Cela faisait 5 ans que l’on n’avait pas eu de nouvelles de Robert McCall, le mystérieux bienfaiteur bouclant enfin sa trilogie cette année. La paire Antoine Fuqua–Denzel Washington se reforme donc après un second opus datant de 2018, à la qualité moindre que le 1er volet signé en 2014. Cette fois-ci, on va délocaliser l’action vers les paysages ensoleillés de l’Italie, ce qui va permettre de redonner un bon coup de fouet à la saga.
Après s’en être pris à des mafieux russes et à un ancien militaire, McCall sera confronté à la mafia italienne sévissant dans les environs de Naples. L’entame du film nous place de manière stylisée dans une ambiance bien violente, mais en nous la présentant paradoxalement de manière très calme. Antoine Fuqua pose une atmosphère très intéressante tout en jouant sur les aspects graphiques des mises à mort. On retrouve un McCall lui aussi d’un calme olympien, même si la mue violente couve et que l’élément déclencheur est tout aussi rapide que dans les films précédents. Antoine Fuqua joue moins sur l’étirement de la temporalité que lors du premier film, mais on apprécie toujours le côté flegmatique de l’excellent Denzel Washington.
Suite à cette introduction réussie, on va avoir droit à une phase d’acclimatation de McCall à son nouvel environnement, et dans une ère où tout va trop vite, cela fait un bien fou de voir le réalisateur prendre le temps de poser l’atmosphère et les personnages de cette petite ville. C’est très appréciable de voir comment McCall se fond peu à peu dans cette ville, dont il apprend à aimer chacun des aspects, ce qui l’obligera à prendre des choix radicaux lorsqu’il découvrira à quel point le crime organisé gangrène la cité ensoleillée. Dès lors, on va se retrouver dans un vigilante movie à l’ancienne qui fait plaisir à voir, avec un McCall très froid et très sûr de lui, qui ne va pas ciller face à cette bande de mafieux à motos. La séquence du restaurant est d’une épure et d’une efficacité redoutable, et sera le déclencheur d’une violence assumée et très maîtrisée de la part du nouvel arrivant.
Ce 3ème épisode revient à des fondamentaux qu’avait un peu délaissé le second, qui se concentrait davantage sur la période retraite de McCall. Ici, il décide de revenir rapidement aux affaires, car il n’a pas le choix s’il veut préserver la tranquillité des habitants. Dans ce superbe écrin fictif d’Altamonte situé en Sicile, Antoine Fuqua va faire preuve d’une très belle maîtrise graphique afin de nous dépeindre cette variation des Sept Mercenaires menée par un seul homme. On apprécie ces moments de tension précédant l’engagement de la violence, et la stature solide d’un personnage qui ne négociera jamais avec l’ennemi. La manière dont McCall fait preuve d’un mélange de bienveillance et de menace lorsqu’il prévient ses ennemis, apporte là aussi une certaine solidité à la tension entre les 2 camps.
Lorsque la brutalité surgit, elle le fait de manière aussi soudaine que rapide, et Denzel Washington excelle dans le rôle de ce tueur implacable agissant au nom d’une justice pour le peuple. Après avoir assisté à des scènes très tendues où les mafieux s’en prennent aux citoyens, il y a une certaine jouissance cinématographique à voir McCall régler leur compte à ces criminels! Equalizer 3 agit comme un très bon vigilante movie, prenant place dans un écrin de toute beauté, jouant sur les paradoxes entre ce lieu magnifique et les exactions qui y sont perpétrées. Fuqua emballe l’ensemble de très belle manière, étant très à l’aise dans sa mise en scène fluide qui fait bien ressortir la très belle atmosphère de cette ville. Sans être un chef-d’oeuvre, Equalizer 3 rehausse le niveau de la saga et remplit son office de thriller lumineux agrémenté de passages bien sombres!