On n’avait plus eu de nouvelles du boogeyman depuis 1999 et Candyman : le Jour des Morts, et voilà que le remake sort enfin sur les écrans après les multiples reports habituels en ces temps étranges… Mais voilà, il semblerait bien que ce nouvel opus s’inscrive dans la lignée du Halloween de David Gordon Green, en étant en fait un soft reboot prenant la suite du très bon Candyman originel signé Bernard Rose… C’est en 1992 que la légende allait prendre vie, grâce à l’incarnation inquiétante de Tony Todd dans le sinistre rôle de Daniel Robitaille…
Il était intéressant de remettre au goût du jour le personnage et sa mythologie, et le film démarrait plutôt bien avec une vision des quartiers de Cabrini Green très intéressante et une musique semblant inspirée des sonorités de Philip Glass sur le film originel. L’approche semble se dérouler à la fois en mode respectueux et contemporain, et on commence à glisser dans l’histoire de manière intéressante. C’est assez surprenant de retrouver Nathan Stewart-Jarrett dans un second rôle, lui qui jouait dans l’excellente série anglaise Misfits! On retrouve également Teyonah Parris, qui jouait Monica Rambeau du côté de chez Marvel dans l’atroce WandaVision… Et c’est Yahya Abdul-Mateen II, à des antipodes de son rôle dans Us, qui joue le personnage principal. C’est lui qui va commencer à s’intéresser à l’histoire du quartier de Cabrini Green, soulevant des pans inquiétants du passé de ce lieu, et faisant ressurgir des forces tapies dans l’ombre depuis longtemps…
La manière dont le film se raccorde au premier est plutôt bien amenée, mais il y a quand même pas mal d’éléments qui vont empêcher Candyman de convaincre réellement. C’était pourtant bien parti avec une volonté similaire à Bernard Rose de questionner les lieux eux-mêmes et l’impact de la cité sur ses habitants, mais après quelques plans intéressants, le film va s’aventurer sur un terrain vu et revu trop de fois, celui du trip artistique et du créateur maudit… Anthony McCoy est un peintre qui n’a plus sorti de toile depuis 2 ans, et qui va soudainement retrouver l’inspiration avec le mythe de ce personnage au crochet censé hanter le quartier… L’aspect fiévreux de la création, l’artiste au bord de la folie, ce sont des thématiques tellement éculées et qui sont ici présentées avec la même approche simpliste habituelle, que du coup le film nous perd un peu en cours de route… OK les visions sont plutôt sympathiques, mais le schéma répétitif fait que l’on adhère de moins en moins… Dans le film originel, il y avait véritablement une symbiose entre l’art et le cadre de vie, qui fonctionne nettement moins bien ici.
Les révélations faites en rapport avec le premier film sont intéressantes, mais ne sont pas suffisantes pour que ce Candyman 2021 réussisses son effet. Il y a une belle absurdité aussi avec la blessure d’Anthony au début du film, le genre de blessure qu’on va rapidement faire soigner à l’hôpital, mais non, lui il va laisser traîner ça tranquillement… Et si le film se permet une prolongation plutôt bien amenée du mythe de Candyman, on regrette quand même amèrement l’absence de Tony Todd, qui avait nettement plus de charisme que celui de ce film… Tony Todd s’est totalement pris au récit de Bernard Rose et a activement participé à la création du mythe, tandis que le personnage de cette version ne restera pas dans les annales… Encore un boogeyman qui a pris cher, n’est-ce pas Jason Voorhees, Michael Myers et Freddy Krueger…? Les remakes, reboots ou soft reboots vont tous dans le sens de l’accentuation des qualités des films originaux, et apparaissent comme de purs produits destinés à reproduire, sans y parvenir, les qualités d’antan… Sous ses quelques beaux atours, Candyman est donc une énième tentative qui ne brillera pas par son audace…