Pour son premier film, le metteur en scène Adam Egypt Mortimer fait preuve de très belles dispositions en mettant en scène un récit horrifique qui non seulement tient la route, mais qui bénéficie d’une approche esthétique très réussie. Loin du tout-venant stéréotypé du genre, Some Kind of Hate prend le temps de poser ses personnages tourmentés et son atmosphère oppressante, pour finalement être un film indépendant qui mérite de sortir du lot.
Quand Lincoln est envoyé dans un centre dé rééducation en plein désert, il va rapidement se rendre compte que ses problèmes de harcèlement vont se poursuivre ici. Le jeune homme solitaire est une victime idéale pour les grosses brutes, mais sa rencontre avec l’esprit défunt d’une jeune fille, qui était elle aussi victime de harcèlement, va changer la donne… Adam Egypt Mortimer et son co-scénariste Brian DeLeeuw ont développé avec une certaine sensibilité les personnages de ces jeunes qui se retrouvent dans ce centre éloigné de tout. La rage intérieure de Lincoln se ressent constamment, et sous ses airs de Trent Reznor tourmenté, il est un ado comme beaucoup d’autres, cherchant à fuir une situation qui le mine. L’explication de sa passion pour le death metal est à la fois simple et intéressante, et Ronen Rubinstein, que l’on a déjà pu apercevoir dans Detachment, fait de Lincoln un personnage très intéressant.
A ses côtés, Grace Phipps, une habitué des séries télé (Vampire Diaries et actuellement Scream Queens), campe une jeune fille mal dans sa peau qui se plaît à envoûter les hommes. Maestro Harrell, qui jouait Cassius Clay jeune dans Ali, endosse le rôle de l’ado qui aime faire pression sur les autres, et qui va choisir Lincoln comme souffre-douleur. On retrouve également la belle Lexi Atkins, une habituée du domaine horrifique, puisqu’elle affrontait déjà des rongeurs zombies dans le très bon Zombeavers! Et pour finir, on a Andrew Bryniarski, le Leatherface de Massacre à la Tronçonneuse et Massacre à la Tronçonneuse – le Commencement, dans le rôle du père de Lincoln!
Tout ce beau petit monde se retrouve donc dans la Mind’s Eye Academy, une sorte d’école aux relents de secte dirigée par un homme qui voit en cet endroit un point de départ vers une nouvelle vie pour chacun de ses jeunes. Adam Egypt Mortimer crée un contexte social très intéressant, qu’il va doubler d’une interrogation tout aussi intéressante sur la scarification. L’un des personnages principaux use de ce moyen pour calmer temporairement ses tourments, et cette méthode bien plus répandue que l’on veut bien le croire est typique du mal-être adolescent que traversent beaucoup de jeunes. Il est très rare de voir ce sujet abordé dans un film, et c’est d’autant plus significatif que Mortimer le traite avec une réelle sensibilité.
La défunte Moira (Sierra McCormick) utilise quant à elle ce principe de scarification pour tuer ses victimes, d’une manière fort originale, puisque lorsqu’elle se tranche elle-même, les mêmes blessures apparaissent chez les vivants! Comme si elle projetait son propre mal-être sur les autres, avec cette fois l’intention bien réelle de tuer! Some Kind of Hate offre donc une vision assez dure de l’adolescence, et s’avère bien gore dans son traitement. Lincoln regrette d’avoir accidentellement provoqué l’apparition de la défunte, et il essaie de mettre en garde les jeunes du centre. Mais Moira a une vengeance à exercer, et elle compte bien l’assouvir…
Some Kind of Hate mérite d’être découvert, tant par la teneur complexe de son récit que par l’originalité de son traitement. Adam Egypt Mortimer nous donne un film d’horreur graphiquement très réussi, flirtant avec le film d’auteur dans le sens le plus positif du terme!
