Donnybrook (Tim Sutton, 2018)

4ème film du réalisateur Tim Sutton, Donnybrook s’annonce comme un film d’action mais il n’en est en fait rien. Avec son accroche centrée sur des combats clandestins, on était effectivement en droit de s’attendre à un film de fight bien violent. Contre toute attente, Tim Sutton va nous mener dans une autre direction, avec un drame intimiste social bien prenant. Jamie Bell (Billy Elliot, vous vous rappelez? ^^) incarne un homme lambda qui en a marre de se débattre pour gagner sa croûte chaque jour, et qui décide de participer à un tournoi clandestin, le Donnybrook. Le film va suivre son périple à travers les états afin de rejoindre le terrain sur lequel a lieu le tournoi. Il est accompagné de son jeune fils, à qui il souhaite enseigner des valeurs combatives et lui donner confiance en lui.

En lieu et place d’un film de baston, on a une odyssée intime qui lorgne du côté de L’autre Rive de David Gordon Green, avec tiens, déjà Jamie Bell! C’est étonnant de voir les similitudes existant entre ces 2 films auxquels a participé l’acteur, avec une même esquisse contemplative de leur histoire. Le film va avoir son lot de séquences tendues, et il va constamment inscrire ses personnages dans leur environnement, rehaussant à la fois la force émotionnelle et narrative du récit. On se trouve face à un film anti-spectaculaire, qui va paradoxalement approfondir son propos par la nature même de ces choix que l’on pourrait qualifier de naturalistes. On sent le vent souffler dans les séquences, la caméra s’attarde sur les éléments pris dans la nature… Tim Sutton propose une radiographie de l’Amérique profonde, avec des êtres esseulés et perdus qui se débattent pour garder le moindre espoir, et qui sont entièrement liés à leur environnement. Le parti-pris est audacieux et donne lieu à une oeuvre étrange et faussement calme.

Aux côtés de Bell, on a l’excellent Frank Grillo (Warrior, Captain America : le Soldat de l’Hiver, American Nightmare 2 : Anarchy) qui s’avère toujours efficace tant dans le domaine de l’action que dans son jeu d’acteur, et il campe ici un personnage pas franchement angélique. Margaret Qualley (la nana déjantée de la pub Kenzo World, qui jouait la belle inconnue dans Once upon a Time… In Hollywood) prouve ici tout son talent, avec un rôle difficile et quelques scènes bien marquantes! Sa capacité à générer de l’émotion impressionne, et elle tient tête aux 2 mâles du film!

Le film est scénarisé par Sutton lui-même, qui adapte un roman de Frank Bill. Son écriture s’avère similaire à son talent de mise en scène, avec une vision brute et réelle de l’existence de ses personnages. Donnybrook bénéficie d’une patine mélancolique et intimiste, tout en proposant une vision directe et radicale. Si les scènes de combats ne sont pas nombreuses, elles ont le mérite d’être âpres et frontales, avec une soudaineté et un réalisme qui surprend. Tim Sutton sait comment manier la tension, pour la faire monter rapidement ou plus calmement, et surtout il en gère également les explosions sèches. Avec sa brochette de personnages tous aussi paumés les uns que les autres, il nous livre une descente en mode redneck triste et brutale, pas aussi violente que ce que l’on pouvait penser au départ, mais où se mêle une poésie contemplative bienvenue.

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