10 Cloverfield Lane (Dan Trachtenberg, 2016)

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Le cas 10 Cloverfield Lane fait vraiment figure d’anomalie dans le milieu cinématographique contemporain. A l’heure où les journalistes spécialisés parviennent à connaître la teneur entière d’un film (en nous balançant très souvent énormément de spoilers au passage) alors qu’il n’est même pas encore entré en phase de production, et où on a droit à 5-6 bande-annonce et une douzaine d’extraits avant sa sortie, comment se fait-il qu’absolument rien n’ait filtré sur cette suite du très bon Cloverfield?? Le secret a étonnamment été gardé jusqu’au bout, ce qui constitue un exploit assez incroyable de la part de l’équipe du film!!! En tout cas, ça fait du bien de découvrir un film dont on a vu si peu d’images en amont, et qui bénéficiait qui plus est d’une bande-annonce construite avec beaucoup d’intelligence, en dévoilant l’ambiance générale mais en ne montrant quasiment rien! On se croirait revenu avant l’ère d’internet en fait…

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Bon, le petit coup de gueule sur la communication à outrance est passé, on peut  continuer! ^^ En 2008, Cloverfield avait créé la surprise en offrant une alternative bien plus intéressante à tous les Godzilla, et en plus, il le faisait à moindre coût (25 millions de dollars, contre 125 pour le Godzilla de Roland Emmerich, et 160 pour celui de Gareth Edwards!). Pour son second film, Matt Reeves mettait tout le monde d’accord avec son film catastrophe en found footage qui s’avérait vraiment immersif et réaliste! Une suite avait rapidement été évoquée vu le succès du film, mais elle tardait a être mise en chantier… Du coup, l’engouement est peu à peu retombé, et on n’a plus entendu parler de cette séquelle. Jusqu’au 15 janvier 2016, soit juste 2 mois avant sa sortie, où une étrange bande-annonce est apparue, et annonçait un film très tendu! Un modèle de concision et d’efficacité, qui donnait évidemment très envie d’en savoir plus sur les événements!

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Dan Trachtenberg a eu l’opportunité de réaliser son premier long, lui qui nous avait gratifié en 2011 de 2 excellents courts métrages, More than you can chew (dans le cadre de la websérie BlackBox TV) et Portal: no Escape. D’ailleurs l’une des premières scènes du film renvoie directement à l’ouverture de Portal: no Escape, avec là encore un personnage féminin fort, ce qui semble être une constante chez Trachtenberg. Il fait partie de cette génération de cinéastes ayant grandi avec les jeux vidéos et bénéficiant d’un regard pointu en terme d’action et d’ambiance, et on peut le comparer à Joseph Kosinski (Tron – l’Héritage, Oblivion) avec qui il partage une certaine sensibilité.

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Au-delà de la séquelle de Cloverfield, c’est surtout le fait de découvrir le premier long de ce metteur en scène qui m’avait attiré. Il faut dire que la filiation est assez étonnante, et pourra en dérouter plus d’un. Mais le résultat s’avère intéressant, même s’il est loin de ce à quoi on pouvait s’attendre d’une suite. Je ne vous en dirai pas plus… Mais Trachtenberg soigne son ambiance, et nous place dans un environnement étrange et anxiogène, où l’on se demande ce qui est en train de se passer. Le scénario de Josh Campbell, Matthew Stuecken et Damien Chazelle (ce dernier étant le réalisateur de Whiplash) va ouvrir sur un récit complètement différent du premier film, et qui va tenir grâce à la forte présence des acteurs, le génial John Goodman en tête! Je suis un grand admirateur de cet acteur, qui d’Arizona Junior à Monuments Men, en passant par Arachnophobie, Barton Fink, The big Lebowski et tant d’autres, trimballe sa tronche et son physique impressionnants depuis plus de 30 ans, avec toujours cette même présence intense! A ses côtés, Mary Elizabeth Winstead, que l’on a pu voir dans Black Christmas, Die hard 4: Retour en Enfer et Die hard: belle Journée pour mourir (j’ai toujours envie de pleurer à chaque fois que je me dis qu’ils ont osé faire un 4 et un 5…), lui tient efficacement tête avec son personnage de femme affaiblie mais combative, bien résolue à trouver une solution à leur situation bien tordue. John Gallagher Jr. se trouve dans la même galère, mais son personnage est moins intéressant que les 2 autres.

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On va donc suivre en quelque sorte les répercussions immédiates des événements du premier film, que les personnages vont subir à leur manière. Le résultat est plutôt étonnant en terme de suite pure, mais offre un développement intéressant de ce qui peut se passer en pareille situation. Trachtenberg parvient à rendre crédible cette situation, et à instaurer un climat pesant et oppressant. Sa mise en scène s’avère efficace dans ce contexte, et on suit ce récit avec intérêt. On aurait toutefois attendu un film plus fort de la part de ce réalisateur, qui a clairement un potentiel assez impressionnant. 10 Cloverfield Lane est un film de commande réussi, mais on espère maintenant que Trachtenberg pourra se plonger dans des projets plus personnels, et d’autant plus percutants.

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Une réponse à 10 Cloverfield Lane (Dan Trachtenberg, 2016)

  1. Miss Mary Elisabeth Red dit :

    Tout à fait d’accord sur le coup de gueule déjà qu’il y a des films en streaming avant leur sortie pffff !!! La critique tout comme cette BA donnent vraiment envie de voir ce film : good job thanks ! 🙂 J’ai hâte de voir cette femme au milieu de cette suite conceptuelle !!!

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