L’Ombre rebelle (Timo Tjahjanto, 2024)

L'Ombre rebelle - Film (2024) - SensCritique

J’avais découvert le travail du réalisateur Timo Tjahjanto avec ses segments pour les anthologies ABCs of Death et V/H/S 2 (co-réalisé pour ce dernier avec un certain Gareth Evans!) et s’il a dans un premier temps évolué avec Kimo Stamboel pour ses premiers longs métrages (le duo indonésien étant connu sous le nom de Mo Brothers), on ne peut pas dire que le résultat était des plus convaincants, la preuve avec leur atroce Headshot qui bénéficiait pourtant des présences d’Iko Uwais, Very Tri Yulisman et Julie Estelle, à savoir 3 des personnages les plus emblématiques de The Raid 2 !!!

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Son The Night Comes for Us apparaissait déjà plus sympathique, même s’il était loin de rivaliser avec le diptique de Gareth Evans. Là encore, on retrouvait Iko Uwais, Julie Estelle et Joe Taslim, ce dernier étant un transfuge du premier The Raid! Je ne suivais donc pas sspécialement la carrière de Tjahjanto, mais je me suis tout de même intéressé à cette Ombre rebelle (The Shadow Strays en VO) qui semblait proposer un récit classique de vengeance saupoudré de quelques séquences d’arts martiaux bienvenues. J’ai été très agréablement surpris par la maîtrise dont fait preuve Timo Tjahjanto pour nous raconter cette histoire s’avérant bien plus ambitieuse que ce que je pensais, et à laquelle il apporte beaucoup de soin tant au niveau de la réalisation que dans l’écriture, puisqu’il assure également cette partie.

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Affichant une durée conséquente de 2h24, on sent que le metteur en scène a eu envie de prendre le temps de développer ses personnages et de rédiger un script jouant sur plusieurs tableaux. Le début s’apparenterait presque à la version qu’on aurait aimé avoir pour Snake Eyes, le spin-off de la saga G.I. Joe, avec son mélange de mafieux sous la neige, de furtivité ninja et de combat au corps-à-corps bien jouissifs. Si on admet volontiers que la mise en scène de Tjahjanto ne rivalisera à aucun moment avec celle du gallois Gareth Evans, on ne peut toutefois que reconnaître sa propension à capter le dynamisme de ses séquences d’action et à laisser le champ libre aux chorégraphies endiablées de Muhammad Irfan, qui occupait déjà ce poste sur Headshot et The Night Comes for Us. Du côté d’Evans, on est proche de la quasi-perfection avec une capacité à préparer tout le potentiel d’une séquence d’action avant de la faire exploser dans un maelstrom créatif, et chez Tjahjanto, on a une mise en scène obéissant à un caractère d’urgence qui se fait avec un souci de lisibilité exemplaire.

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L’Ombre Rebelle oscillant entre moments intimistes et scènes d’action, ça m’a fait penser au rythme de l’excellent Special Delivery de Dae-min Park, avec lui aussi une héroïne au premier plan, mais qui mettait davantage l’accent sur les poursuites automobiles. Il y a pas mal de similitudes entre les 2 films, chacun des personnages se retrouvant à devoir protéger un petit garçon suite au meurtre d’un de ses parents. Dans L’Ombre Rebelle, c’est un gamin de 11 ans qui se retrouve orphelin suite à l’assassinat de sa mère, et l’héroïne dont on ne connaît que le nom de code, Numéro 13, va s’en prendre à la mafia locale afin de sauver le môme. L’actrice Aurora Ribeiro, qui est aussi mannequin et chanteuse, s’est physiquement investie dans son rôle afin d’être totalement crédible dans son personnage d’assassin vengeur, et la jeune femme tient tête à de sacrés adversaires! Umbra est la formatrice de Numéro 13, et elle est incarnée par Hana Malasan, qui comme son apprentie, sait comment optimiser chaque coup et chaque particularité de son environnement pour venir à bout de ses ennemis. C’est aussi en cela que la mise en scène de Tjahjanto s’avère brillante, car il sait où pointer le bout de sa caméra afin d’optimiser l’effet de tel appui sur un mur ou tel raclement de sabre au sol, nous proposant quelques saillies graphiques bien percutantes!

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On a d’autres combattants que Numéro 13 devra affronter dans un mélange de corps-à-corps et de gunfights, et on se retrouve dans un film qui prend plaisir à élaborer ses multiples séquences, et qui le fait sans simplement vouloir singer d’autres films, comme c’était malheureusement le cas pour Headshot. On sent que Timo Tjahjanto a laissé mûrir sa propre personnalité qui habite l’ensemble de ces séquences, et qui en augmente ainsi considérablement l’impact. L’utilisation de certains ralentis s’avère très judicieuse, notamment lors de déflagrations à venir, et cette aisance cinématographique fait un bien fou dans le genre de la série B! On sent que le réalisateur vient du cinéma gore, avec une belle propension à ensanglanter les sols et à déchiqueter les corps! La violence de ce film fait partie intégrante de son impact viscéral, et on sent toute la rudesse de ces corps-à-corps qui malmènent durablement les protagonistes. Ca fait plaisir de voir un cinéma d’action qui va jusqu’au bout de son concept, et qui n’édulcore pas ses séquences pour faire du tout public. L’Ombre Rebelle n’est clairement pas à coller devant toutes les rétines!

Encore une fois, le travail ambitieux de Timo Tjahjanto fonctionne très efficacement, et le côté ambitieux de ce film se comprend d’autant plus avec sa fin, qui prend des airs de saga. Les fans de films d’arts martiaux indonésiens apprécieront grandement la dernière séquence, et on espère vraiment que cela ouvre sur une suite !

The Shadow Strays' Review – It's Timo Time

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