La saga Marvel Zombies est un joyeux défouloir pour scénaristes et dessinateurs adeptes du gore, qui peuvent enfin se permettre de ravager l’univers Marvel en créant un climat apocalyptique suite à la transformation des justiciers en zombies affamés. Voir Spider-Man bouffer sa tante et l’envoyer (enfin !) ad patres est l’un des fantasmes qui devait couver depuis longtemps dans la Maison des Idées (ou chez certains lecteurs!), et l’orgie de tripaille et de chair décomposée auxquels nous convient les auteurs permet de renouveler un univers qui tend parfois à tourner en rond.
La publication des séries zombies est elle aussi un joyeux bordel : le premier tome nous fait découvrir un monde ravagé par la peste zombie, et des super-héros pourchassant les humains afin de se nourrir. Le Marvel Zombie 2 est en fait un crossover avec la série Army of Darkness, et les super-zombies sont confrontés à Ash et sa célèbre tronçonneuse. Le volume 3 contient la série Marvel Zombies 2, qui nous montre enfin comment tout a commencé. Le tome 4 dépeint l’arrivée des zombies sur la Terre-616, c’est-à-dire l’univers standard dans lequel évoluent tous les héros Marvel. Et le volume 5 contient Marvel Zombies 4, qui poursuivait la lutte sur la Terre-616 après que des zombies étaient parvenus à y rester. Aujourd’hui, ce volume 6 est la suite directe du 3ème tome, qui voyait les zombies téléportés dans une autre dimension. Et qu’est-ce qui a bien pu se passer là-bas ? Fred Van Lente, qui officiait déjà sur les deux derniers numéros, raconte ce périple morbide et sanglant !
Nous sommes cette fois-ci sur la Terre-Z, qui s’apparente à ce qu’était la Terre-616 dans les années 70. On retrouve un Spider-Man zombifié qui décide de trouver un antidote à la faim, et qui en profite pour tourner ses pulsions vers les super-vilains. Le premier épisode tend à aller vers un spectacle assez bordélique, et ce ne sont pas les dessins signés Nick Dragotta qui vont nous enthousiasmer… Après les excellentes prestations de Sean Phillips et Kev Walker, on a en effet droit à des graphismes qui ont perdu de leur superbe… Et le scénariste Fred Van Lente semble avoir perdu toute inspiration, pour uniquement se concentrer sur du gore basique…
Les récits centrés chaque fois sur un autre personnage s’avèrent répétitifs, dans une sorte d’hommage raté à des moments importants de la vie de chaque protagoniste. On retrouve un Tony Stark période alcoolique qui ne parvient pas à assumer son rôle d’Iron Man face aux zombies, on refait la saga du retour de Hulk sur Terre après son bannissement par les Illuminatis, etc… Le scénariste se base sur des matériaux préexistants auquel il applique la recette de la propagation du virus, mais la sauce ne prend pas, l’action basique prenant le pas sur l’humour et les trouvailles scénaristiques. On assiste à un simple spectacle de démembrements et d’équarissages finalement très vain, dans lequel seule la version de Spidey s’avère un minimum intéressante.
Et surtout, on retrouve très peu de cette empathie qui caractérisait les volumes précédents, et même ce qui arrive à ce bon vieux Spider-Man motivé à racheter sa conduite zombiesque, ben on s’en fout royalement… Ca brasse de nombreux personnages dans une cacophonie se voulant rythmée, mais c’est simplement creux et sans aucun relief! Un numéro terne qui j’espère n’est pas synonyme de déclin pour cette série qui ravivait de manière très originale le mythe des super-héros !