6 ans après le très bon Mister Dynamite, Jackie Chan persiste et signe dans la veine Indiana Jones avec Opération Condor, séquelle centrée sur l’aventurier surnommé le Condor, toujours à la recherche d’artefacts précieux à travers le monde. Cette fois-ci, l’artiste martial ne se blessera pas aussi brutalement que lors du premier film (même s’il s’est cassé le sternum lors du scène), et Opération Condor n’aura pas eu besoin d’être mis en pause durant 6 mois. Chan retrouve le scénariste Edward Tang, qui officiait déjà sur le premier volet avec 4 autres personnes. Cette fois-ci, Tang et Chan gèrent à eux seuls le script de ce nouveau film d’aventures, qui va mêler humour et action dans la pure tradition hong-kongaise, mais avec des véléités internationales encore plus affirmées que pour Mister Dynamite. Il faut dire que Big Brother, sa précédente réalisation, a été un échec cuisant, et Chan était dans l’obligation de retrouver rapidement le succès. Le choix d’une suite à Mister Dynamite s’imposait donc logiquement, et Opération Condor sera un petit succès, qui engrangera 24 millions de dollars dans le monde pour un budget de 15 millions.
Jackie Chan (car son personnage dans le film s’appelle aussi Jackie Chan, c’est pratique!) est mandaté par les Nations Unies pour trouver une base secrète militaire allemande de la Seconde Guerre Mondiale, afin de mettre la main sur de l’or dérobé par les Nazis. La filiation avec Indiana Jones est encore plus directe que le premier opus avec ce pan de l’histoire allemande lui aussi traité par Spielberg 2 ans auparavant dans Indiana Jones et la dernière Croisade. Jackie est quant à lui accompagné par 2, puis 3 charmantes jeunes femmes dans son périple, ce qui donnera évidemment quelques situations cocasses dans une veine vaudevillesque, le tout agrémenté de pointes d’action vraiment bien dosées! Si l’humour est souvent lourdingue dans ses films, Mister Dynamite et Opération Condor évitent la trop grande surenchère et parviennent à être finalement très drôles! On évite un rôle secondaire masculin inutile comme c’était le cas dans le premier film, et Opération Condor fonctionne sur une trame plus épurée et finalement plus fluide que Mister Dynamite.
L’écriture des personnages annexes done lieu à quelques trouvailles bien sympathiques, comme le duo de bras cassés qui suit Jackie tout le long du film et qui offre un contrepoint comique bienvenu. Jonathan Isgar et Daniel Mintz sont des sorte de Dupond et Dupont encore plus gaffeurs que leurs homologues, et la VF avec leurs accents du Maghreb surjoué s’avère bien fun ^^ Jonathan Isgar est un adepte des films d’arts martiaux, puisqu’il a joué dans de nombreuses oeuvres aux doux noms de Ninja and the Warriors of Fire, Ninja : American Warrior, Ninja Phantom Heroes, Ninja Death Squad (ses 4 premiers films, tous chez ce bon vieux Godfrey Ho ^^), mais on le verra également dans Une Balle dans la Tête de John Woo ou Il était une Fois en Chine, à chaque fois dans des rôles assez furtifs. Mintz a quant à lui disparu de la circulation, n’étant ensuite apparu plus que dans un film après ce Opération Condor.
Les actrices principales, Carol « Do Do » Cheng, Eva Kobo et Shôko Ikeda n’ont pas eu une carrière fulgurante non plus, mais permettaient de créer des situations comiques réussies avec Jackie. Une des scènes les plus drôles se permet même des allusions sexuelles plus qu’évidentes, ce qui est assez surprenant dans un film aussi grand public que celui-ci, et surtout pour du Jackie Chan! ^^ Mais l’effet est franchement fun^^ Mais ce qui ressort bien évidemment avant tout de ce film, c’est la folie des combats et des cascades, Chan ayant une fois encore donné de sa personne pour créer des séquences vraiment impressionnantes! L’intro sur une île du Pacifique, où Jackie va chercher quelques émeraudes (qui lui sont offertes par les autochtones!), avec des combats bien rythmés et surtout une chute vertigineuse en ballule (vous savez, ces grosses balles en forme de bulles, appelées aussi zorb ^^) du haut d’une colline. La ballule du film a été spécialement conçue par l’architecte français Gilles Ebersolt, et Jackie Chan semble s’être vraiment beaucoup amusé avec! La poursuite à moto et voitures est excellente, avec tiens, Rémy Julienne comme coordinateur des cascades sur route, et avec ses fils Dominique Julienne et Michel Julienne notamment en tant que pilotes 😉 Michel Julienne était auparavant responsable des cascades automobiles sur la partie tournée en France dans Mister Dynamite, et ça fait plaisir de voir que le savoir-faire de cette famille leur a permis de briller à l’international!
On sent un souffle épique encore plus prononcé que dans l’opus précédent, et la visite de sites exotiques s’avère très dépaysante. Le tournage s’est principalement déroulé en Espagne et au Maroc, et Jackie n’a rien à envier aux ballades de ce bon vieux James Bond! Les décors orientaux donnent un vrai cachet au film, avec notamment toute la partie dans le désert du Sahara! La fin dans le repaire secret allemand, avec cette scène mémorable dans la soufflerie, est un must qui va même rendre hommage à Buster Keaton! Jackie et ses ennemis se retrouvent dans une immense salle où des manettes actionnent des souffleries opposées, et le combat dans cet environnement est d’une très belle originalité! Et on sera bien entendu encore une fois bluffé par l’aisance de mouvements de Jackie Chan, qui défie les lois de la gravité avec une aisance confondante! Rien que la courte scène où il enjambe un portail en 2 coups de pieds opposés, ça force le respect!!! Chan est unique, et il a développé un sous-genre de film d’arts martiaux à lui tout seul, et son influence sur le 7ème art est indéniable! On passera sur Chinese Zodiac, ultime volet de cette trilogie réalisé en 2012, et qui ne rend clairement pas hommage aux excellents Mister Dynamite et Opération Condor!