Simetierre (Kevin Kölsch, Dennis Widmyer, 2019)

Entre Ca l’an dernier, Ca, Chapitre 2 et Doctor Sleep cette année du côté du grand écran, ainsi que Castle Rock et Mr Mercedes à la télévision, on peut dire que Stephen King est toujours prolifique! Il faut également compter sur une nouvelle version de son roman Simetierre, qui avait été préalablement adapté en 1989 par Mary Lambert, dans un film au titre éponyme et qui avait fait son petit effet à l’époque. Alors, ce Simetierre version 2019 vaut-il le coup d’oeil?

Kevin Kölsch et Dennis Widmyer ont pris l’habitude de travailler ensemble depuis leur premier film, Postcards from the Future : the Chuck Palahniuk Documentary, un doc consacré à l’écrivain auteur entre autres de Fight Club. Ont suivi Absence, le sympathique Starry Eyes, quelques courts, des participations à la série Scream ou encore un segment du film à sketches Holidays. Autant dire que la paire est habituée au domaine horrifique, en gravitant surtout du côté indé. Simetierre est donc leur premier gros film de genre, et ils ne se sont pas laissé démonter par les enjeux et la pression, assurant un long métrage efficace et à l’ambiance très réussie.

Le film de Mary Lambert est bien loin, et 30 ans après, il est intéressant d’avoir un nouveau regard sur ce classique de Stephen King. Kölsch et Widmyer vont faire preuve d’un très beau respect de l’oeuvre littéraire, tout en ne restant pas enfermé dans le carcan de l’adaptation. Et surtout, ils font preuve d’une belle maîtrise narrative, nous plongeant très rapidement aux côtés des Creed, cette famille qui a décidé de quitter Boston. On est dans un schéma très classique du film horrifique, celui des gens déracinés venus se mettre au vert afin de chercher un peu de tranquillité. Un thème que l’on retrouve dans tellement de films (et de bouquins, comme Le Signal de Maxime Chattam, qui est en soi un véritable hommage au King), qu’il serait impossible de tous les citer. On pense à Amityville, Poltergeist, Arachnophobie, Insidious, Sinister et tant d’autres. Louis, Rachel, et leurs enfants Ellie et Gage emménagement donc à Ludlow, une petite bourgade du Maine où ils espèrent bien adopter un rythme moins stressant qu’à Boston. La maison au bord de la forêt est charmante, et les 20 hectares de terrain de leur domaine devraient leur permettre de se ressourcer.

Mais Ellie et sa mère assistent à un curieux événement, lorsque des enfants avec des déguisements d’animaux entrent dans la forêt pour aller enterrer un chien mort. Ellie va découvrir qu’il existe un cimetière pour animaux derrière chez eux, et cet endroit sombre et triste n’est pourtant pas le pire endroit… Car lorsque leur chat Church meurt, le vieux voisin Jud décide d’emmener Louis l’enterrer plus profondément dans la forêt… Ce qui va entraîner une succession d’événements bien glauques par la suite… Simetierre pose des questions métaphysiques intéressantes, comme la vie après la mort, la survie de l’âme, et va y apporter des réponses bien flippantes! Les discussions entre Louis et Rachel sur la manière d’expliquer le concept de mort à leur fille Ellie sont tendues, car ils en ont des visions diamétralement opposées. Le lourd passé de Rachel ne lui facilite évidemment pas la tâche… Mais encore une fois dans un récit de Stephen King, on touche à quelque chose de fondamental pour l’être humain, avec la peur de sa propre mortalité et l’utopique volonté de s’en affranchir. Il existe un endroit derrière ce cimetière où il est possible de briser ce voile…

Kevin Kölsch et Dennis Widmyer nous embarquent dans cette descente aux enfers avec un sens aiguisé de la mise en scène, qui revêt un apparat classique pour nous plonger dans une atmosphère travaillée avec beaucoup de soin. On se retrouve dans des scènes de très belle facture, où l’on sent le travail acharné des 2 réalisateurs, et on glisse d’une séquence à l’autre avec un sens du rythme efficace. Il y a une beauté formelle qui nous entraîne dans ce récit, agrémentée d’une angoisse de plus en plus présente. Simetierre va jouer de belle manière avec le stress du spectateur, et sans être terrifiant, il parvient à tenir en haleine grâce à un suspense maîtrisé. Et ce qui est très intelligent dans cette adaptation, c’est de ne pas coller aveuglément au texte de King, et de se permettre quelques libertés qui rehaussent le principe d’adaptation pour le coup.

Jason Clarke (Terminator Genisys, Everest) est un de ces acteurs discrets et pourtant efficaces, qui parvient à donner une belle consistance au personnage de Louis Creed. Amy Seimetz (You’re next, The Sacrament) apporte elle également une belle humanité à Rachel, une femme qui se débat avec son passé. Ca fait toujours plaisir de revoir ce bon vieux John Lithgow (le bad guy dans Cliffhanger, Traque au Sommet, c’était lui!), qui joue le voisin Jud, ce vieux briscard qui a toujours vécu dans cette petite ville et qui en connaît toutes les légendes. Et celle qui impressionne par la justesse de sa prestation, c’est la jeune Jeté Laurence (Le Bonhomme de Neige), capable de jouer pas mal d’émotions malgré son jeune âge!

Simetierre est une nouvelle adaptation finalement réussie et prenante de ce classique de Stephen King, et si vous appréciez les ambiances glauques, il devrait vous procurer quelques sensations agréables! ^^

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