6 années ont passé depuis que le moustachu binoclard s’est retrouvé en slip dans le désert. 6 années depuis que l’agent des Stups à emmené son beau-frère assister à une descente dans un labo de dope. 6 années depuis les retrouvailles entre le professeur de physique au bout du rouleau et l’ancien élève devenu dealer minable. Depuis tout ce temps et ce premier épisode qui allait mettre en branle une mécanique aussi puissante qu’irrémédiable, Vince Gilligan a mis en place une spirale infernale bourrée de scènes chocs, d’humour ultra noir et de personnages appelés à devenir mythiques. Breaking bad, c’est sans conteste LA série des années 2000-2010.
En coupant la saison 5 en 2 parties distinctes, Gilligan a prolongé d’un an le suspense quant à cette fin tant attendue et tellement redoutée en même temps. Il y a une puissance émotionnelle incomparable dans ces 8 derniers épisodes, chacun nous projetant de plus en plus vers un achèvement qui se prépare de manière violente, viscérale et inéluctable. Chacun des personnages se dirige droit vers ce dernier épisode, et l’on ressent à la fois la totale liberté de Gilligan et de son staff de scénaristes, combinée à un immense respect pour leurs personnages qui sont traités avec énormément de subtilité et de finesse. Rarement on aura découvert une telle galerie d’anti-héros capables de nous faire basculer en une phrase de la sympathie à la méfiance, de nous choquer par leurs actes inattendus et de révéler pourtant une humanité toujours présente.
Difficile de juger les actes de Walter, de Jesse, de Skyler, d’Hank et de toute cette bande, tant ils sont le fruit d’un mélange de volonté de survie, d’arrogance, de cupidité et d’amour, le tout mélangé de manière si inextricable que les manipulations et les mensonges peuvent cacher de véritables bonnes intentions, tandis que les actes nobles peuvent eux être utiles pour des plans futurs. En nous offrant des personnages de fiction parmi les plus impressionnants de ces dernières années, Vince Gilligan nous oblige à les suivre en découvrant toutes leurs facettes, et on plonge dans cette descente avec eux en se sentant de plus en plus affecté. Les derniers épisodes sont à ce titre très difficiles à regarder, car on a à la fois envie de voir comment tout cela va se terminer, mais on a finalement aucune envie de quitter tous ces personnages incroyables…
L’écriture d’une précision diabolique, la mise en scène à la fois innovante et sublime, les personnages démentiels, Breaking bad n’est pas loin d’être une série parfaite, et cette fin de 5ème saison consolide encore cet état de fait. En ne cherchant pas à faire dans la surenchère, Gilligan maintient le suspense jusqu’au bout et réalise un épisode final qui achève d’une très belle manière tout ce qu’il a créé depuis 2008, et par cette approche il offre à sa série le statut désormais mythique qu’elle est largement en droit d’obtenir. C’est véritablement difficile de quitter Walter, Jessie, Hank, Skyler, Saul, Mike, Gus et les dizaines de personnages qui ont gravité autour de cette figure incroyablement dense d’Heisenberg, mais une chose est certaine, Breaking bad aura contribué à élever le niveau télévisuel jusqu’à un point qui n’avait pas encore été atteint, et qui ne le sera probablement jamais plus, et c’est peut-être mieux ainsi…
Si vous n’avez jamais suivi cette série, je vous envie vraiment, car il vous reste tout un univers tellement riche à découvrir! Et si vous avez achevé Breaking bad ces derniers jours, je comprends aisément votre tristesse, mêlée à cette sensation d’avoir participé à quelque chose d’unique qui vous laisse malgré tout un sourire au coin des lèvres…