Secret Invasion (2023)

Secret Invasion avait le potentiel pour être l’oeuvre Marvel Studios qui redresserait enfin la barre, et qui pourrait remettre le MCU dans le droit chemin. Le retour de Nick Fury, une tonalité plus sombre, un récit paranoïaque, l’adaptation d’un comics à l’échelle planétaire… Je viens de relire ma chronique sur le comics Secret Invasion, que j’ai relu alors que l’annonce de la série venait d’être faite, et mon espérance quant à cette adaptation est emplie d’une belle naïveté… ^^ Parce que comme la quasi-totalité des productions du MCU depuis maintenant 2 ans, les producteurs et scénaristes n’ont qu’une seule idée en tête, dénaturer totalement le matériau de base… On peut dater cette déchéance juste après le terme de la Saga de l’Infini, puisqu’après avoir combattu Thanos, les idées ont commencé à manquer… Il faut dire que la construction de ce grand ensemble architectural aura été très bien dosée, mais que la suite a été bien moins anticipée… C’est avec la Phase IV que ça a sérieusement commencé à déconner, et plus précisément avec l’arrivée des séries Marvel Studios. Mises à part Loki et Hawkeye, le reste était d’une indigence sans nom, et l’ouverture avec WandaVision a immédiatement alarmé sur le potentiel destructif de l’entreprise…

Quel est l’intérêt de prendre une option sur un titre qui va parler aux fans des comics, pour au final passer complètement à côté de ce que représente justement ce comics? On en avait déjà eu un aperçu avec Captain America : Civil War, qui n’avait strictement rien à voir avec le superbe Civil War. Dans le comics, on a une centaine de héros qui se mettent sur la gueule avec un véritable enjeu politique; dans le film, on a 10 super-héros qui se mettent sur la gueule sur le tarmac d’un aéroport le temps de balancer 2-3 vannes en même temps… La dimension est loin d’être la même, et quand on nous annonce du Secret Wars à venir, on craint d’être bien plus proche d’un Multivers à la The Flash qu’à la collision planétaire de ce dingue d’Hickman! Bref, tout ça pour dire que Secret Invasion, la série, c’est un putain de pétard mouillé !!!

On va commencer par ce bon vieux Nick Fury, héros badass par excellence. Moui, donc ça c’était à l’époque, parce qu’il n’en reste plus rien de ce Samuel L. « motherfucker » Jackson, à part un papy Fury tout fatigué qui prend une camomille avec sa femme. C’est assez difficile à encaisser de voir celui qui est censé être l’agent secret le plus cool de l’univers avoir des dialogues insipides sur son enfance et se faire entuber à ce point par ses alliés. Par exemple, c’est lors d’un échange qu’il veut ludique qu’il va apprendre que les Skrulls sont en fait des millions à vivre sur la planète!!! Alors que c’est lui qui a pris les extraterrestres en charge depuis les événements de l’atroce Captain Marvel! Et en plus, Fury a fait une promesse à ce peuple qu’il n’a jamais tenue, donc on repassera pour la confiance envers lui…

C’est quelque peu gênant d’avoir comme personnage principal un loser de cette envergure, mais ce ne sont pas les autres protagonistes qui relèveront le niveau. Le méchant du show est tout sauf emblématique, histoire de bien respecter la fadeur des bad guys depuis Thanos. Gravik, un Skrull dont on a strictement rien à foutre, va même se la jouer Super-Skrull dans des séquences bien gênantes, parce que le costume et le masque en plastique verts ne permettent pas vraiment de porter l’emphase sur la toute-puissance… D’ailleurs, c’est quand même dingue pour une race d’extraterrestres voulant assumer leur statut, de vivre constamment avec la tronche d’humains… Parce que pour ceux qui ne le savent pas, les Skrulls sont métamorphes et peuvent prendre l’apparence de n’importe qui. Ils vivent donc comme des réfugiés dans un lieu loin des humains, ce qui leur permettrait en toute logique de garder leur apparence originelle. Mais comme ça doit coûter trop cher en effets visuels, autant ne pas leur fabriquer trop de masques verts! C’est complètement débile? Oui tout à fait.

Que dire d’autres encore? Ah oui! Secret Invasion le comics s’intéressait à l’infiltration de Skrulls dans le rang des super-héros. On attendait au moins ça de la série, et je pense que ça n’était pas une demande trop exagérée. Mais comme là encore, ça aurait coûté bien trop cher de faire cachetonner les acteurs de super-héros Marvel, on se dit qu’on va juste prendre un personnage et un acteur de 3ème zone, et que les Skrulls se contenteront de prendre la place de politiciens. Aaaah j’avoue c’est moins fun et coloré, mais Marvel Studios n’est qu’un petit studio appartenant au petit groupe Disney, faut pas déconner ils n’ont pas les moyens de créer une saga d’envergure… Donc chaque découverte de personnage infiltré ne va strictement générer aucun impact émotionnel. On atteint le niveau zéro du thriller d’espionnage parano, et en soi on pourra noter cela comme une très belle performance.

J’ai beau tenter de trouver qui pourrait ressortir du casting, il n’y a strictement personne… Quand on a joué Daenerys, c’est difficile de de passer à autre chose, et ce n’est pas ce rôle minable qui relancera la carrière d’Emilia Clarke. Kingsley Ben-Adir en fait des caisses dans le rôle de Gravik, Don Cheadle est irritant, Samuel L. Jackson donne envie de pleurer… Personne ne vient rehausser le niveau de ce show, et ce ne sont certainement pas l’écriture et la mise en scène qui vont améliorer quoi que ce soit. L’ensemble est d’une platitude sans nom, les enjeux ne fonctionnent à aucun moment, il n’y a aucune émotion même lorsque des personnages meurent, c’est dire le niveau d’implication des spectateurs… Marvel Studios a touché le fond depuis un moment, et Secret Invasion arrive comme une ultime confirmation de l’irrespect total du studio envers les spectateurs, et ce qui pouvait être le pivot d’un changement salavateur ne fait qu’entériner la procédure destructrice à l’oeuvre depuis quelques années… She-Hulk : Avocate avait presque réussi à me faire arrêter toutes ces conneries… Secret Invasion ne passe pas loin non plus… On a véritablement l’impression que Disney cherche avant tout à se saborder, comme si le groupe était infiltré par des agents anti-Marvel qui agiraient tels des Skrulls… Les prochaines potentielles daubes à venir sont The Marvels, Echo, Ironheart et Agatha : Coven of Chaos. Ma motivation se meurt à chaque nouvelle production ^^

Faites revenir David « Motherfucker » Hasselhoff !!! ^^

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Resident Evil : Death Island (Eiichirô Hasumi, 2023)

6 ans après nous avoir livré l’excellent Resident Evil : Vendetta, Quebico nous livre une suite mise en scène par Eiichiro Hasumi, qui avait notamment assuré le même poste sur la série d’animation Resident Evil : Infinite Darkness. Bon, j’avais arrêté celle-ci au bout du 1er épisode, mais la qualité de Resident Evil : Vendetta m’a quand même donné envie de tenter cette suite!

Et il faut avouer qu’elle démarre sous les meilleurs auspices, avec une qualité de réalisation qui n’a rien à envier au superbe travail de Takanori Tsujimoto sur le film précédent. On se retrouve dans de l’animation très adulte et hyper-sérieuse, prenant le temps de poser quelques bases psychologiques pour ses personnages, et l’ensemble est tourné avec la même approche que pour un film live. Le choix des cadrages, l’utilisation de travellings apportent un véritable regard cinématographique, et quel soin apporté au détail de l’animation! Lorsque Leon S. Kennedy se lance sur l’autoroute avec sa moto, le réalisme des reflets sur son véhicule est impressionnant, et dans l’ensemble du film, il y a un très beau soin apporté à la lumière. La séquence où Jill Valentine pénètre une habitation et joue de sa lampe torche pour éclairer brièvement les lieux est un régal, car c’est stratégiquement très utile et cela participe activement au stress de ce moment.

On passera sur les quelques entorses au réalisme lors de la poursuite sur autoroute, mais graphiquement ça vaut le détour! Leon nous avait déjà donné un aperçu de ses talents de motard dans l’opus précédent, il se fait un plaisir de réitérer ici ^^ Tiens d’ailleurs, j’ai évoqué Jill Valentine qui ne participait pas à Vendetta, mais on retrouve donc Leon ainsi que Chris Redfield et sa soeur Claire Redfield, ainsi que Rebecca Chambers. On a donc les 5 stars iconiques des jeux vidéos réunis pour partager la même aventure, qui va les conduire dans un lieu mondialement connu, la prison d’Alcatraz! Le virus-T semble réémerger depuis ce lieu touristique, et la team va s’infiltrer afin de remonter la piste… Et dès leur arrivée, des gens vont commencer à se transformer sans raison apparente en zombies, ce qui va donner lieu à une séquence très bien faite encore une fois.

Le film va pourtant commencer à patiner un peu lors d’un long passage calme qui permettra au bad guy de venir se présenter. Si ses origines sont très bien traitées, avec notamment une scène d’intro vraiment classe se déroulant à Raccoon City, son côté folie démiurgique va altérer quelque peu sa portée. Passé ce moment, le film aura du mal à retrouver sa verve précédente, et va se comporter comme un actioner honnête mais moins pêchu que prévu. C’est bien dommage, car on avait notamment eu précédemment une très belle séquence se permettant même un superbe hommage à Alien 3 ^^ Mais la lutte contre le boss de fin de niveau reste plus convenue avec son lot de changements d’armes, qui rappelle avec un léger humour à quel point c’est difficile de les shooter définitivement dans les jeux ^^ Il y a quand même un soin apporté aux séquences de combats, que ce soit au corps-à-corps ou par armes à feu, et on appréciera le travail chorégraphique de l’ensemble! La séquence où Jill combat un zombie dans la maison est bien classe par exemple, avec une belle inventivité lors de son final!

Resident Evil : Deeath Island est un bon moment, qui a peut-être commencé trop fort et n’a pas su tenir le rythme imposé jusqu’au bout, mais il reste un spectacle intéressant. Il est cependant très loin du niveau de son prédécesseur, que je ne peux que vous recommander!

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Le clip de la semaine : Urban Species – Blanket

C’est à la fin des années 80 que se forme le groupe londonien Urban Species, qui s’affirmera comme une référence durant la décennie suivante en mêlant hip-hop, acid jazz, reggae et autres influences dans le but de créer des sonorités uniques autour de son chanteur Mintos. Ils se sont associés à deux reprises à la chanteuse britannique Imogen Heap, pour les titres Predictably Unpredictable et Blanket. On s’intéresse aujourd’hui à cette seconde collaboration, grâce à un live de la belle époque de Nulle Part Ailleurs sur Canal +, qui nous permet de savourer toute la grâce de ce morceau et de cette voix envoûtante. Je vous recommande fortement l’écoute de l’excellent 2ème album du groupe dont est issu ce titre, et qui se nomme lui aussi Blanket.

 

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Les news de la semaine : c’est la merde

Depuis le 11 mai, un intense mouvement de grève secoue le monde hollywoodien, avec pas moins de 11000 scénaristes syndiqués ayant stoppé le travail. Des négociations entre la WGA (Writers Guild of America) et l’AMPTP (Alliance of Motion Picture and Television Producers), incluant également le syndicat des scénaristes, des studios, des chaînes de télévision et de streaming, avaient lieu depuis le mois de mars, mais n’ont strictement rien donné. Les revendications concernaient une meilleure rémunération et reconnaissance du travail des scénaristes, mais également un encadrement législatif sur l’intelligence artificielle, qui est en plein essor. Je vous mets le lien vers un excellent article de Comicsblog qui reprend l’essentiel des revendications.

 

Avant-hier, le jeudi 13 juillet, le syndicat des acteurs (la SAG-AFTRA), a rejoint le mouvement (avec Fran Drescher, alias Une Nounou d’Enferà sa tête!), ce qui bloque ainsi immédiatement tous les tournages de films et de séries en cours. On a donc notamment Deadpool 3 et Venom 3 qui se mettent en pause, et l’ensemble de la production risque d’être décalé si un accord n’est pas rapidement trouvé.

On se retrouve donc dans une situation de crise risquant d’avoir des répercussions similaires à la période du Covid-19, avec des arrêts de tournage, des modifications de date de sortie, des périodes très creuses et un embouteillage lors de la reprise… Tout va maintenant dépendre de la durée des négociations, on va croiser les doigts…

 

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Mission : Impossible : Dead Reckoning Partie 1 (Christopher McQuarrie, 2023)

On se rappelle avec plaisir du précédent Mission : Impossible – Fallout, sorti dans le monde d’avant (2018), et la comparaison va du coup être rude à avaler à la vue de ce 7ème opus, qui perd progressivement tous les ingrédients agréables de la saga (qui a vraiment démarré avec Mission :Impossible III). Ethan Hunt se voit une énième fois proposer une mission qu’il a poliment le droit de décliner, avec récupération d’un McGuffin et accessoirement sauvetage de la planète. Une journée comme les autres pour l’agent Hunt et son équipe.

Ca commence pourtant de manière sympathique, avec des vilains militaires russes à l’accent bien parodique, et une séquence plutôt agréable dans le cadre d’un aéroport, où Christopher McQuarrie gère tout ce beau petit monde de manière fluide, en mettant en scène les fameux tours de passe-passe pour récupérer l’objet tant convoité, la mystérieuse clé en 2 parties. On se croirait par moment dans Insaisissables… Mais si cette séquence fonctionne, c’est parce que c’est la première du film, qui sera par la suite inlassablement répétée en apposant des variations afin de donner l’illusion du mouvement au spectateur : on va inclure une poursuite en voiture, un voyage en train, et ainsi en profiter pour multiplier les décors : on passe du désert à la montagne ensoleillée, en passant par les canaux de Venise et le Colisée… Le cahier des charges du parfait James Bond movie est respecté, il faut offrir des paysages différents aux spectateurs, ainsi que des poursuites à pied et avec divers véhicules, et inclure 2-3 combats au corps-à-corps pour faire bonne mesure.

Comme le sentiment d’être sur un chemin des plus balisés est très prégnant, il est normal que les personnages soient également ultra-lisses, alors qu’ils possédaient une certaine texture dans les opus précédents. Ici, Luther et Benji ne fonctionnent même pas en tant que comic relief, et on sent que les scénaristes ne s’en servent que parce qu’ils n’ont pas pensé à les tuer précédemment… Même Ethan est plus fantomatique qu’à son habitude, et Tom Cruise ne parvient plus à apporter tout son charisme au personnage… On suit donc ce (très/trop long) film (2h43, c’est presque devenu la norme hollywoodienne) avec de plus en plus de difficulté, et avec de plus en plus de détachement par rapport à une intrigue lors de laquelle le suspense s’étiole de scène en scène. On sait pertinemment quand tel personnage va mourir, et lesquels ne mourront jamais quelle que soit la situation dans laquelle ils se trouvent. Mention spéciale au plagiat de la sublime scène d’ouverture d’Uncharted 2 : Among Thieves, à laquelle on ne peut cesser de penser à chaque instant! Le travail de Neil Druckmann est tellement au-dessus de celui de McQuarrie!

La fameuse scène à moto teasée en long, en large et travers, interprétée par Tom Cruise himself, avait de quoi donner envie, mais quand on voit qu’elle dure à peine 15 secondes, on se demande si ça valait le coup d’en faire tout un plat… Même s’il s’agit du seul moment vraiment prenant du film avec cette notion de vertige et de danger. Mais tout ça pour un truc qui dure le temps de cligner 2 fois des yeux… Pour la petite histoire, cette scène aura nécessité 15 mois de préparation et 536 sauts en mode entraînement à Tom Cruise…

Et sinon, niveau casting, ça fait plaisir de revoir Haylee Atwell, la fameuse Agent Carter, qui est une des actrices qui s’en sort le mieux dans ce film. La Française Pom Klementieff joue la bad girl, elle qui incarne habituellement Mantis chez Les Gardiens de la Galaxie. Le grand méchant  incarné par Esai Morales est caricatural à mort, et on a droit à des séquences de grand n’importe quoi pour justifier un semblant d’émotion, comme ce duel à l’épée et au couteau idéalement situé sur un pont, ce qui donne un très joli cadre tellement réaliste pour une mise à mort… Les aberrations sont nombreuses dans ce film, comme les moments où l’action effectuée se fait in extremis avant un impact mortel, et ça fatigue très vite je vous assure… Et sérieusement, ce combat sur le train??? Il n’y a aucun suspense dans ce film, et la portée dramatique ne fonctionne pas, et McQuarrie a perdu de sa motivation et de son inspiration, avec une mise en scène bien plate… En même temps, à chaque séquence, on se dit bordel, c’était quand même vachement mieux foutu dans John Wick : Chapitre 4 !!!

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