The good Criminal (Mark Williams, 2020)

Entre Non-Stop, Balade entre les Tombes, Night Run, The Passenger, Sang froid… Il semble que Liam Neeson soit éternellement coincé dans les décalques de Taken, et qu’il soit continuellement obligé de savater du bad guy à longueur de filmographie. The good Criminal est une énième variante d’un Liam Neeson, qui est devenu en quelques années une sorte de marque de fabrique pour thrillers plus ou moins nerveux, rendant ainsi hommage à ces bonnes vieilles figures d’antan tels Mel Gibson ou Clint Eastwood.

On est donc en terrain balisé avec The good Criminal, dans lequel Neeson incarne Tom, un braqueur de banques bien décidé à se ranger après avoir rencontré la femme de sa vie. Mais ses nouvelles résolutions vont être mises à mal avec la cupidité de deux agents du FBI, qui comptent profiter des aveux de Tom pour lui subtiliser l’argent dérobé toutes ces années. La situation va rapidement dégénérer, et Tom va se retrouver en mauvaise posture, et dans l’obligation de réagir fortement afin de prouver son innocence.

Le producteur Mark Williams (Mr Wolff, Ozark) en est à sa deuxième tentative en tant que metteur en scène après Last Call avec Gerard Butler, et on ne peut pas dire qu’il ait une vision singulière. Il se contente d’emballer le tout correctement, sans y ajouter de véritable personnalité, mais ça fonctionne simplement le temps du récit. Récit qu’il a rédigé à 4 mains avec Steve Allrich, et qui lui non plus ne s’avère pas transcendant. Ils se contentent de créer des personnages qui vont être utiles au développement de l’intrigue, sans leur donner trop d’épaisseur. Mais grâce aux acteurs, cette absence de complexité passe encore, et on va suivre l’histoire avec un certain intérêt. Il faut dire que depuis qu’on le voit tatanner des tronches, on aime bien cette figure vengeresse de Liam Neeson, alors même quand il le fait en mode plus pépère, on parvient tout de même à apprécier. Neeson parvient à être touchant avec un point de départ qui peut flirter avec le ridicule, avec cette histoire de rédemption pour les beaux yeux d’une femme. Mais l’alchimie entre lui et Kate Walsh fait que l’on accepte d’y croire. Kate Walsh (Grey’s Anatomy) apporte une sorte de douceur et de vitalité à cette femme divorcée qui ne croyait plus un jour rencontrer quelqu’un à qui faire confiance…

A 68 ans passés, Liam Neeson doit bien composer avec son âge et ne peut plus avoir la fougue d’un Bryan Mills (le personnage des Taken), et compose donc différemment pour se sortir de cette situation périlleuse. Même s’il se retrouve à un moment face à Jai Courtney en combat au corps-à-corps, et qu’on peut difficilement croire que Courtney ne parvienne pas à le rétamer, on va laisser le bénéfice du doute à papy Neeson qui semble encore en forme. Mais le film va majoritairement éviter les confrontations trop physiques, et va mettre en avant ses talents hérités de son passé de démineur. On se retrouve donc dans un film policier dans lequel le mode action n’est pas des plus vifs, et qui va davantage s’appuyer sur une intrigue dans laquelle les deux agents du FBI (Jai Courtney et Anthony Ramos) vont se retrouver de plus en plus coincés par leurs actions. On est plus proche d’un The Foreigner que d’un Taken, avec une certaine retenue au niveau de l’action.

Mais ça reste toutefois intéressant, et même si le thème du flic corruptible a été vu des centaines de fois (au hasard, dans Manhattan Lockdown en début d’année), le film déroule sa partition connue avec certes peu d’originalité, mais avec soin. Ca fait bien plaisir de retrouver ce bon vieux Robert Patrick, qui ne peut évidemment plus courir aussi vite qu’à l’époque du T-1000… Et le personnage incarné par Jeffrey Donovan apporte une touche absurde bienvenue. The good Criminal (qui n’est même pas le titre original, puisque c’est Honest Thief… Cette manie de faire des titres français en Anglais est totalement débile…) est un film policier qui ne brillera pas par son originalité, mais qui peut compter sur le capital sympathie de ses acteurs pour tout de même capter l’attention des spectateurs.

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Relic (Natalie Erika James, 2020)

1er long métrage de la touche-à-tout Natalie Erika James (elle a déjà travaillé en tant que monteuse, costumière, a bossé sur l’éclairage ou encore sur le son), Relic s’inscrit dans une veine horrifique moderne touchant au tissu social, et dont les répercussions sont plus diffuses que directes. On pense assez rapidement au Mister Babadook de Jennifer Kent, bien que Relic n’égale pas sa portée sensorielle et horrifique. On pense dans une autre mesure aux oeuvres d’Ari Aster, comme Hérédité ou Midsommar, qui se parent d’une tension graphique et de problématiques sociales apportant un éclairage particulier.

Natalie Erika James va avancer par touches moins brillantes d’une certaine manière, dans le sens où elle ne va pas composer des cadres ressemblant à des tableaux comme Ari Aster, mais va s’intéresser à une réalité plus organique. Ari Aster traite aussi de l’organique, mais de manière plus picturale. James quant à elle, va filmer avec une autre approche sensorielle, dans une volonté de serrer au plus près la réalité du quotidien de ses personnages. C’est en cela aussi que l’on peut la rapprocher de Jennifer Kent. Serait-ce dû à une sensibilité australienne? ^^

Lorsqu’elle apprend que sa mère Edna ne donne plus de signes de vie, Kay va se rendre avec sa fille Sam dans la demeure familiale afin de comprendre ce qui a pu se passer et surtout retrouver la vieille femme. Natalie Erika James pose dès le départ une atmosphère pesante, lestée par une menace sourde se diffusant autour d’Edna. L’actrice Robyn Nevin (qui jouait dans Matrix reloaded et Matrix Revolutions) impose une présence inquiétante par un jeu corporel très habité, et va jouer cette femme perdue dans sa grande demeure avec talent. A ses côtés, Emily Mortimer (Match Point) joue Kay, apportant une belle sensibilité à cette femme qui hésite sur la conduite à tenir vis-à-vis des errements de sa mère. Doit-elle la placer en maison de retraite? Est-elle capable de la prendre en charge elle-même? On ressent les difficultés intimes face à cette situation, qui est traitée sans jugement mais simplement par le prisme d’une réalité quotidienne. Bella Heathcote (The Neon Demon) va jouer Sam, la fille de Kay, qui entre en conflit avec sa mère sur les décisions à prendre vis-à-vis d’Edna.

Natalie Erika James va faire coexister ces 3 générations de femmes, dont les rapports vont évoluer au gré de la situation. On sent une distance entre Kay et sa mère, tandis qu’Edna et sa petite-fille ont une complicité plus évidente. Mais cet ensemble fragile va être amené à se transformer au fur et à mesure, à cause notamment des pertes de mémoire d’Edna. Si Relic s’inscrit bien dans le genre horrifique, c’est un film qui traite également de la vieillesse, s’attachant à visualiser la corruption des chairs et la dissolution de l’esprit par le temps qui passe. On sent une volonté de filmer l’inéluctabilité de la mort, et le traitement flirtant avec le fantastique va permettre à la réalisatrice de donner une portée très symbolique à son film. L’utilisation des bougies par Edna matérialise avec subtilité ce qui se déroule, et l’exploration de cette maison va s’apparenter à un voyage dans la psyché d’Edna.

Natalie Erika James va se concentrer sur d’infimes détails qui vont peu à peu prendre de l’ampleur, tels ces coups portés dans les cloisons ou ces ombres passant sous la porte. Ce plan sur le plastique qui semble littéralement respirer confère une portée organique à certains objets, et place le spectateur dans une sensation de malaise diffus, car on ne sait pas si l’explication peut être rationnelle ou inquiétante. La réalisatrice va durant l’ensemble du film opter pour cette approche très sensitive, et éviter toute forme de jump scare, ce qui est très appréciable. Sans être terrifiant, Relic maintient une tension intéressante tout du long, et pose un regard triste et inquiétant sur le temps qui passe.

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Le clip de la semaine : Refused – Blood Red

Vous reprendrez bien un peu de punk hardcore suédois? C’est tout le programme que propose Refused, quatuor militant et révolutionnaire très engagé dans les causes sociales. Leur line-up a beaucoup évolué avec le temps, et ce Blood Red issu de leur album War Music de 2019 atteste toujours de leur fougue et de leur combat pour le peuple. Un son bien enragé qui secoue les oreilles!

 

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Focus : Towarb – UnserLand

Dernier groupe à avoir rejoint A.S.H. Production, Towarb nous vient de Colmar et a pour ambition de redonner vie aux légendes et contes alsaciens, en adaptant d’anciens poèmes du cru et en leur offrant une structure musicale. Le résultat est une ambiant médiéval en langue alsacienne, qui est à notre région ce que Skáld  est pour la musique viking 😉 Le groupe est né en 2018 et compte bien faire revivre le passé avec passion.

Towarb vient de nous livrer leur premier EP nommé UnserLand, et sur lequel vous pourrez découvrir 4 titres qui vont vous ramener quelques siècles en arrière, à une époque où les druides et les sorcières dominaient nos contrées… Et juste pour clarifier les choses, il n’y a aucune démarche politique de leur part, le titre de l’album souligne juste l’affection qu’ils portent à leur région ! As Donnert raconte la légende du Dieu du Tonnerre (Donnert, qui donnera le mot Donnerstag, le jour du tonnerre, qui est le jeudi); UnserLand est un morceau instrumental qui traite de la saison claire, l’été; Oktower est moin joyeux que le précédent, car il traite des rites de passage de la saison claire à la saison sombre. Ce moment est propice à l’ouverture du monde des esprits, qui interagit avec le monde des vivants. Et enfin, Sterne reprend une ancienne comptine de la vallée du Rhin, narrant un rituel pratiqué la nuit du 31 octobre, avec l’arrivée des esprits sur Terre (Halloween). Vous allez entendre des guitares acoustiques et folk, mais également des claves en bois et en os de sanglier, ainsi que des petites maracas, un tambourin en peau de chèvre et des toms basse.

UnserLand est sorti le 10 octobre, et je vous invite à vous laisser envoûter par leur musique atmosphérique juste ici, avec l’EP complet en écoute libre :

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The Boys saison 2 (2020)

Après une première saison qui cherchait ses marques et semblait les avoir trouvé en fin de course, on enchaîne avec une seconde saison possédant les mêmes défauts que la précédente… On laissait pourtant le bénéfice du doute au show d’Eric Kripke, en mentionnant un éventuel besoin de temps pour calibrer la folie du truc. Mais non, cette calibration ne se fera sans doute jamais…

Je ne reviendrais pas sur la folie créative de Garth Ennis et Darick Robertson, qui explosaient tout dans le comics originel. The Boys version télévisée n’est qu’une pâle copie du format papier, et s’avère tellement sage que ça en devient gênant. Pour une série sensée être outrancière et dépasser les limites, on ne peut que se demander où sont l’audace, la hargne et l’irrévérence. On a bien quelques saillies très (très) courtes de temps à autre, mais rien qui puisse donner une véritable aura à cette série, qui se retrouve bien loin du sacrilège du culte super-héroïque orchestré par Ennis et Robertson.

Prenons la figure du Protecteur, incarné par Antony Starr. L’excellent acteur de Banshee sait comment rouler de la mâchoire et des yeux pour que l’on croit au caractère détestable et imprévisible de son personnage, mais au fil des épisodes, on se rend compte à quel point il est enfermé dans un rôle finalement très caricatural, et qui perd forcément en épaisseur. Il n’y a pas réellement d’évolution pour le Protecteur, qui s’est émancipé de sa protectrice de Vought pour continuer à être une bombe à retardement qui n’explose pas. Mention spéciale à cette scène totalement gratuite qui fait croire qu’il se lâche enfin en tuant plein de monde dans une foule, mais qui n’est qu’une vision fantasmée de sa part. Quand on croit qu’il y a enfin quelque chose d’intéressant à faire avec le perso, ça s’avère juste être un leurre, et on retombe rapidement dans l’apathie du show.

Il y a pourtant de bons moments, le meilleur étant certainement l’intrusion dans l’hôpital psychiatrique. C’est une réelle bouffée d’air frais qui nous sort de la Tour soporifique des 7 ou de la cave dans laquelle vivent les P’tits Gars… On a alors l’occasion inespérée de se frotter à un bestiaire de supers jusque-là inexploré, et on a droit à quelques trouvailles intéressantes. C’est Shawn Ashmore (qui jouait Iceberg dans la saga X-Men) qui s’en tire le mieux, avec le personnage de l’Eclaireur qui s’avère dramatiquement très intéressant. Enfin une personnalité dont on a envie de comprendre les motivations et les tourments, et franchement son background est assez lourd. L’acteur donne une épaisseur bienvenue à ce perso, éclipsant largement les 7 et la bande à Butcher.

Mais évidemment, Eric Kripke ne peut s’empêcher de saboter son travail, et lors de cette incursion psy, on va avoir droit à des éléments qui sentent vraiment l’inachevé… Déjà, on a une super aux pouvoirs démesurés qui se retrouve lâchée dans la nature, et on n’en entendra plus parler de toute la saison… Pourtant, ce personnage avait de quoi relever le niveau et son apparition détonante faisait vraiment monter la pression! Mais bon, autant la jeter aux orties et l’oublier sur le bord de la route… Pour ceux qui ont lu les comics, vous n’avez pas pu rater le caméo de Boudin d’Amour, le super-héros russe croisé dans le début des aventures des P’Tits Gars en version comics. Le voir réduit à ça alors qu’il avait tout un arc qui lui était consacré dans le comics, c’est franchement pitoyable de la part des auteurs… Ils ne s’en servent que pour balancer une vanne en-dessous de la ceinture, et c’est un manque de respect total par rapport à la version d’origine, qui méritait davantage de présence que ça…

On en parle de Terreur? Déjà qu’on ne le voyait que sur une photo dans la saison 1, voilà que Butcher récupère enfin son chien! On se rappelle de nombreux passages à l’humour bien trash dans le comics, et ce chien a une vraie bonne gueule et une vraie présence! Ici, tout comme Boudin d’Amour, il n’est qu’un outil jetable pour balancer une petite vanne, et encore, on la met hors cadre pour ne pas choquer les enfants! C’est encore une fois pitoyable, vraiment… Sinon le Français n’évolue pas non plus, et commence à être très redondant et chiant. Même constat pour Butcher, qui reste engoncé dans son rôle de crapule (et qui est bien moins intéressant que son homologue papier), le P’tit Hughie j’en parle même pas, je ne supporte plus de le voir pleurnicher à longueur d’épisodes, la Crème ça passe encore, il est juste monolithique mais semble avoir une certaine réserve d’émotions. Et La Fille est bien moins captivante qu’en comics…

Chez les 7, Stella s’en tire pas trop mal, même si on ne comprend pas son attrait pour Hughie. L’intrigue avec le Profond est plutôt fun, lui qui doit se réhabiliter pour réintégrer l’équipe. Chace Crawford se débrouille bien avec ce rôle, après c’est dommage que ça n’évolue pas davantage. Le Train-A, on s’en bat le train, la Reine Maeve a quelques moments intéressants, mais reste sinon anecdotique, et Black Noir quant à lui est plutôt cool avec son rôle de ninja silencieux (oui je sais c’est un pléonasme). Stormfront apporte un éclairage intéressant sur Vought, même si elle est parfois irritante… Quand on arrive au bout de 16 épisodes, on se dit : mais bordel où sont les Jeunes Teignes, les G-Men et tous les autres super-héros dépravés? Même si l’Hérogasme n’est pas l’épisode le plus palpitant du comics, il offrait tout de même une belle vitrine de joyeuses perversités, et sa retranscription à l’écran aurait été bienvenue. Mais non, on se contente de garder les pauvres personnages sans relief que l’on a, et on va les laisser mariner dans leur jus jusqu’à ce que les spectateurs en aient marre. OK, je ne serai certainement pas présent pour la saison 3.

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