J’avais découvert Maxime Chattam il y a bien longtemps avec sa Trilogie du Mal (L’Ame du Mal, In Tenebris, Maléfices) qui s’était avérée très dérangeante et très addictive. J’ai retrouvé la trace de l’auteur en début d’année dernière, avec son excellent Le Signal qui se voulait une modernisation et une relecture très personnelle des écrits en mode Stephen King! Le Signal avait été publié en 2018, et l’an dernier il nous livrait Un(e)secte, titre étrange sous lequel il nous plonge dans 2 enquête policières parallèles.
Atticus Gore est un flic de Los Angeles qui va être mis sur une enquête des plus étranges et glauques : un cadavre non identifiable a été retrouvé, et pour cause, la victime a été intégralement débarrassée de sa chair et réduite à l’état de squelette, alors qu’elle portait encore ses vêtements! Le principe de décomposition ne permettant pas une disparition aussi rapide et extrême des tissus humains, Gore va devoir sérieusement remettre en question sa logique en matière de crime… A des milliers de kilomètres de là, la détective privée Kat Kordell est chargée d’enquêter sur la disparition d’une jeune femme solitaire, Lena Fowlings, sur la demande de sa mère terriblement inquiète.
Maxime Chattam est un auteur rodé, qui maîtrise ses partitions et qui sait comment embarquer instantanément le lecteur à ses côtés, tel un bon conteur devant son feu de camp. On va rapidement se prendre de sympathie pour ses 2 personnages principaux, bénéficiant chacun d’un background psychologique intéressant et de failles auxquelles on peut s’identifier, tout en mettant l’accent sur le caractère absurde et irréaliste de la scène de crime. Rien de tel que la cohésion d’une connivence de caractères et d’une curiosité exacerbée pour appâter le lecteur, non? Bien sûr que oui, et donc une fois encore, ça fonctionne! ^^
L’inspecteur Atticus Gore est un électron libre dans son service, loup solitaire adepte de thrash metal qui préfère se protéger sentimentalement plutôt que de s’engager. Kat Kordell est une dure à cuire qui elle aussi aime garder ses distances avec les autres et avec ses propres sentiments. Les 2 partagent une belle intransigeance dans leur boulot et une volonté de faire éclater la vérité sur les cas qu’ils traitent. Finalement, Chattam use d’une maxime chère à Stan Lee depuis ses débuts : parler de personnages ancrés dans la réalité, possédant de vraies failles, et confrontés à des événements qui les dépassent afin de les surmonter. C’est finalement une base commune à de très nombreux pans de l' »industrie » culturelle, qu’il s’agisse des films, des romans, des séries ou des comics! Et face à ce patronyme étrange d’Atticus Gore, je parierai que Chattam est fan d’Atticus Ross et de Depeche Mode! ^^
Là où on s’attendait à des fourmillements constants et des sensations désagréables à l’instar de son excellent Maléfices, les insectes ne sont finalement pas aussi présents que ce que l’on pensait. Je me souviens encore de mes démangeaisons en lisant Maléfices, brrrrr… Bon, on va commencer par les spoils, puisque la 4ème de couverture dévoile directement le noeud de l’intrigue, ce qui est une aberration… Donc si vous avez envie de lire ce livre, ne lisez pas le résumé hein… Et le titre lui-même en dévoile déjà un peu trop, c’est dommage aussi…
Mais sinon la magie de Chattam agit toujours, et on est surpris à reprendre en main très rapidement ce bouquin après l’avoir posé, et à enchaîner les chapitres compulsivement. Comme quoi, les pavés peuvent se lire très rapidement quand le contenu happe le lecteur! On va se balader dans les bas-fonds new-yorkais, sur les hauteurs calmes de Los Angeles, et on va découvrir diverses strates de populations, des plus démunis aux plus puissants, le lien étant fait par les 2 enquêteurs. Il y a un véritable caractère ludique à la lecture de ce livre, qui nous fait mener l’enquête avec un mélange de suspicion et de curiosité fonctionnant à plein régime. Les différents protagonistes croisés sont brossés avec un style efficace et direct, et on va à chaque fois se demander dans quelle catégorie les ranger… Suspect ou allié? La frontière est parfois mince entre les 2…
J’ai toutefois préféré l’atmosphère géniale du Signal, avec cette petite bourgade tranquille traversée par un mal insidieux, mais ce récit est assez intriguant et bien écrit pour donner envie d’aller jusqu’au bout! Maxime Chattam est un très bon conteur, de ceux vers qui on a envie de retourner régulièrement! 🙂