The Visit (M. Night Shyamalan, 2015)

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Je pensais M. Night Shyamalan définitivement perdu dans les limbes hollywoodiennes, lui qui avait connu son heure de gloire à la fin des années 90 – début des années 2000. Après 2 films confidentiels (Praying with Anger en 1992 et Wide awake en 1998), Shyamalan était devenu immédiatement célèbre avec Sixième Sens en 1999, où il nous offrait une proposition de cinéma fantastique d’une maîtrise narrative et émotionnelle impressionnante; et il réalisait en 2000 ce qui est incontestablement son chef-d’oeuvre absolu, Incassable. Ce modèle de mise en scène millimétrée racontant la genèse d’un super-héros fait partie de ces rares films que je trouve absolument parfaits! Que ce soit au niveau de l’interprétation, de l’écriture ou de la mise en scène, Incassable est juste beau à pleurer, et véhicule des émotions universelles et intenses!

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En 2002, Signes faisait encore partie des films inventifs du réalisateur, qui a commencé à décliner avec Le Village en 2004. La suite, on la connait, avec le règlement de comptes envers les critiques cinématographiques que représente La jeune Fille de l’Eau (2006), et une lente érosion de son propos et de son talent. La scène d’ouverture de Phénomènes (2008) est juste sublime, mais constitue le seul intérêt de ce film; suivront Le dernier Maître de l’Air en 2010 et After Earth en 2013, qui ne déplaceront ni les foules ni les critiques.

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Puis arrive The Visit, avec son format found footage aussi casse-gueule qu’à la mode. Shyamalan écrit, met en scène et produit ce film totalement à l’opposé de ce qu’il a fait jusqu’à aujourd’hui, avec cette histoire de 2 jeunes qui partent une semaine en vacances chez leurs grands-parents qu’ils n’ont jamais vu. Mais dans la ferme isolée de Pennsylvanie, passé 21h30, il se passe des choses étranges… La bande-annonce faisait penser à un film horrifique un peu grand-guignol, mais le résultat final est un vrai bon moment de flippe et de tension permanente! M. Night Shyamalan parvient à innover en détournant des codes classiques des films d’horreur, et encore mieux, il ne le fait pas avec une volonté avérée d’esbroufe, mais en combinant l’inventivité de sa mise en scène et l’intelligence de son écriture!

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Ce qui surprend d’entrée de jeu, c’est la qualité des 2 interprètes principaux! Olivia DeJonge, âgée de 17 ans et dont il s’agit seulement du second film; et Ed Oxenbould, 14 ans, qui a un tout petit peu plus d’expérience, The Visit constituant son 3ème film. Leur duo de frère et soeur est absolument génial, chacun faisant preuve d’une intelligence et d’une inventivité étonnantes! Leur relation dégage une vraie sincérité, et ils font de Becca et Tyler de très beaux protagonistes! Chacun dans leur genre, ils sont très originaux, ce qui va donner lieu à des moments étonnants et même franchement comiques! Tyler, qui n’a rien d’un rappeur du ghetto, use d’un flow et de textes juste géniaux lors de certaines séquences où il se lâche! Et paradoxalement, on va se retrouver dans des situations totalement intimistes où chacun va livrer des secrets très personnels et extrêmement touchants.

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C’est grâce à l’implication du spectateur à travers ces personnages forts que Shyamalan va nous conduire de plus en plus profondément dans les recoins inquiétants de cette maison. Après nous avoir happé avec la fraîcheur et l’humour des personnages, on va plonger dans un monde bien plus inquiétant… Deanna Dunagan et Peter McRobbie (l’excellent acteur incarnant le Père Lantom dans Daredevil!) jouent le rôle des grands-parents à la fois tendres et inquiétants, et leur composition s’avère diablement efficace! Leurs rôles demandent un bel investissement émotionnel et physique, et ils s’en sortent à merveille! Les 4 acteurs de ce films sont excellents, et quand à cela s’ajoute un vrai travail sur la tension, on obtient un excellent film bien flippant!

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On est aux antipodes de la mise en scène millimétrée ayant fait le succès de Shyamalan, mais il retrouve avec ce found footage une sensation grisante de liberté qui semble l’avoir totalement inspiré! Evidemment, ce procédé demande tout autant de précision et de technique qu’une mise en scène standard, et Shyamalan investit l’espace de cette bicoque isolée avec une vraie proposition de narration! Chacun des gamins a sa propre caméra, et ils vont explorer les alentours bien peu accueillants dans lesquels ils vont passer leur semaine de vacances!

The Visit est une excellente réussite, que l’on attendait plus de la part de M. Night Shyamalan, et ça fait vraiment plaisir de le retrouver à ce niveau!

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