat chez Marvel était détenu depuis 2008 par L’Incroyable Hulk, qui peut fièrement exhiber aujourd’hui ses 264,8 millions de dollars…

On attend maintenant de voir si le salut viendra d’abord de la télévision, avec la série Echo dispo dans 3 petits jours !

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Les news de la semaine : la Timeline Sacrée!

Marvel Studios gère de manière bien judicieuse sa communication depuis ses récentes catastrophes cinématographiques et sérielles, en jouant habilement avec le mystère entourant la série Echo, et par extension, la future série Daredevil : Born Again. Les questionnements sur l’aspect canon des séries de l’époque Netflix sont au centre des débats depuis de très nombreuses années, et le ras-le-bol généralisé face aux innombrables daubes produites ces 2 dernières années par Marvel pourraient bien avoir eu comme heureuse conséquence un véritable revirement de point de vue chez K.E.V.I.N. et ses sbires. Pour ceux qui ont la ref, je suis sincèrement désolé et en même temps très admiratif que vous soyez allé aussi loin dans She-Hulk : Avocate, bravo à vous!

Lors de sa sortie, Daredevil version Netflix a immédiatement et irrémédiablement fait oublier le film avec Ben Affleck, en démontrant qu’il était possible de rendre un vibrant hommage au maître Frank Miller tout en modernisant l’intrigue, et on s’était alors pris un sévère coup de lasso-canne dans la tronchetta, et on en redemandait bien évidemment encore. Le MCU traverse actuellement sa pire phase possible, et des petits malins ont dû suggérer de radicalement changer de vision afin de coller avec ce que veut réellement le public. Echo débarquant dans 5 petits jours, il y avait encore le temps d’oeuvrer dans le bons sens et de lancer des éléments de comm permettant de relier 2 époques, dont l’aspect commun n’avait jamais été clairement mentionné. Rappelez-vous, K.E.V.I.N. gérait uniquement la branche cinéma, tandis qu’Ike Perlmutter était chargé de tout ce qui touchait à la télévision. La guerre entre les 2 hommes et les 2 entités était consommée et est entrée dans la légende, avec pour conséquence de garder une séparation certaine et un manque de porosité évident entre les 2 médias.

Mais aujourd’hui, de l’eau a coulé sous les ponts, et avec le recul, ces 2 ensembles parviennent toujours à s’expliquer de manière cohérente si on veut les faire fusionner. Et la meilleure méthode afin de ramener les nostalgiques de l’ère Netflix, c’est d’aller dans leur sens et de leur proposer une vision canonique avec le MCU. A l’heure où Marvel Studios patauge dans la fange avec ses séries (exceptées Loki et Hawkeye), raccrocher les wagons avec les 3 premières saisons de Daredevil s’avérerait bien judicieux… Ce qui n’était pourtant pas dans les plans initiaux, Kevin Feige parlant de reboot à l’heure de la production du show… Mais aujourd’hui, la venue d’Echo (après l’introduction très satisfaisante du personnage dans Hawkeye) nous confirme un lien réel entre le MCU et l’époque Defenders! Lors d’une récente promo vidéo pour Echo, des images de la série Daredevil made in Netflix ont été utilisées pour traiter les origines du Caïd, confirmant donc une véritable filiation entre les productions, et confirmant donc par extension que Matt Murdock et Wilson Fisk sont bien les mêmes personnages et pas de nouvelles incarnations avec les mêmes acteurs! Mine de rien, ça fait un bien fou d’avoir enfin officialisé cela, et c’est plutôt de bon augure, puisque si les personnages sont les mêmes, il y a de grandes chances pour que l’atmosphère Netflix soit de la partie! Etant donnée qu’Echo est la toute première série réservée aux plus de 16 ans sur Disney +, ça sent très bon pour que cette filiation ne soit pas qu’un énième coup marketing foireux!

Les 5 épisodes d’Echo seront disponibles le 10 janvier.

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Captain America 1941

L’univers Marvel a une date de début très précise : il s’agit du 8 août 1961, date de sortie du tout premier numéro de Fantastic Four, la première de très nombreuses histoires super-héroïques signées Stan Lee et Jack Kirby. Les histoires contemporaines paraissant chaque mois chez Marvel Comics sont les descendantes directes de ce tout premier récit, l’éditeur nous présentant une continuité principale qui n’a cessé d’exister depuis 1961 ! Mais si cette date est historique, de nombreux éléments dans les comics des années 60 laissent entrapercevoir un univers encore plus ancien : en effet, on a un certain Namor qui apparaît rapidement dans les pages des Quatre Fantastiques, ou un certain Captain America repêché par les Avengers dans le 4ème épisode de la série consacrée aux Plus Grands Héros de la Terre, en novembre 1963. Stan Lee a donc rapidement décidé de remettre au goût du jour des personnages tombés dans l’oubli mais qui existaient durant la Seconde Guerre Mondiale!

Panini Comics a eu la très belle initiative de nous proposer les vrais premiers épisodes de Captain America, parus dans sa revue Captain America Comics dès décembre 1940. L’Amérique ne s’est pas encore engagée contre les Allemands, mais perçoit très clairement la menace représentée par les Nazis. Histoire de frapper fort d’entrée de jeu, l’éditeur Martin Goodman a donné son accord pour cette couverture mythique voyant Captain America frapper Adolf Hitler, dans un geste on ne peut plus symbolique, d’autant plus que Goodman était Juif. La création des super-héros doit pour beaucoup au travail d’auteurs juifs, comme c’est le cas de Superman, créé en mars 1933 par Jerry Siegel et Joe Shuster. Les comics apparaissaient comme un terrain d’expression privilégié pour véhiculer des idées patriotiques, et soutenir moralement les troupes et la population. Elles permettaient de transmettre l’idée que le Mal pouvait être vaincu par les représentants du Bien, et si tout cela apparaît comme bien désuet et naïf à notre époque, cette propagande visant à rassembler le peuple possède un certain côté noble. Il en fallait du courage pour se dresser contre le rouleau compresseur nazi, et les auteurs n’étaient pas encore au courant des pires exactions perpétrées par Hitler et son armée…

Lors de la parution de cette couverture et du premier numéro, l’horreur des camps et des chambres à gaz n’étaient pas encore connus du grand public, et ce qui apparaît comme une scène absurde et comique prend un tout autre aspect lorsqu’on se remémore la tragique histoire de ce conflit. On aurait aimé que Cap frappe bien plus fort et soit bien plus sanglant… La lecture de ces 4 premiers épisodes est très intéressante d’un point de vue historique, car ils possèdent une certaine légèreté que l’on ne peut plus mettre en parallèle de nos jours avec la Seconde Guerre, et ils représentent des instantanés d’une époque pas encore totalement plongée dans la tourmente du côté de l’Amérique. A un moment, on traverse brièvement une France occupée, et cela dégage un sentiment étrange de se dire que ce comics a été écrit lors de ces heures très sombres pour le pays… Mais si la couverture de Captain America Comics 1 représente Cap frapper Hitler, le dictateur n’apparaît pourtant pas dans ce premier numéro! Il s’agissait surtout d’un coup de comm afin que les lecteurs se ruent sur ce premier numéro, et faire ça aujourd’hui serait considéré comme de la publicité mensongère! Mais heureusement, Cap et son acolyte Bucky se rendront en Europe dès le second épisode, et rendront cette fois visite à Hitler et Göring dans leur bunker! Là encore, le traitement est relativement naïf et comique, ce qui n’aurait pas pu être possible si les auteurs avaient été informés de toutes les exactions commises par les Nazis… C’est à partir de 1941 que Rudolf Höss, officier allemand ayant été nommé au commandement du camp d’Auschwitz, a entamé ses essais pour tuer un maximum de personnes le plus rapidement possible… Je vous invite à lire le superbe roman La Mort est mon Métier de Robert Merle pour vous plonger davantage dans l’évocation de cette partie de l’Histoire, c’est tout simplement bouleversant. Tout comme les témoignages incroyables et terriblement poignants réunis dans l’ouvrage Des Voix sous la Cendre

Pour revenir à davantage de légèreté, on va évoquer le comparse de Captain America, un certain Bucky Barnes. A cette époque, les super-héros avaient tous des acolytes enfantins, comme Batman avait son Robin ou Human Torch avait son Toro. De nos jours, ça pourrait paraître suspicieux, mais cette époque plus naïve ne voyait pas forcément le mal partout ^^ C’était un très bon moyen pour que les lecteurs s’identifient et entrent pleinement dans ces histoires, car Bucky était une sorte d’extension des lecteurs eux-mêmes, tel un point de passage leur permettant d’accéder aux récits de l’intérieur! Le procédé est simple et efficace, et le succès des comics de l’époque tenait en partie à cette méthode. Si on évoque Bucky, c’est pour voir un gamin dans un costume chamarré et toujours souriant, prêt à combattre le Mal où qu’il soit de manière insouciante! On est loin du Soldat de l’Hiver qu’il deviendra après avoir passé des décennies dans les geôles russes! C’est toujours drôle de voir le parcours de ce personnage qui a perdu toute sa naïveté et qui s’est sacrément endurci au fil de ses lavages de cerveau!

Le trait de Kirby est reconnaissable entre tous, lui qui a oeuvré pour nous livrer quantité de personnages Marvel, et la paire qu’il formait avec l’auteur Joe Simon a fait les belles heures de l’entreprises Timely Publication renommée ensuite Timely Comics, dirigée par Martin Goodman, qui deviendra Marvel Comics en 1961. Pour ceux qui ont vu Loki saison 2, vous connaissez donc la raison du nom de Victor Timely 😉 Steve Rogers de son vrai nom n’est pas le seul héros de cette publication, puisque chacun des 4 épisodes présente également une brève aventure de Tuk, l’enfant des cavernes, et d’Ouragan, le fils de Thor! Là encore, on peut sourire à l’évocation du Dieu du Tonnerre qui n’est pas encore un super-héros de la Maison des Idées, alors que son fils est sur le devant de la scène avant lui ^^ Bon, cette création d’Ouragan est assez déconcertante, avec un Dieu qui aime à se balader dans le plus simple appareil pour rendre la justice. Je vais essayer de vous trouver une illustration parlante, vous verrez que là aussi, on est dans une autre époque ^^ Des bottes, un slip et parfois des gants, ça suffisait pour s’habiller!

Nous avons aussi une certaine Betty Ross au casting! Elle est enquêtrice et se retrouve toujours à devoir être sauvée par Cap et Bucky, et n’a rien à voir avec la Betty Ross de Bruce Banner alias Hulk! Mais l’utilisation du même nom est plutôt drôle. Et nous avons un certain Crâne Rouge qui fait son apparition dès le 1er numéro! Mais il ne s’agit pas du Crâne Rouge le plus connu, alias Johann Schmidt, mais de l’obscur John Maxon, qui mourra dès ce premier épisode. Mais en fait non, puisqu’il sera de retour dans l’épisode 3 ^^ La recette de la mort non définitive est déjà en marche à l’époque! Ce Maxon sera oublié dans l’Histoire, avec un Johann Schmidt intervenant dès Captain America 7 en octobre 1941!

Un dernier point de détail, et non le moindre : le bouclier de Cap. Dès sa sortie fracassante, Captain America a posé certains problèmes de droits, puisque son bouclier ressemblait fortement au costume arboré par un certain Shield, personnage de l’éditeur MLJ (qui deviendrait plus tard Archie Comics). En effet, ce super-héros revêtait un costume prenant l’apparence d’un bouclier, lequel possédait effectivement pas mal de similitudes avec le bouclier originel de Cap… Du coup, Kirby et Simon ont dû réinventer le bouclier afin d’éviter un procès, et c’est là qu’ils ont opté pour sa forme sphérique, qui est quand même bien plus pratique! Je voyais mal Cap lancer son premier bouclier, qui ne lui serait jamais revenu entre les mains…

Voilà, j’avais envie de faire un petit résumé de ma lecture historique, c’était un plaisir de plonger dans cette période riche en événements et dans cette autre époque! Les comics sont une belle manière également de se replonger dans l’Histoire, même s’ils le font de manière détournée.

 

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