F1 (Joseph Kosinski, 2025)

Affiche du film F1® LE FILM - Photo 6 sur 20 - AlloCiné

Après les motos futuristes de Tron : l’Héritage et les avions supersoniques de Top Gun: Maverick, Joseph Kosinski poursuit son exploration de la vitesse en l’abordant cette fois par le biais du domaine sportif. En se concentrant sur la figure du vétéran Sonny Hayes, il va nous embarquer dans un récit de rédemption et de passage de flambeau certes classique (on pense bien évidemment à Creed : l’Héritage de Rocky Balboa), mais qui bénéficie toutefois d’une écriture assez incisive par moments pour que l’on pardonne les quelques poncifs jalonnant le parcours. Le personnage de Sonny Hayes rappelle furieusement celui de Pete « Maverick » Mitchell dans Top Gun : Maverick, avec sa grande confiance en lui, son attitude rebelle et son côté loup solitaire. Brad Pitt endosse parfaitement ce rôle de coureur automobile que certains voient comme un has been, mais qui trace son propre chemin sans prendre en considération le regard des autres.

Critique « F1 - Le Film » (2025) : TOP FUN !

En venant à la rescousse d’un de ses amis propriétaire d’une écurie sur le point d’être revendue suite à de trop nombreuses défaites, Sonny Hayes va faire équipe avec un jeune pilote prometteur mais n’ayant pas encore eu l’occasion de briller. Si Brad Pitt joue parfaitement le gars imprévisible ne se souciant pas des codes, Damson Idris se fond aisément dans la peau d’un rookie avide de gloire et d’exposition sur les réseaux sociaux. Encore relativement inconnu (il a partagé l’affiche de Zone Hostile avec Anthony Mackie), le jeune acteur offre un contre-point intéressant au personnage de Sonny Hayes et caractérise très justement les dérives de la célébrité moderne. Mais au-delà de cette dualité, on va avoir un scénario qui va jouer sur les rapprochements et les éloignements entre ces 2 caractères opposés, et le scénario signé Ehren Kruger et Joseph Kosinski (Kruger a notamment participé à l’écriture de Top Gun : Maverick) va jouer avec les tensions et le respect entre les 2 hommes de manière à faire surgir des émotions variées chez eux, et par extension chez le spectateur.

Entre vitesse et rivalité, Brad Pitt et Damson Idris se muent en pilotes de course sous pression dans la nouvelle bande-annonce de « F1 ». – Antidote blog.

Une fois encore, Joseph Kosinski est capable de réaliser un film d’action sans oublier d’explorer les profondeurs de ses personnages. On sent un vrai respect pour tous ces pilotes risquant leur vie, et on pense par moments aux excellents documentaire Challenge One de Bruce Brown et On Any Sunday : the Next Chapter de Dana Brown, qui se centraient sur l’univers de la moto, mais qui faisaient ressurgir ce besoin viscéral de piloter. La séquence où Sonny Hayes explique ce qu’il ressent lorsqu’il pilote démontre l’aspect déterminant des émotions dans l’existence…

F1: Film sur la Formule 1 avec Brad Pitt | auto-illustré - le magazine automobile suisse

En terme d’action, on sent que le metteur en scène américain n’a rien perdu de son enthousiasme et de sa vision, puisqu’il fait à nouveau preuve d’une très belle maîtrise visuelle et narrative dans ses séquences, qui bénéficientd’une fluidité et d’une lisibilité limpides, permettant au spectateur de totalement s’immerger dans ces courses à plus de 300 kilomètres/heure. Kosinski va multiplier les angles de vue tout au long du métrage afin de ne pas lasser le spectateur, et on va donc littéralement ressentir le stress et la vitesse que les pilotes vivent lors de leurs courses. La musique du légendaire Hans Zimmer vient très habilement se juxtaposer aux images de Kosinski, et les séquences de courses sur lesquelles on greffe du Led Zeppelin ou du Queen, ça claque quand même pas mal aussi!

F1 - Official Final Trailer (2025) Brad Pitt

Aux côtés de Brad Pitt et Damson Idris, on retrouve Javier Bardem dans un rôle légèrement caricatural de patron d’écurie, et une Kerry Condon bien moins caricaturale en directrice technique. On va évidemment avoir quelques caméos de grands noms du monde de la F1, et l’un des 22 producteurs de ce film est un certain Lewis Hamilton. Avec F1, Joseph Kosinski nous livre une oeuvre-fleuve (2h35) qui rend hommage aux coureurs automobiles passés et présents, et qui sait comment doser l’aspect spectaculaire avec le côté intimiste.

Sergio Perez is back... in this new F1 movie trailer | Top Gear

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News : Punisher et X-Men

Jake Schreier to Direct 'Paper Towns' from 'Fault in Our Stars' Author John  Green

On a 2 new très intéressantes sur le MCU ces derniers jours, et on va commencer par l’annonce du metteur en scène Jake Schreier sur le reboot de la saga X-Men! Fort du succès critique de son Thunderbolts* (par rapport à un succès commercial plus mitigé), l’Américain s’est donc vu proposer de prendre les rênes d’un des prochains gros morceaux du studio. On a évidemment pour l’heure aucune info casting ou scénario, car le projet n’en est qu’à ses premiers balbutiements, mais la solidité dont il a fait preuve avec son équipe de New Avengers donne confiance en ce futur projet!

The Punisher : Jon Bernthal s'offre un Marvel Special explosif après  Daredevil: Born Again | Superpouvoir.com

On apprend ensuite que Jon Bernthal s’est ajouté au casting de Spider-Man : Brand New Day! Le Punisher rencontrera donc pour la toute première fois Peter Parker, et on se prend à rêver d’une adaptation du fameux arc entamé avec The Amazing Spider-Man 129 en 1974, qui voyait la première apparition du fameux vigilante! Après Matt Murdock dans Spider-Man : No Way Home, les liens se poursuivent avec les séries du studio! Ce qui était fantasmé à l’époque de Netflix voit enfin le jour, et on espère que le Punisher aura un rôle plus important que dans Daredevil : Born Again!

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En bref : Peacock

Peacock (2024) directed by Bernhard Wenger • Reviews, film + cast • Letterboxd

Matthias a un métier original : il est engagé sur différentes missions lors desquelles il doit passer pour un petit ami, un fils ou un ami cultivé en fonction des demandes des clients. Il travaille pour la société My Companion qui fournit des services personnalisés et haut de gamme. Mais Matthias semble s’être perdu en chemin à travers les diverses personnalités qu’il a endossé, et sa petite amie ne supporte plus de le voir aussi vide et impersonnel.

Peacock (2024) - Filmuforia

Bernhard Wenger nous livre une sorte de comédie sociétale dans laquelle il manie un humour absurde qui met bien en avant cette dépersonnification de Matthias, incarné avec beaucoup de talent par Albrecht Schuch. On a des séquences bien drôles comme lors du passage en centre de repos qui est une critique à peine voilée des méthodes de relaxation new-age ^^ Le film avance à un rythme tranquille mais pose régulièrement un regard à mi-chemin entre le sarcasme et la compassion, et Albrecht Schuch s’inscrit très bien dans cette vision du metteur en scène, qui sait comment doser ses séquences pour en faire ressortir un humour décalé qui fait plaisir à voir.

Pfau - Bin ich echt?": Erster Spielfilm des Salzburger Regisseurs Bernhard Wenger startet im Kino | SN.at

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A Normal Family (Hur Jin-ho, 2023)

A Normal Family - Film 2023 - AlloCinéLe cinéaste coréen Hur Jin-ho a débuté sa carrière dans les années 90, et A Normal Family est le 9ème long métrage qu’il nous propose. On retrouve d’emblée la qualité esthétique chère aux productions coréennes, avec un superbe travail sur la lumière et une mise en scène très affinée. On va également retrouver cette approche très caractéristique de la psychologie humaine, avec cette sorte de froide pudeur qui va littéralement faire monter la pression. Autant de caractéristiques visuelles et scénaristiques qui nous embarquent dans un maelstrom émotionnel que l’on a certes peut-être déjà ressenti ailleurs, mais dont le niveau est assurément supérieur à la moyenne! L’entame du film est à ce titre très percutante à plusieurs niveaux, avec une réalisation impressionnante et des enjeux très forts posés dès le départ.

Bo-tong-ui ga-jog (2023) - IMDb

Jae-wan et Jae-gyu sont 2 frères aux caractères et aux aspirations antinomiques, le premier étant un médecin dont la principale priorité est le bien-être de ses patients, le second un avocat n’ayant aucun scrupule à défendre des individus peu recommandables. Sul Kyung-gu joue Jae-wan avec un calme permanent apparent, lui qui semble préférer les responsabilités qui lui incombent au travail plutôt que celles concernant sa famille. Jang Dong-gun est très bon dans la peau de cet avocat seulement motivé par l’argent, et dont la boussole morale a depuis longtemps vrillé. Jae-wan et Jae-gyu ne s’apprécient pas, mais font simplement bonne figure lors de dîners familiaux. Mais un événement tragique va les obliger à affronter leurs propres limites, et à les confronter non seulement eux deux, mais aussi avec leurs épouses. Sous le vernis des beaux restaurants ou des beaux salons, une réalité bien plus grave vient s’immiscer et va venir poser les germes d’une désagrégation lente mais incisive. Hur Jin-ho, accompagné par Eun Kyo-park, va adapter le scénario d’Herman Koch dans ce remake de The Dinner, film américain d’Oren Moverman. Je n’ai pas vu le film original, mais cette version coréenne possède une telle personnalité que l’on ne ressent pas qu’il s’agit d’une transposition.

Bo-tong-ui ga-jog (2023) - IMDb

La descente dans les abîmes bénéficie d’une très belle gradation, et on appréciera cette grande qualité d’écriture qui crée des oppositions très réalistes entre les 4 protagonistes. Auxquels il faut également ajouter leur enfant respectif, avec 2 acteurs là encore talentueux. Hong Ye-ji est impressionnante dans sa manière d’affronter la situation, et Kim Jung-chul joue parfaitement avec la retenue de ses émotions. Kim Hee-ae et Claudia Kim, dans les rôles des 2 épouses, offrent des prestations très différentes mais tout aussi importantes pour l’évolution de l’intrigue. Avec A Normal Family, Hur Jin-ho dynamite de manière sournoise et implacable ce jeu des apparences familiales, et son film est un véritable travail d’orfèvre dont la puissance vient des changements plus ou moins perceptibles dans l’approche que chaque protagoniste a des enjeux de la situation. L’évolution des mentalités de chacun, et donc de leurs rapports entre eux, crée un suspense très solide et fait d’A Normal Family une pièce maîtresse dans le genre du thriller psychologique.

Bo-tong-ui ga-jog (2023) - IMDb

Le film va poser des questions fondamentales qui vont triturer le spectateur, qui se demande lui aussi jusqu’où il serait capable d’aller pour conserver la cohésion de sa famille? L’exercice est d’une solidité à toute épreuve, et se pare d’atours esthétiques brillants.  Quand Hur Jin-ho double en plus cette approche radicale avec une mise en scène impressionnante par sa maîtrise et une vision esthétique envoûtante, on tient là une très belle pièce du cinéma coréen!

A Normal Family | Festival International du Film de Fribourg

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Life of Chuck (Mike Flanagan, 2024)

Life Of Chuck - Film 2024 - AlloCiné

J’ai découvert ce film sans avoir vu la moindre bande-annonce, ni lu le moindre article dessus, et je pense que c’est la meilleure manière de s’y plonger. Alors peut-être pas, après tout, la manière idéale est certainement de lire la nouvelle de Stephen King contenue dans le recueil S’il Saigne. En fait, c’est à vous de choisir le support sur lequel vous voulez découvrir ce récit, parce que c’est le genre d’histoire qui va vous impacter durablement, alors choisissez bien ^^

The Life of Chuck : les premiers avis sur le conte bizarre de Stephen King  par Mike Flanagan sont là

Life of Chuck, c’est ce genre d’histoire à la fois spectaculaire et pouvant paraître terriblement banale, qui va raconter des événements d’une importance capitale, tout en nous dévoilant des moments d’une apparente insignifiance. Tout n’est-il pas une question de point de vue, après tout? Tom Hiddleston trouve une fois encore un rôle à sa mesure, maniant cette fragilité et simplicité dont il a le secret, tout en captant la lumière des projecteurs lorsqu’il se laisse aller à vivre comme il en a envie. La vie de Chuck, c’est un mélange d’obligations, d’imagination, d’émotions, de regrets, de désirs, d’ambitions, de peurs… Une somme ma foi somme toute banale dans la composition d’une existence, mais que Mike Flanagan transcende avec une insouciance et une gravité que je ne lui soupçonnais pas. Il nous invite à un voyage auprès de cet homme anonyme et pourtant célèbre à sa façon, en nous faisant partager des tranches de vie dans lesquelles on entre totalement. Flanagan sait comment s’appuyer sur le texte de King (probablement, je ne l’ai pas lu ^^) pour permettre aux différents protagonistes de prendre chair sur le grand écran, et on a droit à un casting comprenant rien moins que Chiwetel Ejiofor, Karen Gillan, Mark Hamill, Mia Sara, Matthew Lillard, Jacob Tremblay, Carl Lumbly, David Dastmalchian, et même Heather Langenkamp! On se croirait presque chez Wes Anderson

Tom Hiddleston leads Stephen King's life-affirming 'The Life of Chuck'

Je ne vais vraiment pas m’étaler sur ce film, tellement la meilleure façon de le découvrir est justement d’en savoir le moins possible, mais il possède une vraie puissance émotionnelle, et on appréciera les échos lointains à certaines oeuvres du King (Carrie, Shining), tout en appréciant véritablement la très belle tenue de ce récit captivant d’un bout à l’autre! On sent que Flanagan adore le récit originel, après tout, avec pas moins de 4 adaptations de l’auteur, il est certainement l’un de ses plus grands fans! Le travail sur l’atmosphère, sur la musique, sur les cadrages, rien ne semble laissé au hasard, et pourtant on sent également une sensibilité intuitive dans la mise en place de ce film, comme si tous les moyens mis en place ont voulu déboucher sur une oeuvre prenante et réussie, bien évidemment, mais qui raconterait de la plus belle des manières l’impossibilité de prédire le déroulement d’une existence 😉

Je choisis volontairement de faire très court, car je ne souhaite aucunement dévoiler des éléments de l’intrigue, mais je peux vous assurer qu’il s’agit d’un des plus beaux films que j’ai pu voir ces dernières années. Et peut-être même plus… C’est tout ce que je dirai, allez le voir, on en reparlera après 😉

Critique | Life of Chuck : danse sur un volcan

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