L’Illusion (Maxime Chattam, 2020)

J’ai lu une poignée de romans de Maxime Chattam, et je trouve qu’il a sacrément affiné sa plume ces dernières années! Le Signal a été un superbe coup de coeur selon moi, avec ce récit hyper addicitif sur une petite ville secouée par des événements étranges, hommage ultime à Stephen King! Un(e)secte était bien prenant aussi, même si ce n’est pas évident de passer après Le Signal! Et L’Illusion, que l’auteur nous a livré il y a 3 mois, est un excellent thriller en altitude!

On connaît Chattam pour ses immersions dans la psyché de tueurs, avec notamment la Trilogie du Mal, Que Ta Volonté soit faite, Le Requiem des Abysses… Certaines oeuvres vont être très dérangeantes en posant des questions à la fois intimes et universelles sur la fascination que peut exercer le Mal, et d’autres vont s’avérer plus ludiques dans leur élaboration… J’avais adoré la Trilogie du Mal à l’époque, et j’apprécie franchement beaucoup les salves plus « légères » que Chattam propose depuis Le Signal, où on sent tout le travail de création tout en étant pris par des personnages attractifs. L’Illusion appartient clairement à cette seconde veine, le point de départ étant le changement de vie d’Hugo, un homme ayant subi une rupture douloureuse et qui va répondre à une annonce pour un emploi de saisonnier en haute montagne. Hugo va se rendre à Val Quarios, une station de sports d’hiver perdue dans les Alpes, à 3 heures de route de toute civilisation, et il va se retrouver avec une douzaine de collègues pour maintenir la station en état et préparer la prochaine saison. Quand une femme disparaît mystérieusement, il va commencer une enquête qui risque bien de le faire basculer psychologiquement…

Un endroit reculé, un changement d’existence, une poignée de personnes réunies… Les similitudes avec Le Signal sont évidentes, et pourtant Maxime Chattam va nous livrer un roman qui possède sa propre force et sa propre méthodologie, et la façon dont il va orchestrer l’ensemble est impressionnante! Il y a quelques éléments que l’on peut peut-être deviner, mais Chattam parvient à régulièrement nous surprendre, et on va vivre pleinement les angoisses d’Hugo qui pense que quelque chose de dangereux rôde dans les parages de la station… Il va heureusement pouvoir faire confiance à certains saisonniers pour mener son enquête, et on va osciller entre des moments psychologiquement très prenants et des instants plus ludiques, dans le sens de l’avancée de l’enquête. Il y a parfois une ou deux ficelles un peu plus grosses, mais le tout est tellement prenant que ça n’enlève rien à la qualité de cette Illusion, qui risque bien de berner pas mal de lecteurs!

Chattam nous convie à une aventure en pleine nature, dans laquelle on va viscéralement ressentir la force des grands espaces, et dans laquelle la vie d’un individu seul peut paraître bien dérisoire… Hugo se retrouve un peu paumé dans cet environnement massif et majestueux, et va devoir prendre ses marques afin de ne pas s’y perdre, géographiquement ou psychologiquement! L’hôtel de Val Quarios est d’aillleurs bien labyrinthique, et va receler des parties pouvant paraître flippantes… Même Chattam le dit, on pense forcément à Shining! On va y croiser certains individus très sympathiques, d’autres très distants… Le mélange entre anciens du cru et nouveaux arrivants va également dresser quelques barrières, et on va côtoyer tout ce beau petit monde dans une atmosphère de plus en plus inquiétante, avec cette montée paranoïaque vis-à-vis de possibles éléments qui ne sont pas ce qu’ils prétendent être…

Tout va commencer par la disparition d’une jeune femme, car plusieurs éléments paraissent étranges aux yeux d’Hugo. Ecrivain sans succès, Hugo a une imagination fertile qui risque bien de lui faire défaut dans les dédales obscurs de cet immense hôtel… Mais qui pourrait bien également lui permettre de résoudre le mystère planant sur Val Quarios… Chattam va jouer avec nos sens et nos nerfs au gré des chapitres, et on va plonger de plus en plus profondément (irrémédiablement?) dans cette enquête en pleine montagne. Le travail sur l’atmosphère est parfait, et on y plonge avec grand plaisir, comme dans un bon film bien flippant! L’auteur sait exactement sur quels points appuyer pour faire surgir la tension, et il va maintenir un niveau de stress bien intense!

L’illusion fait partie de ces bouquins qu’il faut se forcer à laisser un peu de côté, sous peine de les dévorer trop vite! Et une fois encore, l’auteur français nous livre un roman dense, habité par une plume virevoltant de manière ultra précise, et qui est sacrément addictif!!!

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