Top Gun : Maverick (Joseph Kosinski, 2022)

Il aura fallu à peine 5 ans au tout jeune Tom Cruise pour devenir une star internationale, puisqu’il avait 24 ans lors de la production de Top Gun. Après avoir joué dans Un Amour Infini… (Franco Zeffirelli, 1981), Taps (Harold Becker, 1981), American Teenagers (Curtis Hanson, 1982), Outsiders (Francis Ford Coppola, 1983), Risky Business (Paul Brickman, 1983), L’Esprit d’Equipe (Michael Chapman, 1983) et Legend (Ridley Scott, 1985), Tom Cruise croise la route de Tony Scott (le frère de Ridley) et tout va basculer pour lui avec le succès de ce film centré sur l’élite des pilotes de chasse américains. La carrière du jeune premier d’Hollywood est définitivement lancée, et il connaîtra un succès jamais démenti jusqu’à aujourd’hui!

A l’heure où les remakes, suites et autres reboots impactent les écrans à intervalles réguliers, l’annonce d’une suite à Top Gun avait tout du projet bien casse-gueule, même si on ne pouvait pas le taxer d’opportuniste. La jeune génération n’a peut-être même pas connaissance de ce vieux film 80’s, et la mise en route se ressentait davantage comme un hommage aux films d’action d’antan. Une remise à jour doublée d’une relecture nostalgique, qui semblait très bien partie avec l’annonce de Joseph Kosinski derrière la caméra. On lui doit l’excellent TRON : l’Héritage en 2010, le très bon Oblivion en 2013 avec tiens, un certain Thomas Cruise Mapother IV, un moins emballant Line of Fire en 2017, et cette suite au film culte du regretté Tony Scott.

Je vais certainement heurter quelques sensibilités, mais je ne suis pas un fan du premier Top Gun, que j’ai retenté il y a quelques jours sans succès ^^ Par contre, j’ai conscience de l’aura mythique de ce film perdurant depuis plusieurs décennies, et j’ai toutefois été happé par la nostalgie se dégageant de cette suite. Il faut dire que la musique reconnaissable entre toutes signée  par le compositeur Harold Faltermeyer est elle aussi de retour, et c’est un plaisir d’écouter ce score arrangé par Faltermeyer, Hans Zimmer et Lorne Balfe! Je vous invite vraiment à écouter les créations de Faltermeyer, lui est connu également pour son célèbre thème du Flic de Beverly Hills, ou encore l’excellente musique de Running Man! Il est un des élèves du maître Giorgio Moroder (my name is Giovanni Giorgio, but everybody calls me Giorgio!), et son approche innovante du synthétiseur a séduit Hollywood et de très nombreux spectateurs!

On a un excellent réalisateur, un acteur emblématique, une musique inoubliable, et de nombreux autres éléments vont nous replonger dans le passé tout en n’oubliant pas de se focaliser sur le présent. Il faut dire que 36 ans après les premières de Pete « Maverick » Mitchell, le légendaire pilote est toujours resté commandant, lui qui ne souhaitait pas monter en grade afin de pouvoir rester à jamais sur le terrain. Le monde a évolué, l’armée a évolué, et par conséquent la guerre également… Maverick était déjà un élément hors de contrôle à l’époque, il est encore aujourd’hui hors du circuit classique, tel un électron libre aspirant à jamais à sa liberté la plus totale… La mission sur laquelle il est embarqué répond à une problématique plus contemporaine, mais son approche stratégique unique est toujours aussi précise et implacable qu’à l’époque.

La grande intelligence de ce Top Gun : Maverick est de s’inscrire dans la continuité du film de Tony Scott avec une simplicité confondante, en reprenant le thème musical et en réajustant le générique original avec classe et fluidité, ce qui a pour résultat d’embarquer directement les nostalgiques, tout en emmenant avec lui ceux qui ne connaissent pas forcément le film originel. Joseph Kosinski ne se contente pas d’imiter, mais modernise le concept de base et utilise un langage plus moderne, avec notamment moins de travail sur les tonalités crépusculaires, ce qui était un peu la passion de Tony Scott ^^ On a 5 scénaristes qui prennent le relais de Jim Cash, Jack Epps Jr. et Warren Skaaren, les auteurs du premier film, avec même un proche de la sphère cruisienne ^^ On a la paire Peter Craig et Justin Marks ayant rédigé le script initial (Craig a oeuvré sur Hunger Games : la Révolte – Partie 1 et Partie 2, Bad Boys for Life et The Batman, et est en charge du prochain Gladiator 2, tandis que Marks a écrit Le Livre de la Jungle de Jon Favreau), et on a un trio qui a pris le relais: Ehren Kruger, Eric Warren Singer et Christopher McQuarrie. Le 1er a rédigé Scream 3, Le Cercle – the Ring et sa suite, ou encore Transformers 2, 3 et 4. Singer a auparavant travaillé avec Kosinski sur Line of Fire, et le dernier, McQuarrie, n’est autre que le réalisateur et scénariste de Jack Reacher ainsi que de tous les derniers Mission : Impossible depuis Rogue Nation! Avec 5 films en tant que réalisateur dont 4 avec Tommy, on peut dire que c’est un fidèle de la star, d’autant plus qu’il a également rédigé les scénarios de Walkyrie et Edge of Tomorrow, et qu’il est en train de concocter le script du film spatial de Tom Cruise!

On a donc un noyau dur très motivé et solide, qui va intelligemment jouer avec le temps passé depuis le premier épisode pour nous emmener dans une aventure riche en émotions et en sensations fortes, faisant de ce Top Gun : Maverick un produit calibré pour Tom Cruise, mais ne se contentant pas d’être un véhicule pour la superstar. Le film possède une richesse et une force qui sont d’un côté alimentées par le film originel, mais il est également capable de se défendre seul sur les terrains sillonnés, que ce soit dans l’émotion humaine ou dans la voltige aérienne. On sent que tous les participants à ce film ont voulu en faire davantage qu’un simple hommage, et il y a une énergie sincère traversant ce long métrage. La mise en scène de Kosinski donne toute la mesure de l’ampleur des combats, mais est également capable de s’immiscer dans l’intimité des personnages et de faire ressortir les non-dits, les rancoeurs et les espoirs de chacun. On passe donc avec une très belle fluidité d’un élément à l’autre, et les différentes strates viennent s’entremêler avec grâce dans un film bien moins tape-à-l’oeil que ce que l’on pouvait craindre, et bien plus réfléchi sur une trame pourtant très simple. Après tout, Christopher McQuarrie connaît le principe depuis longtemps, il est donc en terrain connu! ^^

Il faut dire que le casting a été conquis par l’excellent Tom, et chacun va lui donner la réplique avec force et tact, permettant de donner une véritable cohésion à l’ensemble. Miles Teller possède une vraie intensité dans le rôle de Rooster, et ses partenaires brillent chacun à leur manière, apposant leur pierre à l’édifice de la saga. Les jeunes Monica Barbaro, Glen Powell, Lewis Pullman et les autres sont sur la même longueur d’ondes que Jon Hamm, Charles Parnell ou Tom Cruise, sans oublier Val Kilmer. Et quel plaisir de revoir la trop rare Jennifer Connelly, qui donne tout son charme au love interest de Maverick. On a même Ed Harris qui passe nous faire un p’tit coucou, et qui a toujours autant de classe!

Joseph Kosinski parvient à faire de Top Gun: Maverick un film ambitieux et prenant, jouant avec les tensions entre les protagonistes mais également en exacerbant celles venant des situations périlleuses qu’ils vont traverser. Maverick a été choisi pour être instructeur lors d’une mission très délicate, durant laquelle il va devoir former de jeunes recrues. Les thèmes de l’héritage, de l’expérience et du deuil vont être traités avec beaucoup de soin, et on sent une véritable cohésion entre la phase d’écriture et celle du tournage, une sorte de lien solide faisant qu’à chaque étape du processus, ce film a été traité avec une certaine humilité, tout en ayant conscience de la reprise de flambeau qu’il représentait. Dès le début du film, on sent la sincérité de l’approche de Kosinski, et surtout son talent pour créer des séquences d’action vertigineuses. Sans faire dans l’esbrouffe, il nous livre des scènes dans lesquelles il nous fait ressentir l’urgence et la vitesse, et qui parviennent à être lisibles, ce qui est très rare dans le cinéma contemporain! On est happé par une tension palpable qui va finalement perdurer tout au long du métrage, qu’il s’agisse des phases d’entraînement ou de combats réels. L’ensemble est mené avec une belle fluidité, et on se retrouve au final devant un très bon film d’action, qui encore une fois s’inscrit très bien dans la continuité de son prédécesseur, mais qui est aussi capable d’ébouriffer les spectateurs plus jeunes! ^^ Un film qui fait du bien et qui mérite une vision sur grand écran!

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