Si vous n’êtes pas un grand connaisseur des comics Marvel et que vous découvrez cet Ultimate Universe 1, il est bon de rappeler que la première appellation Ultimate de comics Marvel a été créée il y a 24 ans sous la houlette du scénariste Brian Michael Bendis. La volonté éditoriale était de recommencer sur une page blanche et de réinitialiser un univers super-héroïque débarassé de la continuité héritée depuis 1961. C’est le titre Ultimate Spider-Man qui a ouvert la marche, et vous pouvez actuellement retrouver ce très bon titre de Bendis en format poche à 10 euros le volume dans toutes les bonnes librairies. Le concept permettait de retrouver un Peter Parker ado qui allait découvrir ses pouvoirs et vivre des aventures comme son alter-ego de l’Univers-616, mais avec quelques variations. Les aventures de ce Spidey avaient lieu dans l’Univers-1610, également dénommé Univers Ultimate. Pour davantage d’informations sur cet univers, vous pouvez lire cet article consacré à Miles Morales 😉
On se retrouve aujourd’hui avec un nouvel Univers Ultimate, et on peut se demander comment cela est possible. Tout est dû au Créateur, qui est le Reed Richards provenant du premier Univers Ultimate et qui a survécu à Secret Wars (plus d’infos sur cet event cataclysmique par ici), et qui a décidé de prendre le contrôle d’une nouvelle terre et de modifier tous les éléments suceptibles d’apporter leurs pouvoirs aux super-héros. On se retrouve ainsi avec un Univers-6160 vierge de tout héros, car le Créateur a manipulé la réalité et changé le destin de très nombreux personnages. Ce concept assez audacieux est signé Jonathan Hickman, le génie créatif derrière Secret Wars justement, qui est certainement l’événement le plus dingue et qualitatif créé par Marvel. Il est aussi derrière la reprise des X-Men en mode Krakoa, ce qui est nettement moins bon… Mais aujourd’hui, il semble avoir repris du poil de la bête, et son Ultimate Invasion paru il y a quelques mois et posant les bases de cette nouvelle saga était une vraie tuerie. Aujourd’hui, on entre plus profondément dans cet univers pour découvrir de futurs héros…
Ce premier Ultimate Universe va regrouper différentes séries qui vont avancer de concert. La première se nomme logiquement Ultimate Universe et va être la suite directe d’Ultimate Invasion, en nous présentant un Reed Richards et un Tony Stark venu délivrer le Thor de leur univers. Le scénario de Jonathan Hickman s’avère d’excellente facture et les superbes dessins de Stefano Caselli nous plongent dans un récit prenant jouant habilement avec les prémisses des super-héros, et adoptant un ton très sérieux renvoyant d’une certaine manière à la première saga Ultimate, qui composait avec l’après 11-Septembre. On a ici un acte criminel qui semble être terroriste, et Tony Stark est le coupable désigné de cet acte impardonnable. Mais la vérité est bien plus complexe, et voir ces nouvelles itérations de Thor, Tony Stark, Reed Richards et Sif faire équipe pour rétablir la vérité est plutôt prenant.
Mais cette mise en bouche n’était rien comparé à la série qui risque clairement de crouler sous les éloges, j’ai nommé Ultimate Spider-Man. Il n’y a rien à faire, quel que soit l’univers, c’est toujours ce personnage qui parvient à captiver les foules ^^ C’est encore Jonathan Hickman qui assure l’écriture, et il est secondé par un excellent Marco Checchetto qui prouve que décidément, les artistes italiens ont la côte! C’est simple, le premier épisode nous présente l’existence d’un Peter Parker qui ne porte pas le costume jusqu’à la dernière minute, et on est happé par la qualité de ce drame familial intimiste et l’aisance d’écriture d’Hickman. En un épisode, le scénariste pose des bases incroyablement solides en nous offrant une relecture du mythe de l’Homme-Araignée qui s’avère bien plus différent que la première reprise Ultimate. En effet, Peter Parker est un homme d’environ 35 ans, il est marié et père de 2 enfants, et n’a jusqu’alors jamais eu de super-pouvoirs. On est loin de l’ado découvrant son destin à ses 15 ans, et le traitement aposé par Hickman sur son personnage est somptueux.
On a un homme en proie au doute, qui sent depuis toujours un vide dans son existence sans comprendre d’où lui vient cette sensation. Ce vide est évidemment dû aux manipulations du Créateur, qui l’a empêché de devenir Spider-Man. On découvre la vie de Peter, que ce soit au Daily Bugle ou au sein de son cercle familial, et Hickman apporte des modifications importantes et très fortes émotionnellement par rapport au Spidey de l’Univers-616. Les connaisseurs apprécieront grandement ce moment de lecture, avec une redécouverte de pas mal de personnages secondaires, et j’adore notamment cette nouvelle relation entre Peter et J. Jonah Jameson à laquelle je ne m’attendais pas. Hickman nous surprend, nous touche aux tripes avec des dialogues d’une grande beauté, et on assiste à la naissance d’un superbe personnage. Le scénariste manie l’émotion et l’humour avec beaucoup de subtilité, et les 2 épisodes sont un véritable régal.
J’ai vraiment appréhendé l’épisode suivant, puisque c’est l’artiste japonaise Peach Momoko qui se colle à la reprise d’Ultimate X-Men, et que je n’adhère pas du tout au style manga. J’ai donc commencé ma lecture en traînant un peu des pieds, mais au final, ce premier épisode s’est tout de même lu agréablement car il offrait des thématiques très sérieuses et que du coup, le dessin me rebutait quand même moins que prévu. Je ne suis clairement pas la cible pour ce genre de comics, mais cette réinterprétation de la super-héroïne Armor était tout de même intéressante, avec ces questionnements sur la mort, sur la culpabilité et sur la rédemption.
On termine ce 1er volume avec un épsiode consacré à Black Panther, scénarisé par Bryan Hill et dessiné par l’omnipotent Stefano Caselli. Le résultat est vraiment très agréable à lire, avec une approche très immersive du Wakanda et une vision très violente de l’esclavagisme. La nation africaine n’a pas encore été exposée au reste du monde, T’Challa gouverne en étant à l’écoute de son père T’Chaka, et on retrouve une Shuri et une Okoye ayant sensiblement des caractères similaires à leurs homonymes de l’Univers-616. L’approche de Bryan Hill est très fluide et donne véritablement envie d’en apprendre davantage sur le Wakanda et son positionnement dans le monde, ainsi que sur les relations entre les personnages. On va retrouver un bad guy assez connu avec cette réinterprétation de Killmonger, et ce magazine s’avère globalement de très belle facture. La mise en route de ce nouvel univers bénéficie d’artisans pasionnés et chevronnés, et j’ai hâte de découvrir la suite de toutes ces aventures, avec une fois encore une préférence pour ce nouveau Spider-Man!