Overlord (Julius Avery, 2018)

Sur le papier, Overlord avait tout d’une série B joyeusement bourrine à base de zombies nazis, renvoyant plus ou moins consciemment à des curiosités comme Surf Nazis must die, Dead Snow ou Iron Sky. Un temps pressenti pour rallier la franchise Cloverfield (dont les liens sont toujours très ténus, voir 10 Cloverfield Lane et The Cloverfield Paradox), ce second essai de Julius Avery sera finalement indépendant et autonome. Prenant place juste avant le Débarquement Allié sur les côtes normandes, il va nous raconter le périple d’une unité de GIs fraîchement débarquée dans la campagne française.

Et si on s’attendait à un film ambivalent qui teinterait le gore d’une petite touche d’humour, il faut bien se rendre à l’évidence, la légèreté est loin d’être la caractéristique principale de ce long métrage! On oublie les zomblards de Dead Snow et les nazillons d’Iron Sky, Overlord a des ambitions bien plus grandes et place d’entrée de jeu des cartouches sacrément intéressantes! C’est simple, l’introduction est l’une des plus immersives que j’ai pu voir dans un film de guerre, et soutient carrément la comparaison avec celle d’Il faut sauver le Soldat Ryan! On se retrouve pris au piège avec cette dizaine de jeunes soldats tandis que la mort explose de tous les côtés, et l’intensité de cette séquence est réellement bluffante! Julius Avery emprunte à la fois aux codes du film de guerre et du jeu vidéo, pour nous livrer un moment très impressionnant!

Passée cette intro qui nous coupe le souffle, on se dit qu’on a matière à avoir un vrai bon film de guerre. Et c’est ce qu’Avery va dérouler, avec l’arrivée dans un petit village français typique, occupé par l’armée allemande qui y fait régner la terreur. On se retrouve avec des éléments déjà vus dans d’autres films du genre, mais traités avec une frontalité là encore impressionnante et immersive! Julius Avery nous plonge dans l’ère de l’Occupation et il le fait de manière très éprouvante! La violence physique est très présente, et la violence psychologique l’est tout autant… On assiste à des séquences très dures et qui sont malheureusement des classiques en période de guerre… Toute la force d’Overlord réside dans le sérieux et le réalisme du traitement instauré par Avery, qui fait preuve d’une très belle ambition et de très belles dispositions.

A l’heure où les films sont pour la plupart des adaptations de comics, des remakes ou des reboots, le scénario original signé Billy Ray (Capitaine Phillips) et Mark L. Smith (The Revenant) s’avère très prenant. Tout en déroulant une trame classique, il instille des éléments qui vont intensifier les enjeux, et va développer des personnages très réalistes. Jordan Adepo (The Leftovers, Fences) s’avère très juste et intense dans le rôle principal de Boyce. A ses côtés, Wyatt Russell (le génial épisode Playtest de la saison 3 de Black Mirror) campe un Ford bien complexe qui dirige son unité avec une sacrée poigne. Il s’agit seulement du second film pour la Française Mathilde Ollivier, qui insuffle à son personnage de Chloe une belle humanité et une rage bien intense. Le Danois Pilou Asbaek (Euron Greyjoy dans Game of Thrones) est très inquiétant en capitaine nazi, et on a même droit à ce bon vieux Iain De Caestecker, connu pour incarner Fitz dans Marvel : les Agents du S.H.I.E.L.D., et qui mine de rien aligne les participations à quelques excellents films indépendant après Shell et In Fear!

La réussite d’Overlord tient au fait de placer son contexte horrifique avec beaucoup de soin dans une histoire de guerre, et d’être avant tout un excellent film de guerre! La partie plus fantastique en devient d’autant plus crédible et découle naturellement de tout ce qui a été placé avant, offrant une continuité solide au récit. L’atmosphère est résolument sombre et glauque, Julius Avery nous balançant dans un contexte résolument pessimiste. La tension quasi-permanente du long métrage va aller de pair avec une visualisation graphique éprouvante de la guerre, et la matérialisation du genre horrifique va se faire après avoir subi les horreurs bien réelles de la guerre. Il y a donc une très belle gradation dans le récit, qui nous offre à intervalles réguliers des séquences impressionnantes, tant en terme d’action que de tension ou d’émotion, et bien sûr en terme d’horreur. Overlord est une vraie belle réussite dans le genre, et mérite largement son interdiction aux moins de 16 ans, peut-être encore davantage pour sa relecture du film de guerre que son aspect gore (qui est bien cru également!). Et franchement, quand on voit qu’une purge comme Halloween fait des entrées alors qu’un Overlord peine à trouver son public, c’est clairement injuste! Donc je vous invite à aller le découvrir en salle avant qu’il soit déprogrammé, car c’est clairement l’une des très belles surprises de cette année cinématographique!

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