Hip-Hop Evolution saison 1 (2016)

En 2016, une série documentaire canadienne allait s’imposer comme une oeuvre monumentale et définitive, nous dévoilant la genèse complète de ce genre musical aujourd’hui planétaire, le hip-hop. Le doc poursuivra l’exploration avec 3 autres saisons elles aussi composées de 4 épisodes, mais la plus captivante est certainement la première!!! L’artiste Shadrach Kabango (Shad sur scène) nous convie à un retour aux sources passionnant, en remontant aux racines de ce courant musical, genre alternatif qui aura par la suite fédéré des millions de personnes! Tout a commencé au 1520 Sedgwick Avenue dans le Bronx, à New York, le soir du 11 août 1973…

Clive Campbell est le premier DJ à organiser des soirées hip-hop, et son nom de scène DJ Kool Herc est entré dans la légende. Ce 11 août 1973, il allait déchaîner la foule en proposant une innovation technique dans le passage des vinyles, puisque armé de 2 platines, il allait se concentrer sur les parties bien rythmiques des morceaux en pouvant les prolonger indéfiniment grâce à ses 2 appareils. Il possédait 2 exemplaires de chaque disque, et pouvait donc créer des boucles en revenant en arrière sur chacune des tables, et créer ainsi un rythme que l’on qualifierait de break, et sur lequel les gens allaient commencer à danser d’une manière très différente. Avec cette méthode innovante du break, naissait donc également le breakdance (Pour les origines du breakdance, vous pouvez également aller faire un tour ici) ! On sent toute l’énergie qui se dégage de cette nouveauté, et entre les images d’archives et l’interview du légendaire DJ Kool Herc, on est déjà bien servi niveau émotion et beats!!!

Mais ce n’est que le début, et le voyage en 4 épisodes va s’avérer fabuleux, et rythmé par une vraie logique dans son cheminement. Dans la Sainte Trinité des débuts du hip-hop, après DJ Kool Herc arrive Afrika Bambaataa (Lance Taylor de son vrai nom), personnage ultra-respecté qui va utiliser sa notoriété pour rassembler une population divisée entre gangs. Il a fait partie des Black Spades, mais va organiser des réunions entre membres de différents gangs rivaux, afin de les fédérer autour de projets communs, notamment musicaux. C’est ainsi qu’il va créer la Zulu Nation, collectif d’artistes pratiquant le graff, la musique, le breakdance… Et de son côté, il va créer de nouvelles sonorités en mêlant des éléments électroniques à la Kraftwerk dans ses compositions, et c’est ainsi que le morceau Planet Rock devient légendaire en 1982!

Grandmaster Flash (Joseph Saddler) est le dernier élément de cette trinité, et probablement le plus scientifique. Fasciné par les appareils électriques, il démonte tout ce qu’il trouve, du sèche-cheveux aux autoradios, afin de comprendre le fonctionnement interne de ces objets. Il est également fasciné par le mouvement circulaire, et aimait regarder la machine à laver où les disques tourner! ^^ Lorsqu’il s’intéresse à la musique, il va lui appliquer une précision scientifique, et il est le premier à mettre des repères sur ses disques afin de pouvoir commencer au moment précis où il le souhaite, il a donc créé la technique du cutting, et armé de ses 2 platines, il a perfectionné l’art créé par DJ Kool Herc!

Si les débuts du hip-hop sont un excellent moyen de sortir d’une réalité difficile faite de violence et de pauvreté, et que les DJ et MC’s apportent du réconfort et de la fête, Grandmaster Flash, avec ses acolytes des Furious Five, nous livre en 1982 The Message, morceau qui allait devenir culte et qui allait créer une brisure en racontant l’histoire tragique de la rue. C’est à partir de là que les artistes se rendent compte qu’ils vont pouvoir utiliser cet art pour s’exprimer sur leurs conditions sociales et leurs aspirations! C’est véritablement passionnant de suivre l’évolution de ce courant auquel chaque participant va apporter sa touche personnelle, et qui va irriguer le Bronx dans un mélange d’atmosphère sérieuse et festive, marquant l’émergence d’un véritable phénomène de société! Ils vont paver la voie notamment pour Public Enemy et N.W.A.!

Shad va donc se balader dans le quartier au gré de ses rencontres, et on va le suivre dans ses interviews de Grandmaster Caz, Melle Mel, Kurtis Blow, Russell Simmons, Big Daddy Kane, Grand Wizard Theodore, DJ Hollywood, Sugarhill Gang et tellement d’autres!!! On va découvrir des anecdotes savoureuses, se rendre compte que la panne de courant du 13 et 14 juillet 1977 a été un élément primordial dans la genèse du hip-hop (je vous laisse découvrir pourquoi ^^), et tellement d’autres éléments fondateurs de ce courant musical. Ces 4 épisodes sont d’une richesse impressionnante, et le découpage s’avère des plus judicieux. La réalisation signée Darby Wheeler, Sam Dunn et Scott McFadyen s’avère excellente, en nous immergeant totalement à travers ces différentes époques foisonnantes! On replonge dans un passé difficile avec un abandon social généralisé, et voir des quartiers entiers totalement délabrés dans le Bronx alors que le disco a un succès fou dans les quartiers branchés du centre, ça montre le fossé énorme entre les strates de la population… On sent toute la puissance de ces inspirations créatrices des pionniers du hiphop, et on suit avec une vraie logique tout le développement de ce style qui va constamment muter. Je ne vous en dit pas plus sur le reste, il reste tellement à découvrir et je vous invite donc à faire ce voyage passionnant!!!

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Le clip de la semaine : Jérémy Ferrari et Guillaume Bats

Ca fait tellement de bien leur humour noir à ce duo, que je vous pose ça là trankillou! ^^Jérémy Ferrari et Guillaume Bats dans toute leur splendeur!

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Them saison 1 : Covenant (2021)

Si le titre de cette série anthologique fait immédiatement référence au Us de Jordan Peele, on se dit que l’opportunisme est de mise puisque l’auteur n’a rien à voir avec ce show. Et quand on sait que ça traite des déboires en mode horrifique d’une famille noire comptant 2 enfants, on se dit que là encore, la similitude est presque forcée. Mais après avoir lu une critique enjouée de la chose, je me suis décidé à plonger dans cette première saison intitulée Covenant (qui signifie « engagement »), et j’ai été sacrément bluffé par la création du showrunner Little Marvin! Il s’agit de son premier travail d’écriture, et il fait preuve d’une maturité que de nombreux auteurs ne parviendront pas à atteindre en une carrière! Si j’évoquais des similitudes avec le travail de Jordan Peele, c’est qu’ils partagent une vision horrifique du racisme avec un traitement où l’absurde le dispute au choquant, créant ainsi une atmosphère véritablement déroutante et captivante. On sent que Peele a fait beaucoup de bien au genre en ouvrant une certaine voie dans laquelle d’autres auteurs ont pu s’engouffrer (avec Antebellum notamment), et ce terreau va s’avérer très fertile pour les esprits aiguisés comme celui de Little Marvin.

Nous sommes en 1953, et nous suivons l’emménagement d’Alfred et Livia « Lucky » Emory, qui ont fui une Caroline du Nord très raciste pour tenter leur chance dans un quartier résidentiel de Californie. Le poste d’ingénieur qu’Alfred a obtenu est un moyen inespéré de commencer une nouvelle existence, et le couple arrive avec ses 2 filles à Compton, une banlieue peuplée presque uniquement de Blancs. Autant dire qu l’accueil ne va pas être des plus chaleureux, et un combat âpre se prépare pour faire valoir leurs droits… Le traitement très frontal du racisme est véritablement captivant, avec des événements que l’on pourrait de nos jours penser exagérés, mais qui collent malheureusement parfaitement à la réalité de l’époque (et qui perdurent encore de manière plus ou moins latente de nos jours). On se croirait dans une sorte de Desperate Housewives semi-bourgeois pour Blancs supérieurs, mêlé à un peu de Femmes de Stepford, et le malaise que crée cette soi-disant supériorité est relativement violent. L’actrice Alison Pill (American Horror Story, Devs) est impressionnante de froideur et de rage contenue, dans son rôle de la voisine persuadée de son ascendant sur cette famille de Noirs. Son éloquence et sa passion pour défendre ses convictions et son quartier font froid dans le dos, et elle confère au personnage de Betty une puissance de manipulation très inquiétante.

Deborah Ayorinde (qui jouait dans Luke Cage) campe Lucky Emory avec une grande conviction, et on sent toutes les tensions qu’elle subit et les instincts qu’elle réfrène constamment. Le personnage n’a pas eu l’existence facile, c’est le moins que l’on puisse dire, et un des épisodes s’avère clairement choquant avec un récit difficilement supportable. Mais cela va également démontrer à quel point elle est une survivante, et comment elle peut encore puiser des forces dans cette bataille abjecte. Mais s’il y a bataille contre le voisinage, il y a également un combat qui se joue au sein même de son domicile, avec une présence très inquiétante sous son toit. La manière dont Little Martin traite la thématique du racisme s’avère déjà très impressionnante, et le choix de la doubler avec le thème de la maison hantée permet de complexifier de très belle manière le propos. Ce qui rôde dans les parages est-il réel, où n’est-ce qu’une projection des instincts et des peurs enfouis au plus profond de la famille? En tout cas, cela donne l’occasion de plonger dans des séquences bien stressantes et menées avec très grand soin…

Ashley Thomas (24: Legacy) donne lui aussi une densité très palpable à son personnage, ce père de famille qui va être confronté à différentes menaces et qui va tout faire pour protéger sa famille sur tous les fronts. Il y a des séquences tellement absurdes et pourtant tellement injustes, comme celles qu’il subit au travail, que l’on comprend la rage qui bouillonne de plus en plus en lui. Toujours se taire et subir, courber l’échine afin de conserver son poste, et accepter les humiliations pour subvenir aux besoins de sa famille. L’impartialité est flagrante et les mauvais traitements psychologiques d’une telle évidence, mais c’était simplement la norme dans les années 50… Les crises d’angoisse qu’il ressent sur son lieu de travail sont visuellement très réussies, et démontrent tout ce qui se bouscule sous son crâne oppressé… Et que dire de ce tap dancer grimé, qui semble représenter sa part d’ombre et de révolte? Cet être s’avère vraiment flippant avec sa gestuelle exagérée et sa noirceur profonde, visible dans ses yeux terrifiants… Il offre des scènes à la portée dramatique très réussie, et est sans conteste l’un des personnages les plus flippants du show!

On parlait de Us? Shahadi Wright Joseph y incarnait la fille du couple, et elle incarne également la fille du couple de Them! Elle était déjà impressionnante dans Us, et elle s’avère tout aussi douée dans cette série, avec un rôle moins ambivalent mais clairement pas évident non plus. Avec elle, on va suivre ses problèmes de collégienne qui n’a pas la bonne couleur de peau, et les différents ressentis qui vont la chambouler. Et la jeune actrice Melody Hurd s’avère elle aussi impressionnante dans le rôle de la petite Gracie, avec une capacité à passer de toute mignonne à très flippante, avec les visions qu’elle a… Ca doit être difficile pour une gamine de son âge d’interpréter un tel rôle, mais elle s’en sort vraiment bien!

Them possède une atmosphère résolument intriguante et inquiétante, et parvient à traiter le réel et le fantastique avec la même intensité. Il y a juste un segment qui me parait exagéré concernant la voisine Betty, et qui est peut-être de trop dans la série. Mais l’ensemble s’avère très captivant et on est happé par cette vision sans concession du racisme normalisé des années 50… Le travail des metteurs en scène est remarquable (ils sont 5, dont Ti West, réal de The Innkeepers et d’un segment de V/H/S), et ils s’harmonisent parfaitement pour créer un climat très malaisant dans ce quartier tout propret digne de Bree Van De Kamp… Le rejet viscéral de la fille aînée par ses camarades de classe est violent, heureusement elle fera une rencontre qui pourrait bien l’aider à surmonter tout cela… La petite Gracie voit une vilaine dame lui rendre visite de temps à autre, et ce personnage est bien flippant… L’utilisation de la musique est excellente lors des différentes séquences, et contribue à modifier radicalement l’ambiance en une fraction de seconde, et participe activement à certains passages bien décalés.

Them est une très belle réussite, d’une densité impressionnante et qui offre un regard très intéressant sur la condition sociale déplorable de la population noire à cette époque…

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Les news de la semaine : Mon Ami Joe

Snake Eyes : G.I. Joe Origins vient se rappeler à nous, maintenant que sa campagne promo peut enfin reprendre alors que la situation sanitaire semble s’améliorer. Le film de Robert Schwenke nous lâche une affiche et quelques photos, permettant de définir la tonalité de cette origin story consacrée au ninja Snake Eyes. Le rôle-titre sera interprété par Henry Golding, vu dans Crazy Rich Asians et The Gentlemen, et on assistera à ses débuts avant qu’il rejoigne l’organisation G.I. Joe. On pourra compter sur les présences d’Andrew Koji (Storm Shadow), Iko Uwais (Hard Master) ou encore Samara Weaving (Scarlett) pour élever le niveau d’action! Espérons que ce soit nettement meilleur que le récent Mortal Kombat… Et concernant l’affiche du film, c’est toujours aussi rageant de voir à quel point les producteurs n’en ont rien à foutre du mythe du masque, comme c’est le cas sur toutes les affiches de films Marvel d’ailleurs… Il n’y a que Deadpool qui n’a pas les chevilles qui enflent assez pour exiger qu’on voit la tronche de Ryan sur les affiches! ^^ Sortie le 18 août.

 

Une nouvelle affiche pour la série Loki, qui débutera le 11 juin!

 

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Le clip de la semaine : Breakin’ 2 : Electric Boogaloo : Dancing on the Ceiling

Je vous parlais il y a pile une semaine de l’excellent Break Street 84, avec les danseurs hip-hop Adolfo Quinones et Michael Chambers, et j’évoquais assez rapidement la suite nommée Breakin’ 2 : Electric Boogaloo avec le même duo (ou trio plutôt, puisque Lucinda Dickey est également dans les 2 films). Dans cette séquelle nettement inférieure, une scène vaut pourtant le coup d’oeil, et je l’avais partagé dans l’article de la semaine dernière, mais elle mérite d’apparaître dans Le Clip de la Semaine! ^^ Il s’agit d’une séquence visuellement dingue, tournée d’une manière très particulière! Je vous invite à la regarder avant de lire les explications 😉


 

C’est bon? Alors ça claque non? Ca date de 1984 et Michael Chambers y défie les lois de la gravité avec classe! En fait, le principe de cette scène est la même qu’une autre issue d’un film de genre très différent, Les Griffes de la Nuit, sorti la même année! Il s’agit d’une chambre rotative (celle utilisée pour le film de Wes Craven), avec les éléments de décor collés au sol, sur les murs et au plafond, et si on a l’impression que Michael Chambers grimpe aux murs, c’est en fait la pièce qui bouge, ce qui fait que le danseur est toujours au sol! Mais l’illusion est géniale, et ça donne une séquence véritablement magique!

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