2011, 2013, 2014, 2016, 2017, 2019 (et encore 2019) et 2023. On ne peut pas dire que Charlie Brooker ait choisi la régularité pour sa série d’anticipation anthologique, mais il semblait davantage privilégier le fait d’attendre d’avoir des sujets à développer avant de remettre le couvert. A sa sortie, Black Mirror a été une proposition bien innovante dans le monde de la petite lucarne, et l’auteur a dû tenter de se réinventer perpétuellement afin de permettre à sa série de conserver son statut culte. Comme c’est malheureusement souvent le cas dans ce genre de production, il y a tout de même eu des baisses de régime et quelques ratages disséminés dans l’ensemble des 27 épisodes diffusés. Et cette saison 6 est sans conteste la plus faible de toute son histoire…
L’alignement de stars n’est donc pas synonyme de réussite flamboyante, sinon les noms de Salma Hayek, Aaron Paul, Josh Hartnett, Zazie Beetz, Kate Mara, Michael Cera ou Cate Blanchett aurait en principe suffi à conserver un certain niveau. Ici, on a davantage l’impression qu’ils servent de porte-nom afin de meubler un net déclin d’originalité et d’inspiration… Même s’il y a tout de même 2 épisodes à sauver, mqui sont toutfois loin d’être inoubliables. Mais face à cette perte de vitesse, autant souligner ce qui reste au moins regardable…
On va donc procéder par ordre, avec Joan is Awful, starring Salma Hayek, Michael Cera et Cate Blanchett. Pour ces 2 derniers, ne vous emballez pas trop par contre. Ca commence de manière soft avec une employée d’une entreprise de technologie qui a une vie sans trop de relief, et qui va se rendre compte que cette vie-là est adaptée de manière quasi-instantanée sur une chaîne de streaming nommée Streamberry. Qui utilise la typographie et le tou-doum de Netflix, oui. La mise en abyme est incroyable, wouah. Bref, il y a tout de même une légère réflexion intéressante sur l’utilisation des IA afin de créer du contenu culturel, tant au niveau scénaristique que dans la générer d’images. Charlie Brooker n’est clairement plus en avance sur son temps, il s’est fait rattraper par le réel ^^ Il choisit un angle d’attaque absurde afin d' »égratigner » le monde de la culture, mais franchement, entre l’humour scato et le côté Inception vu et revu, ça casse pas 3 pattes à une Hayek… Je ne comprends même pas l’intérêt pour elle de venir se ridiculiser dans un truc comme ça… Ca commençait donc très bien, cette salve 2023…
Je n’ai pas spécialement envie de développer, alors on va directement passer au second épisode, Loch Henry, qui se rapproche davantage de V/H/S que de Black Mirror… Je ne comprends pas l’intégration de ce court dans cette anthologie, mais bon, pourquoi pas si ça fait plaisir à Charlie… Je trouve les acteurs mauvais, sauf Daniel Portman et allez, John Hannah qui fait du John Hannah. Un réal de documentaires invite sa petite amie à rencontrer sa mère dans son village perdu d’Ecosse, et comme sa copine est aussi férue de docs, et que tiens c’est pratique, il y a un tueur en série qui a justement oeuvré ici, et bien c’est l’occasion de creuser le sujet et d’en faire un nouveau docu à sensations pour une chaîne spécialisée (non, ce n’est pas Streamberry). C’est hyper laborieux à se mettre en place, on se fout compllètement des personnages et de leur obsession pour ce sujet, mais heureusement la seconde moitié commence à devenir intéressante avec une petite découverte sympa dans cette nouvelle enquête. Mais bon, ça aurait duré moitié moins ça aurait été bien sympa, et surtout, ça ne vole pas plus haut qu’une production lambda.
Ah l’épisode 3 que tout le monde a apprécié voire adoré, avec Aaron Paul, Josh Hartnett et Kate Mara. Dans la continuité des 2 précédents, je me suis vraiment pas mal emmerdé, avec un récit qui se veut novateur et une utilisation d’un système de transfert de conscience que James Cameron avait déjà évoqué dans un certain Avatar il me semble… Bref, le placer dans une époque révolue (on est dans un univers alternatif à la fin des 60’s) s’avère sympa, mais tout ce qui va découler va mettre des plombes à se mettre en place, alors qu’on se doute bien de ce qui va pouvoir se passer… Passées les 10 premières minutes, il n’y a plus aucun suspense palpable, et pire, on se contrefout totalement de ce qui peut arriver aux persos. Même l’utilisation de cette technologie nous laisse froid, alors que l’aspect ludique ou dramatique de la chose aurait pu nous intéresser un minimum. Et qu’est-ce que c’est interminable !!! Je ne vous dévoilerai donc pas la fin d’une banalité affligeante, et hop, par un tour de passe-passe, on va passe-passer aux années 2000!
On fait donc un bond de 30 ans pour suivre Zazie Beetz, méchante paparazzi (pléonasme) qui cherche à se faire du fric sur le dos de pauvres stars cocaïnées ou qui trompent leur femme. Ca commence donc comme un règlement de compte envers cette frange de la population vivant tel des rapaces aux basques des frasques des célébrités hollywoodiennes, mais le propos est plutôt bien traité et présente un minimum d’intérêt. Surtout après le vide quasi-abyssal des 3 premiers épisodes. J’ai eu un peu peur quand il y a eu la virée nocturne de la star hollywoodienne, puisque cela rappelait furieusement le concept de l’épisode Crocodile de 2017… Mais heureusement, le traitement ne sera pas similaire, et cette proposition Mazey Day offre 2-3 surprises intéressantes, avec une critique bien acerbe du cynisme des paparazzis, et ce jusqu’à cet avant-dernier plan bien glaçant. Je ne vous en dévoilerai pas davantage si jamais vous souhaitez le tenter, mais l’ambiance est réussie et ça donne presque espoir. Mais bon calmez-vous hein, ç’est juste un épisode sympa, on est pas sur du 15 Millions de Mérites ou Phase d’Essai.
On arrive déjà au bout de l’anthologie, avec Démon 79, qui comme son nom l’indique peut-être, se déroule en 1979, et va nous présenter un démon. Le grain rétro fait plaisir, la qualité des décors et des costumes est classe, et Charlie Brooker va puiser dans une veine absurde et satirique qui n’est pas si mal pour terminer cette saison. Anjana Vasan incarne Nida, une jeune vendeuse de chaussures d’origine indienne, qui va faire la rencontre du démon Gaap, incarné par Paapa Essiedu. Je ferai l’impasse sur l’explication de l’apparence du démon, mais elle est franchement drôle ^^ Nida a une mission toute simple afin de sauver la Terre de l’Apocalypse : elle a 3 jours pour tuer 3 personnes. Simple, efficace. Mais pour une jeune femme effacée comme elle, pas facile de se mettre à ôter des vies, et il va falloir chambouler un peu son qotidien pour qu’elle s’y mette. Sa relation avec ce démon est bien écrite et Brooker instille un humour salvateur, avec notamment les règles concernant les meurtres ou le détachement de Gaap sur ce type d’acte. Paapa Essiedu est franchement bon dans le rôle, et Anjana Vasan se débrouille bien aussi. On est dans un registre un peu plus léger même si l’épisode se permet quelques moments bien saignants, mais le sujet est sympa et traité avec soin, c’est déjà pas mal pour cette saison.
Voilà voilà, rien de très transcendant cette année donc avec cette série, et on se dit que Brooker pourrait commencer à songer à la laisser reposer en paix?