Inhumans saison 1 (2017)

Entre 2 épisodes de The Punisher (je vous en reparle très bientôt), je me suis casé le dernier épisode d’Inhumans histoire d’être à jour. La série de Scott Buck s’est fait bâcher déjà bien avant sa diffusion, en fait dès que les premières photos sont tombées, ce qui était à la fois très révélateur des attentes des fans, mais également de leurs craintes. On dit toujours qu’il faut savoir être patient et réserver son jugement sur le produit fini, car il est vrai que l’on n’est pas à l’abri de quelques beaux retournements de situations (vous vous rappelez comment Vif-Argent a été critiqué avant la sortie d’X-Men: Days of future Past, et comment il a été encensé ensuite?). Bon, en ce qui concerne Inhumans, j’ai été assez tolérant le temps des premiers épisodes, et j’ai bien dû me rendre à l’évidence: les critiques qui n’ont pas arrêté d’enfler au fur et à mesure des épisodes étaient finalement bien fondées, et on assiste clairement à ce qui est le plus mauvais show de Marvel Television

Pourtant, le début faisait le job, avec de nouveaux personnages à découvrir, et pas des moindres puisque les Inhumains sont une création emblématique de Stan Lee et Jack Kirby apparue en décembre 1965 dans Fantastic Four 45. Alors que le projet de film qui leur étaient consacré a traîné pendant quelques années, il a été surprenant de le voir évoluer en série télévisée! Mais passée la surprise initiale, on se disait qu’il y avait du potentiel à développer un tel récit sur une durée plus longue. Toute l’histoire tragique de Flèche Noire, la grandeur du peuple inhumain, le mystère de son existence, il y avait de quoi rendre un script bien captivant et aux arborescences scénaristiques très fouillées. Mais les 8 épisodes livrés par Scott Buck vont à l’encontre de toute la richesse du fier peuple d’Attilan, et il faut bien se rendre à l’évidence: Inhumans est un triste gâchis, et une proposition très faible et pire, paresseuse au possible.

Après 4 saisons de Marvel: les Agents du S.H.I.E.L.D. qui brassent constamment les mêmes personnages (à quelques exceptions intéressantes prêts, comme Ghost Rider dans la saison 4), il était salvateur de pouvoir apprécier les transpositions de nouveaux personnages issus de comics, et la délocalisation à Hawaï offrait une trame dépaysante. L’accent était mis sur la beauté de l’île, et entre une forêt très verdoyante et l’étendue de l’océan, on appréciait la balade le temps de quelques épisodes. Le problème, c’est que cette situation géographique n’était qu’un écran de fumée, et que les approximations scénaristiques étaient déjà bien présentes, et toute la paresse mentionnée plus haut également. Après avoir découvert les personnages de Flèche Noire, Médusa, Karnak, Crystal, Gorgone et quelques autres, il a bien fallu se rendre à l’évidence: ils sont très loin de leurs homologues comics. Flèche Noire ne possède aucun charisme, Médusa est l’ombre du personnage originel, Karnak est inintéressant au possible, et que dire de Gorgone, qui l’est encore moins… Seul Maximus tire son épingle du jeu, et il le fait in extremis grâce à Iwan Rheon, qui nous offre un jeu très similaire à son personnage de Ramsay Bolton dans Game of Thrones, mais en moins captivant. L’acteur gallois fait ce qu’il peut avec un personnage qui n’évite pas la caricature au niveau scénaristique, mais il lui insuffle assez d’énergie et de crédibilité pour qu’il tienne la route le temps de 8 épisodes.

Un autre point très négatif de cette série: le manque total d’empathie pour la famille royale, qui est présentée comme une élite opprimant son propre peuple, ce qui s’avère finalement être le cas. Maximus souhaite renverser son frère afin de prendre le trône, et il fomente un coup d’état afin que le système des castes qui perdure depuis trop longtemps soit aboli. Les citoyens des castes inférieures passent leur vie dans les mines d’Attilan, et l’appartenance à l’une ou l’autre caste est déterminée par le résultat de la terrigénèse, le fameux processus de transformation des Inhumains. On a donc clairement une élite arriviste qui vit grâce à l’exploitation de tout un pan de ses concitoyens, ce qui donne une légitimité solide à la décision de Maximus. On tient donc là un argument scénaristique valable, mais en contre-partie, on ne ressent aucune affection pour ceux qui sont les héros de la série. Pire, quand un personnage est en posture critique, on ne s’y intéresse même pas, et cette absence de portée dramatique est quand même un très sérieux problème…

Si les décors semblaient pas trop mal au début, on comprend très vite les limites imposées au show… Je lisais à plusieurs reprises sur des forums que les discours faits à la foule étaient très minimalistes, mais je m’en suis rapidement rendu compte… Quand Maximus s’adresse au peuple d’Attilan, il doit y avoir 20 pélos dans l’assemblée, pas plus… Et à chaque discours adressé au peuple, on ne compte guère plus de figurants… La portée du discours s’en retrouve elle aussi très affaiblie, et on peut également parler des décors d’Attilan, cette ville située sur la face cachée de la Lune, dont on verra si peu d’extérieurs… Ca rappelle furieusement la vision de la Chine que Scott Buck avait sur Iron Fist, qui se limitait à un entrepôt… Ou à sa vision du dragon qu’affrontait Danny Rand pour obtenir ses pouvoirs, qui n’étaient que 2 yeux dans le noir… Le côté minimaliste de Scott Buck avait déjà outré les fans d’Iron Fist, le coup de grâce est porté avec Inhumans, et il ne devrait en toute logique pas être rappelé par Marvel pour un autre projet…

Il n’y a vraiment pas grand-chose à défendre sur cette série, alors on peut rapidement évoquer Gueule d’Or qui a un design sympa et très proche des comics; un choix risqué mais intéressant d’ôter leurs pouvoirs à certains personnages; et le plaisir de retrouver ce bon vieux Iwan Rheon, que je suis depuis Misfits! Mais c’est vraiment insuffisant pour accrocher à ce show, qui multiplie les invraisemblances scénaristiques, et les personnages fades. Mention à celui de la scientifique humaine qui ne sert strictement à rien, au récit de Karnak en mode hippie avec ses amis fumeurs de joints, à des flashbacks inutiles, une amourette totalement ridicule, un autre scientifique totalement inutile, ah oui, j’oubliais un Triton franchement naze aussi… Ah oui, et l’aspect United Colors of Benetton, pour faire dans la diversité ethnique, c’est franchement pas terrible non plus… On a donc un Triton et un Karnak asiatiques, ainsi qu’un Gorgone afro-Inhumain, comme ça les quotas hollywoodiens sont respectés. Le plus important aurait été de travailler les personnages à l’écrit avant de vouloir leur donner vie à l’écran… Donc Inhumans est vraiment à réserver aux fans hardcore de Marvel, car même les plus endurcis risquent de ne pas pouvoir la terminer… Et donc il n’y a aucune certitude quand à une saison 2, bien évidemment!

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