Après avoir fait ses armes sur des clips musicaux de 2005 à 2012, le metteur en scène philippin Pedring Lopez débute une carrière dans le long métrage en 2014 avec 408, qui le placera dans le sillage du film de genre qu’il ne quittera plus, mettant sur pied 5 autres longs flirtant avec l’horreur ou l’action. Maria est son avant-dernier film, et il s’agit de la première oeuvre philippine que je regarde, qui me donne bien envie de découvrir davantage sa filmographie. Maria est une femme à la vie rangée, avec un mari aimant mais pris par ses engagements politiques, et une gentille petite fille qui brille à l’école. Un schéma de vie classique et doux, qui va subitement voler en éclats lorsque des tueurs viennent massacrer sa famille…
Le scénario ne brille pas par son originalité, mais il va assurer une trame précise pour mettre en place un schéma de vengeance qui va faire plaisir à voir. On pense bien évidemment à une version féminine de John Wick, même si Pedring Lopez ne rivalise certainement pas avec David Leitch et Chad Stahelski. Mais il possède une vision suffisamment intéressante pour qu’on se prenne au jeu de massacre de cette femme qui a tout perdu, et qui va en faire baver à ses ennemis. Pedring Lopez ne fait pas dans la surenchère, mais va nous livrer des séquences plutôt fluides qui vont mettre en avant les talents de l’actrice Cristine Reyes qui s’avère très crédible dans ses scènes de combat. Une fois encore, on est loin des impacts viscéraux d’un The Raid ou dans une moindre mesure de L’Ombre Rebelle, mais la maîtrise visuelle de Pedring Lopez et l’implication de Cristine Reyes apportent une belle générosité à ce film, et compensent les quelques approximations scénaristiques.
Je pense à ce lent travelling avant sur le visage de l’actrice alors qu’elle revit la scène cauchemardesque du massacre, et honnêtement on sent une vraie émotion affleurer. Je pense à cette séquence filmée de loin lorsqu’elle entre dans une pièce, et que l’on va voir quelques bribes du combat lointain, j’ai trouvé ça plutôt réussi et marquant. Alors oui, c’est toujours pratique lorsqu’on affronte une armée de voir les ennemis arriver un par un pour que l’on puisse les démonter, mais ça fait partie du côté jeu vidéo et cinématographique finalement, afin de pouvoir apposer un cadre graphique fort. Pedring Lopez aime se balader sur ses zones de combats, et une fois encore, même s’il est loin d’égaler Gareth Evans, il se rapproche par moments d’un Timo Tjahjanto, ce qui est déjà plutôt pas mal!
Mine de rien, ces dernières années on aura eu pas mal de films d’action féminins de haute volée, comme Furiosa – une Saga Mad Max que je n’ai malheureusement pas chroniqué, L’Ombre Rebelle ou encore Special Delivery. Et la particularité de ces films est qu’ils nous présentent des héroïnes sans faire de forcing, à savoir de vrais personnages dont on sent qu’ils n’ont pas été écrits pour en faire des décalques de films d’action masculins, mais bel et bien pour ce que leur aspect féminin peut apporter au genre. C’est tout de même à souligner dans cette période où le féminisme est souvent dévoyé…
Maria va mettre en place une intrigue à base de mafia philippine qui s’avère relativement crédible grâce à une propension assez appuyée à la violence. Le boss n’est pas là pour rigoler et les séquences de tortures sont assez hard, ce qui aura pour conséquence de renforcer la stature du personnage de Maria. Son passé fait qu’elle possède des capacités létales assez impressionnantes, et elle ne va pas se gêner pour les mettre en action, face à des ennemis qui sont eux aussi plutôt bien écrits. L’acteur américain Germaine De Leon campe un Kaleb qui passe progressivement en mode chien fou de manière plutôt intéressante, KC Montero est un acteur philippino-américain qui s’avère très solide dans le rôle du second nettement plus réfléchi, le Philippin Ronnie Lazaro joue habilement le patron de l’équivalent local de l’Hotel Continental ^^ Et Cristine Reyes maîtrise à la fois le registre physique et émotionnel de son personnage, pour faire de ce Maria une série B sans prétention mais possédant assez de punch pour que l’on ait envie de la suivre jusqu’à son dénouement, lui aussi assez graphique avec cette pluie qui tombe pile au bon moment ^^
Pedring Lopez se fait plaisir dans la conception de son film qui donne envie de creuser davantage ce cinéma philippin!