Le metteur en scène islandais Baltasar Kormakur aime explorer les limites physiques et mentales de la nature humaine, et après avoir raconté l’histoire vraie d’un pêcheur ayant survécu dans une eau glaciale pendant des heures (Survivre en 2012), il prend de la hauteur pour raconter une autre histoire vraie et glaciale, avec l’expédition tragique ayant eu lieu le 10 mai 1996 sur l’Everest. Situé à la frontière du Tibet et du Népal, culminant à 8848 mètres, le sommet le plus haut du monde constitue un défi depuis les années 1920, lorsque les premières expéditions sont mises sur pied afin de l’atteindre. Avec des températures pouvant atteindre les -60 degrés celsius au plus bas, et -19 au plus haut, et régulièrement traversé par des tempêtes de neige très violentes, l’Everest présente l’un des climats les plus rudes sur Terre.
Les scénaristes William Nicholson (Gladiator) et Simon Beaufoy (127 Heures) ont adapté le livre autobiographique de Jon Krakauer, Tragédie à l’Everest, l’auteur ayant été envoyé par un magazine afin de participer à cette expédition. Krakauer est également connu pour avoir écrit Voyage au Bout de la Solitude, qui racontait lui aussi une histoire vraie, adaptée par Sean Penn avec Into the Wild. Si les versions divergent selon les survivants, Kormakur met en scène le récit de Krakauer qu’il magnifie avec beaucoup d’expérience et un sens visuel prononcé. On se retrouve pris dans une aventure de toute beauté, qui va virer à la tragédie de manière très brutale.
J’étais très sceptique quant à l’utilité de la 3D sur ce genre de film (comme je l’étais sur tous les films au final), et j’ai été agréablement surpris par la qualité de l’image, qui ne souffre pas de cette technologie-gadget. L’immersion est même intensifiée par ce procédé, qui n’assombrit pas les couleurs, et qui se laisse oublier pour plonger plus profondément dans cette aventure. La 3D s’avère intéressante sur ce film, et magnifie les grands espaces traversés par les protagonistes. La mise en scène de Baltasar Kormakur, très libre et aérienne, laisse le temps d’observer les lieux et de faire ressentir la place minuscule de l’Homme dans cet environnement aussi beau qu’il peut être hostile. En fait, la 3D est davantage appréciable sur des films « calmes » que sur des films d’action non-stop…
Kormakur a convié une belle brochette d’acteurs dans cette aventure, et on retrouve Jason Clarke dans un rôle bien moins fade que pour La Planète des Singes: l’Affrontement, et qui donne une belle consistance au personnage principal, Rob Hall; à ses côtés, Josh Brolin (Last Days of Summer) est excellent, comme d’habitude, et Jake Gyllenhaal (La Rage au Ventre) est toujours aussi impressionnant, même dans un rôle secondaire. Keira Knightley joue la compagne de Rob, avec un talent dramatique toujours intact, et Sam Worthington (Avatar) est lui aussi très bon dans le rôle de Guy Cotter, alors que le vrai Guy Cotter a été consultant sur le film.
Baltasar Kormakur réalise un film qui ne se veut pas spectaculaire, mais qui nous plonge de manière extrêmement réaliste dans ce drame vécu le 10 mai 1996 par ces deux équipes d’alpinistes. Il y a une volonté de coller au plus près du récit de Krakauer, et de constamment rester à hauteur d’homme. La ligne de conduite de Kormakur est de raconter une histoire d’hommes et de femmes malmenés par les éléments, et qui vont se retrouver face à leur propre mortalité, rattrapés par leur condition si fragile dans cet environnement sans pitié. A chaque instant, c’est cette vision presque anthropologique qui est utilisée, et chaque personnage va faire l’expérience de la fragilité de son existence dans cette immensité défiant les âges.
Le tournage s’est déroulé en grande partie au Népal, au pied de l’Everest, mais également dans les Dolomites italiennes, où à également été tourné un autre grand film de haute montagne, Cliffhanger, Traque au Sommet. Les conditions très éprouvantes pour l’équipe du film ont permis de faire ressentir davantage ce qu’ont pu traverser Rob Hall et ses hommes lors de cette expédition fatidique, et on sent une certaine authenticité durant tout le film. Everest se positionne comme une oeuvre très réussie dans le domaine de l’aventure, en offrant une vision très réaliste et émouvante des événements survenus. Baltasar Kormakur ne verse pas dans l’émotion facile, mais construit son récit avec soin, le faisant progresser afin de créer une empathie pour ses personnages, pris dans une tourmente qui vont les éprouver physiquement et moralement. Le manque d’oxygène et le froid sont les deux constantes les plus dangereuses sur le toit du monde, et le réalisateur nous fait ressentir avec un soin quasi-documentaire cette réalité si impitoyable.
Avec Everest, Baltasar Kormakur nous convie à une aventure prenante et terrible, mettant en exergue la condition de l’Homme face à la puissance des éléments. L’Homme est si petit, mais ses aspirations sont si grandes…
Parfait le petit cours de géo très appréciable pour comprendre le contexte et un grand Merci pour la 3D qui souffre depuis plusieurs mois…..Nous allons pouvoir orienter nos clients sans souci vers la 3D qui sera proposée les 2 premières semaines d’exploitation du film ! L’émotion du film transparait bien dans ta critique et donne vraiment envie de le voir !
Je pense que la 3D est surexploitée et parfois pas forcément bien amenée… Dans des films au montage trop cut ça pose vraiment un problème de lisibilité, mais dans le cas d’Everest il y a un certain sens à proposer cette technologie. Il y a de l’action, de l’émotion, et de grands acteurs, Everest a les atouts pour faire venir le public! ^^