Les Animaux Fantastiques : les Secrets de Dumbledore (David Yates, 2022)

Je suis plutôt un Moldu novice en matière de Wizarding World, ayant vu les films Harry Potter il y a fort fort longtemps, et ayant rattrapé mon retard sur cette seconde saga tout récemment. J’ai apprécié les premières aventures de Norbert Dragonneau, tout en trouvant le second épisode assez plat… J’ai tout de même voulu vérifier si les aventures du sorcier Poufsouffle allaient regagner en qualité, et il est vrai que l’argument le plus motivant du film est sans conteste la participation de l’excellent Mads Mikkelsen.

J’ai donc accepté de replonger dans cet univers à la fois féérique et sombre, pour retrouver les personnages des précédents films avec une intrigue ayant évolué de manière dramatique. Le début de ce long métrage signé une fois encore David Yates (il en est à son 7ème film dans cet univers!) s’avère relativement sombre, avec la mort qui plane de manière violente sur le monde des Animaux Fantastiques. On navigue dans une atmosphère lourde renvoyant presque au Seigneur des Anneaux, et on se dit que ce n’est pas forcément un spectacle pour les enfants… Par contre cela va asseoir l’aura d’un Grindelwald inflexible et sans pitié… Et la transition de Johnny Depp à Mikkelsen s’avère salvatrice pour le personnage.

Il faut dire que Depp a pour habitude d’offrir des interprétations souvent caricaturales pour ses personnages, et Grindelwald, à l’instar d’un Jack Sparrow, n’y avait pas échappé. Mads Mikkelsen lui apporte une présence froide et bien plus réaliste, ce qui en fait un adversaire paradoxalement plus imposant. Dans un monde fantastique où la magie est reine, c’est un choix relativement pertinent de proposer un ennemi à l’allure et à la gestuelle bien plus sobre, reposant principalement sur le charisme de son interprète. Mads Mikkelsen est un caméléon capable de passer du film d’auteur danois (le très bon Riders of Justice) au méga blockbuster (Doctor Strange), et c’est un réel plaisir de le retrouver à chaque fois. J.K. Rowling et Steve Kloves, scénaristes sur cet opus, vont développer les relations entre Grindelwald et Albus Dumbledore, interprété efficacement par le toujours juste Jude Law. Les 2 acteurs offrent des interactions intéressantes, et permettent de mettre en place des enjeux que l’on a envie de suivre.

Eddie Redmayne est toujours de la partie avec le rôle étrange de Norbert Dragonneau, le sorcier qui n’ose pas regarder les gens dans les yeux et qui se tient toujours de côté ^^ C’est assez déconcertant, mais à force on s’y fait ^^ Je ne suis pas spécialement fan de ce personnage, qui n’est ici que pour mettre en valeur le reste du casting, comme Dan Fogler qui gère plutôt bien son rôle de Jacob Kowalski, le Moldu qui n’a pas froid aux yeux. On retrouve également le redoutable Croyance, joué par Ezra Miller, toujours en lutte contre ses démons.

Visuellement, David Yates nous offre un spectacle maîtrisé et dans lequel on prend plaisir à plonger, maniant sa caméra avec soin pour nous investir dans ce combat entre le Bien et le Mal. On sent qu’il est en terrain connu et qu’il gère sa narration depuis plusieurs années, ce qui lui permet d’officier comme un conteur chevronné. On sent des inspirations allant chercher chez les X-Men de Bryan Singer (la lutte entre 2 espèces, dont l’une veut dominer l’autre) aux films Marvel, avec une pincée de peur historique, avec ces allusions à peine voilées au nazisme. Cela permet d’offrir un récit que l’on suit sans ennui, ponctué de quelques séquences d’action qui ne vont pas révolutionner le genre, mais qui permettent au film d’adopter un rythme plus enlevé que l’opus précédent.

La qualité de ce 3ème volet réside également dans sa capacité à insuffler quelques montées émotionnelles réussies. Au-delà des quelques épisodes de débauche visuelle à coup de combats de baguettes, ce sont les relations entre les personnages qui permettent de donner du poids au récit, lequel possède quelques dialogues forts et empreints d’authenticité. Il y a évidemment aussi quelques passages consacrés au Niffleur et à Pickett, des créatures franchement attachantes et drôles! Si on n’évite pas quelques passages convenus (l’évasion de la prison) et quelques facilités narratives, Les Animaux Fantastiques : les Secrets de Grindelwald permet de passer un bon moment en compagnie de personnages que l’on a appris à apprécier, et constitue une saga préquelle intéressante. Les vrais amateurs de Poudlard devraient y trouver leur compte, avec quelques allusions plus ou moins appuyées à l’univers d’Harry Potter, même si le récit tient debout par lui-même. La Warner avait préalablement planifiée 5 films, elle va cependant sagement attendre les retours de ce dernier opus avant de mettre en chantier le 4ème épisode. On va donc devoir patienter avant de savoir si on retrouvera un jour Teddy le Niffleur et Pickett!!!

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Riders of Justice (Anders Thomas Jensen, 2020)

Le metteur en scène danois Anders Thomas Jensen s’est fait connaître en 2003 avec sa comédie noire Les Bouchers verts, puis avec Adam’s Apple en 2005. Avec Riders of Justice, il retrouve son acteur fétiche Mads Mikkelsen pour la 4ème fois consécutive, après les 2 films cités plus haut et Men & Chicken. Si Riders of Justice sonne comme un film d’action, Anders Thomas Jensen va se servir d’un postulat de départ qui pourrait axer le film dans une veine qu’apprécierait effectivement Liam Neeson, pour proposer un traitement radicalement différent.

Lorsque sa femme et sa fille sont victimes d’un accident ferroviaire, le soldat Markus rentre au pays pour retrouver l’adolescente qui a survécu. Parallèlement, un statisticien mène une enquête sur l’accident, et en analysant les faits, il va conclure qu’il s’agissait d’un attentat. La police ne le prenant pas au sérieux, Otto va entrer en contact avec Markus afin de lui expliquer la vérité, donnant l’opportunité à ce dernier de prendre les armes afin de punir les responsables. Un point de départ quasiment obligé de mener à une débauche de scènes d’action bien violentes, mais Anders Thomas Jensen va prendre le contrepas en nous proposant une étude sociale sur tout un groupe de personnes ayant des traumas divers et variés. Avec un humour confinant à l’absurde, il va nous faire découvrir Lennart, Emmenthaler, Mathilde et d’autres encore, creusant finement dans la psyché humaine pour nous conter les existences plus ou moins brisées de chacun.

Là où Markus est l’archétype du soldat silencieux, il va être mis en contact avec un trio d’informaticiens névrosés qui vont lui être nécessaire à la poursuite de l’enquête. Otto, Lennart et Emmenthaler ont des interactions compliquées, ce qui offre des moments franchement drôles et absurdes. Jensen a rédigé un script se basant sur une idée de Nikolaj Arcel, le metteur en scène de La Tour Sombre, qui avait notamment co-écrit le scénario de Millénium, le Film ou de la saga Les Enquêtes du Département V. Jensen possède une écriture très subtile, capable de mêler l’humour et le tragique en les intriquant gracieusement, à tel point que l’on est régulièrement surpris par nos propres variations émotionnelles. Riders of Justice est un film très touchant, et qui parvient à l’être car il ne cherche pas la recette du pathos facile. La manière dont Jensen brosse les portraits de ces désaxés est faite d’humanité et d’espoir, là où il semble pourtant ne plus y en avoir.

Riders of Justice va parler du processus de deuil, de la relation difficile entre un père et sa fille qui ne se connaissent pas, de la manière dont des événements traumatiques ont été géré depuis des années, mais il va aussi parler de fraternité, de partage et de renaissance. Le tout sans appuyer fortement comme dans de nombreux films, mais avec une aisance déconcertante et un rythme très nordique qui font sacrément du bien. L’utilisation de la thématique des statistiques et des probabilités est là encore très intéressante, les personnages tentant d’y comprendre le sens de l’existence. La finalité de l’ensemble est très belle, et ce film étonne par sa force si particulière.

Mads Mikkelsen est bien évidemment très bon dans son rôle, maniant une colère sous-jacente permanente, ce qui va donner lieu à quelques situations cocasses. Nikolaj Lie Kaas (The Killing) est vraiment bon dans le rôle du statisticien Otto, et apporte beaucoup de subtilité à son personnage. Lars Brygmann apporte beaucoup d’humour et d’émotion avec Lennart, et sous ses airs facétieux va également bien aider Mathilde, la fille de Markus. Nicolas Bro est franchement drôle dans la peau d’Emmenthaler, et va lui aussi se permettre quelques moments bien émouvants. Chaque personnage à son passé qui l’a marqué, et ce sont dans leurs interactions présentes qu’ils vont y trouver un sens. La manière dont ils expriment leurs traumas et leurs craintes vont nous faire passer par différents degrés émotionnels, et ce Riders of Justice est une très belle proposition de cinéma social.

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Le clip de la semaine : Franjo – Elections présidentielles

Franjo est un humoriste qui tape souvent juste dans son analyse de la société, et qui joue habilement avec l’absurdité de notre monde. En cette période pré-élections présidentielles, évidemment qu’il va se faire un plaisir d’égratigner notre appareil démocratique ^^

 

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Les news de la semaine : Guardians of the holiday

James Gunn et toute son équipe ont profité du tournage de Guardians of the Galaxy Vol. 3 pour mettre en boîte l’attendu The Guardians of the Galaxy : Holiday Special, qui fait bien évidemment référence au fameux Au Temps de la Guerre des Etoiles (The Star Wars Holiday Special en VO), sommet du kitsch et du mauvais goût perpétré en 1978 par Steve Binder et David Acomba. James Gunn a pour habitude, à la manière d’un Tarantino, de rendre hommage à des oeuvres plus ou moins oubliées, et on apprend cette semaine que cet épisode télévisuel atterrira bien pour Noël 2022. La date précise est encore à confirmer, mais on a au moins une fenêtre de tir restreinte, pour un segment qui devrait aller encore plus loin dans l’humour. On sait déjà que Rocket, Star-Lord, Groot, Mantis, Drax et Kraglin seront de retour, on attend encore de savoir qui les accompagnera dans cette nouvelle aventure déjantée!

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Morbius (Daniel Espinosa, 2022)

Les films du Sony’s Spider-Man Universe ont cette particularité d’être à chaque fois attendus avec davantage de craintes que de hype. Après un Venom s’étant fait bâcher par la critique, et un Venom : let there be Carnage qui enfonçait le clou, les reviews de Morbius étaient sans appel et promettaient une descente aux enfers encore plus profonde que les opus précédents. Pour ma part, j’avais trouvé le premier Venom bien fun, parvenant à jouer in extremis avec le PG-13, et j’ai même confirmé ça après un second visionnage ^^ Par contre, le Carnage de Cletus Kasady m’a anéanti, et j’avais de grosses craintes sur ce Morbius, à la vue d’une campagne d’affichage relativement laide et insipide…

J’y suis donc allé sans grand espoir, sachant à quel point Sony est capable d’anéantir les bons acteurs qu’il embauche, faisant passer Tom Hardy de monstre sacré à loser beauf sans carrure… Je me doutais bien que Jared Leto pourrait souffrir du même traitement lors de sa prestation de Michael Morbius, mais il parvient tout de même à surnager davantage que Tom. Là où les critiques assassines plaçaient Morbius encore plus bas que Venom : let there be Carnage, je n’irai pas jusque-là, mais je ne le hisserai pas spécialement haut non plus.

Le gros problème de ces films à répétition, c’est justement qu’ils recyclent ad vitam aeternam les mêmes procédés et les mêmes schémas narratifs. Combien de fois a-t-on déjà assisté à la lutte d’un héros ne maîtrisant pas son pouvoir, quand son homologue maléfique bénéficie de pouvoirs similaires et en use avec machiavélisme et perversité? Il suffit par exemple d’aller voir du côté de Venom tiens, ou tiens encore plus près, du côté de Venom : let there be Carnage par exemple? Mon Dieu, est-ce que Sony ne se rendrait compte de rien??? On en déduira donc judicieusement que la même recette insipide sera utilisée pour le prochain Kraven the Hunter, qui sera forcément placé face à un autre redoutable chasseur, histoire de passer pour le plus gentil des 2 personnages…

Et c’est là toute la faiblesse de ce Sony’s Spider-Man Universe, qui n’a légalement pas la possibilité d’utiliser la figure pourtant indispensable du Tisseur. Quand un Venom, un Carnage, un Morbius ou un Kraven prennent toute leur ampleur face au héros arachnéen, qu’en est-il lorsqu’ils sont privés de leur plus grand ennemi? Ils se retrouvent à errer pendant 1h30-1h40 (la durée est un très bon choix par contre) en tentant d’être le plus gentil possible dans ce monde de brutes. Un Symbiote extra-terrestre adepte de la décapitation, un tueur en série, un vampire… On s’attend à chaque fois à des films gores et très sombres, et le résultat est à systématiquement bien plus aseptisé que ce que l’on est en droit d’espérer. Dans le cas de Morbius, ça en devient sacrément ridicule avec les poches de sang artificiel créé par le Dr Michael Morbius, dont la couleur blanchâtre permet d’éviter les effusions de rouge… Et même quand des gens se font mordre, éventrer ou éborgner, ça ne tâche pas, pas la peine d’appeler Damage Control pour venir nettoyer le sol! Après tout, il faut bien que les enfants de 6 ans puissent venir voir les aventures de ce vampire trop gentil et trop mignon avec sa capuche…

Pour le charisme du personnage, on repassera donc au vu du passage à la moulinette de la personnalité ambivalente du Morbius des comics. Le personnage tourmenté et maudit ressort un petit peu avec Leto, mais à aucun moment il ne semble prêt à franchir la limite le séparant des bad guys. C’est cette dualité permanente qui rend le personnage intéressant dans ses aventures de papier, avec à chaque instant cette possibilité de basculer dans le Mal, et cet aspect addictif bien poussé. Le personnage de Morbius est à la fois une allégorie de la dépendance à la drogue, et du serial-killer, et il doit à chaque seconde réfréner ses plus bas instincts. Le film propose quant à lui une version bien plus expurgée de ces thématiques, avec la certitude que le personnage ne franchira jamais la ligne jaune. Parce que sinon, comment pourrait-on vendre des déguisements et des figurines à son effigie pour Nöel??

Il paraît sinon que Daniel Espinosa est derrière la caméra, et on peut émettre de sérieux doutes quand on se rappelle des très bons Sécurité rapprochée et Life, Origine inconnue. On sent une fois encore le carcan imposé par les studios faisant dans le super-héroïque, qui peinent à lâcher la bride à leurs metteurs en scène. Et à l’ensemble du staff en fait… Morbius est un énième étalage de CGI immondes balancés dans des séquences virevoltantes histoire de ne pas avoir à poser la caméra, et cette stratégie du mouvement bordélique est franchement fatigante… Que dire du choix de ces trainées violettes pour mettre un peu de couleur dans ce monde si sombre? Et pourtant, il y a quelques idées sympas, comme le système d’écho-location de Morbius, même si celui de la première saison de Daredevil s’avère plus réussi. Et j’ai failli oublié ses ralentis dégueulasses qui ne mettent rien du tout en valeur! Voilà voilà…

Le personnage incarné par Matt Smith (Doctor Who) est d’un ridicule total, sans que cela semble déranger l’acteur, et on a réellement l’impression de se retrouver dans une pauvre série fantastique des années 90, avec ce maquillage dégueulasse qui donne plus envie de rire, ou de pleurer, mais pas de flipper… Je pense qu’on tient là un des pires persos de l’univers Marvel, et je ne crois même pas qu’il existe dans les comics. Et franchement, je n’ai même pas la foi de chercher… Adria Arjona (True Detective, 6 Underground) fait ce qu’elle peut avec le personnage féminin qui est le love interest classique, et elle parvient à rendre crédible sa Martine Bancroft, même si le script n’a pas grand-chose à lui offrir. Le reste du casting joue poliment, et on se retrouve donc encore une fois face à une oeuvre qui se veut calibrée, mais qui dans son absence de prise de risques et d’innovation, ne parvient à avoir que très peu de prises vis-à-vis du spectateur. On retiendra quelques plans où Morbius a vraiment la tronche de son homologue de comics, mais qu’est-ce que c’est dommage de mettre ces plans de changement de visage qui sont franchement hideux…

Bref, le Sony’Spider-Man Universe est loin d’être sauvé, et Spidey manque cruellement, car si les personnages avaient été utilisés en tant qu’ennemis du Monte-l’Air, ils auraient certainement eu davantage de charisme et d’ampleur. Mais là, en voulant à tout prix les faire passer pour des héros, ça ne fonctionne juste pas… Edulcorer un vrai personnage de méchant pour le faire rentrer dans le moule du super-slip, c’est clairement la mauvaise idée de ces dernières années, comme peuvent en attester douloureusement Suicide Squad et The Suicide Squad tiens également… Tant que Peter Parker ne viendra pas distribuer une bonne fois pour toutes des mandales à tout ce beau petit monde, on devra se contenter de films de niche qui répéteront la même rengaine pendant de longues années… On regarde ce genre de film sans en comprendre l’intérêt réel, tant les personnages vivotent dans leur coin sans trouver d’ennemi à leur hauteur… Bon, sinon il y a 2 scènes post-générique, je vous laisserai juger de leur intérêt…

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