No Pain no Gain (Michael Bay, 2013)

Avec son budget microscopique de 26 millions de dollars (en comparaison aux 150 à 200 millions des films de la franchise Transformers), No Pain no Gain fait figure de film de vacances pour Michael Bay! La pression des studios doit être nettement inférieure, et le metteur en scène s’est vraiment fait plaisir en narrant cette histoire improbable pourtant basée sur une histoire vraie! No Pain no Gain est un pur moment de plaisir cinématographique avec un dosage parfait entre action, humour, personnages complètement barrés et réalisation impressionnante!

Tout d’abord, il faut resituer le contexte: Daniel Lugo est entraîneur dans une salle de fitness de Miami dans les années 90, et il va orchestrer un kidnapping afin de renflouer ses caisses. Sauf que rien ne va se passer comme prévu, et que Lugo va être constamment rattrapé par la réalité dans sa tentative foireuse d’atteindre son rêve américain… Alors oui le récit est forcément romancé, mais les faits relatés sont bien réels sous cette couche d’humour noir qui sied à merveille à Michael Bay. Le metteur en scène transcende un fait divers sordide pour en faire un démantèlement en règle de toute cette imagerie véhiculée depuis toujours par les Etats-Unis, avec le culte du corps et le soleil californien qui en prennent un sacré coup!

Pour réussir son kidnapping, Lugo, incarné par un Mark Wahlberg excellent, s’entoure de deux bras cassés de haute volée, incarnés par Anthony Mackie et The Rock, alias Dwayne Johnson. Il faut dire que Lugo ne brille pas non plus par ses qualités intellectuelles, et le trio va méticuleusement foirer chaque étape de son objectif, dans des proportions franchement aberrantes. Michael Bay joue sur une certaine distanciation avec sa mise en scène ultra-dynamique et son montage rythmé, et parvient à rendre drôle des scènes qui normalement devraient être sacrément glauques!

Déjà, The Rock est tout simplement génial dans ce rôle de gentil naïf bodybuildé, et le voir proclamer sa foi en portant des T-shirts moulant Team Jesus, c’est vraiment énorme! Il est totalement dans le personnage, et tient une bonne partie du film sur ses larges épaules! Il vole même la vedette à Mark Wahlberg, mais le trio s’avère vraiment savoureux dans sa manière de mener ce plan à sa perte. En fait, l’histoire est tellement too much qu’il y a plein de moments où ils auraient pu stopper le processus, mais non, ils s’enlisent et s’embourbent de plus en plus, à un tel point qu’un scénariste de film n’aurait jamais osé écrire ça! Et pourtant, ça s’est bien passé…

Michael Bay soigne ses personnages avec l’aide des scénaristes Christopher Markus et Stephen McFeely, duo qui oeuvre ensemble depuis des années et à qui l’on doit l’excellent Captain America: first Avenger et le prochain Captain America: le Soldat de l’Hiver (et le moins réussi Thor: le Monde des Ténèbres, mais bon…). L’écriture est vraiment savoureuse et s’adapte parfaitement au dynamisme de Michael Bay, le trio insufflant une véritable énergie à cette histoire incroyable! Le casting est à l’avenant avec Tony « Monk » Shaloub qui est excellent dans le rôle du businessman kidnappé et Ed Harris toujours aussi impeccable en détective. L’absurdité de l’ensemble est transcendée par l’approche visuelle de Bay, et No Pain no Gain est une comédie sombre totalement réussie! La manière dont le réal souligne l’intensité dramatique perçue par Lugo, comme lors de la première scène, est magistrale! No Pain no Gain (c’est le titre français d’ailleurs, l’original c’est Pain & Gain, pour souligner la connerie des distributeurs en passant) fait souffler un vent de folie 90’s sur Miami, et il le fait avec classe tout en démontant de manière radicale l’odyssée improbable du Sun Gym Gang!

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