Premier long métrage pour le réalisateur suédois David F. Sandberg, Dans le Noir (Lights out en VO) est l’adaptation de son court également intitulé Lights out datant de 2013, et don le principe est exactement le même. Produit par James Wan, qui entre les sagas Saw, Insidious et Conjuring, fait figure de maître d’oeuvre dans le genre, ce Dans le Noir offre un concept aussi simple qu’efficace: un être surnaturel menace une famille, mais il ne peut apparaître que dans le noir, et disparaît dès qu’il est éclairé!
Le court métrage originel consistait en une seule scène qui fonctionnait sur ce principe de base, et qui s’avérait très intéressant. Une sorte de note d’intention pour le film qui sort aujourd’hui, et qui offre d’ailleurs un petit rôle à l’actrice présente dans le court. Les films d’horreur se basent très souvent sur les peurs enfantines, et le monstre qui se cache dans le noir est la principale source de cauchemars quand on est petit. Ici, David F. Sandberg visualise cette source de terreur de manière ludique et flippante, en jouant constamment sur les notions opposées de lumière et d’obscurité. La première scène permet de bien comprendre le mode de fonctionnement de cet être dangereux, et son mode opératoire pour passer à l’attaque!
Pour son premier long, Sandberg réussit à construire un film qui se tient, et qui conserve son intérêt jusqu’à la fin. On sent qu’il se fait nettement plus plaisir dans l’élaboration des scènes de flippe que dans celles, annexes, qui permettent de faire évoluer l’histoire. Et c’est là que l’on ressent une certaine déception, car le potentiel du concept est énorme, mais qu’il est habillé par un scénario qui perd du temps en explications. Quand on vient voir un film d’horreur, on a envie de frissonner, d’être effrayé et de bondir dans son fauteuil. Ce que Sandberg parvient à faire efficacement, mais pas de manière permanente. L’histoire de Rebecca, de son jeune frère Martin, de leur mère Sophie et de l’ami de Rebecca se nommant Bret, est destinée à donner un fond à ce récit surnaturel, ce qui finalement n’est pas le plus intéressant. Les effets des différentes attaques de la créature auraient suffi à emporter l’adhésion, et il aurait été préférable de créer des scènes supplémentaires de ce type, plutôt que de vouloir à tout prix apporter une explication logique à un phénomène surnaturel.
Le scénariste Eric Heisserer traîne quelques casseroles à son actif, puisqu’il a oeuvré sur les horribles Freddy – les Griffes de la Nuit et The Thing, la version de 2011! Mais il a également rédigé le script du prochain Denis Villeneuve, Premier contact. Pour Dans le Noir, il va développer le court de Sandberg (que le réalisateur avait aussi écrit) de manière relativement classique, avec le schéma de la peur remontant à l’enfance et de la découverte d’un vieux secret. On ne peut guère applaudir l’originalité du propos, mais l’efficacité du film réside bien dans sa mise en scène. Le travail visuel et sonore permet d’offrir des séquences angoissantes, où l’on sent la peur monter et où l’explosion de violence parvient à surprendre. La créature s’avère bien flippante, et la voir apparaître et disparaître au gré des faisceaux de lumière est excellent, avec quelques trouvailles innovantes comme la lumière créée par les coups de feu d’un pistolet!
Les personnages, même s’ils ne sont pas trop développés, possèdent un certain capital sympathie, et on va suivre leurs mésaventures avec intérêt. La relation entre Rebecca (Teresa Palmer, qui a joué dans Point Break) et Bret (Alexander DiPersia) est assez touchante, et le jeune Gabriel Bateman incarne Martin avec une belle sensibilité. Il faut dire que du haut de ses 11 ans, il possède déjà une solide expérience dans le genre horrifique, puisqu’on a pu le voir dans Annabelle, Outcast ou American Ghotic. Et Maria Bello (Payback, Assaut sur le Central 13, Identité secrète) campe la mère un poil névrosée de manière efficace.
Dans le Noir ne révolutionnera pas le genre, mais apporte une touche originale dans sa manière de concevoir l’horreur, un peu comme le It follows de David Robert Mitchell, qui n’était pas aussi percutant que le laissait entendre sa réputation, mais qui offrait lui aussi un concept intéressant. Et comme le film cartonne actuellement, on espère que la suite sera d’autant plus efficace et percutante!
Je rejoins le critique sur le fait que « le potentiel du concept est énorme, mais qu’il est habillé par un scénario qui perd du temps en explications. » J’aurai adoré voir cette créature de plus prêt et voir plus de sang même si la suggestion, par moments, est très bien faite aussi….Gabriel Bateman, quant à lui, a fait » craquer » beaucoup de femmes du haut de ses 11 ans…Une carrière prometteuse à mon avis ! ^^