Au plus profond (Laura McGann, 2023)

On s’abandonne souvent dans des oeuvres cinématographiques afin de ressentir des émotions qui nous sont inaccessibles dans notre quotidien, et qui nous font l’effet d’une intense bouffée d’air frais, d’un frisson prolongé ou d’une intense plénitude. Dans ce Au plus profond signé par la réalisatrice irlandaise Laura McGann, on va ressentir l’ensemble de cette palette émotionnelle en suivant le parcours hors norme de 2 plongeurs apnéistes, l’italienne Alessia Zecchini et l’Irlandais Stephen Keenan. La beauté et la force de ce film en font l’une de mes plus belles découvertes de ces dernières années, en mettant en lumière un sport que je ne connais pas du tout, et qui possède une aura dangereuse et attractive que l’on ressent pleinement dans ce superbe documentaire.

La particularité des sports extrêmes se résume très souvent en une seule caractéristique : ils nous mettent face à des personnages habités par une passion qui transcende leur existence de simple mortel, et qui leur donne une vision de l’existence très différente du commun des mortels. On ressentait pleinement cet état de fait dans le sublime Free Solo de Jimmy Chin et Elizabeth Chai Vasarhelyi sorti en 2018, qui nous présentait la personnalité unique d’Alex Honold, l’un des grimpeurs en free solo (sans être assuré) les plus réputés du monde. On voyait dans ce doc qu’à chaque inspiration, Alex vivait pour ce sport, et Free Solo fait partie des documentaires les plus magnétiques que j’ai pu voir. Dans Au plus profond, on va découvrir que chaque inspiration d’Alessia et de Stephen sont consacrées à leur propre passion.

Les documentaires sur les sports extrêmes possèdent eux aussi une particularité : ils bénéficient très souvent d’images somptueuses, magnifiant une nature pouvant être tour à tour d’une beauté éblouissante et d’une indicible cruauté. Laura McGann nous livre une oeuvre qui va chercher au plus profond de ces sensations et de ces émotions que procurent la pratique d’un tel sport, nous plaçant en tant que spectateurs privilégiés de cette quête d’absolu renversante, en suivant 2 âmes humaines tirées par une force invisible qui va les mener de plus en plus loin. Laura McGann va utiliser de nombreuses images d’archives afin de nous raconter les histoires d’Alessia et de Stephen, et va également filmer d’autres adeptes de ce sport afin qu’ils mettent en mot ce que l’on peut ressentir dans ces moments d’intense solitude au fond de l’océan. On va découvrir des endroits somptueux, comme le Trou Bleu aux Bahamas ou Dahab en Egypte, des endroits à l’apparence idyllique, mais qui peuvent également s’avérer très cruels.

Le choix de raconter cette histoire de manière parallèle est très beau, et on va alterner entre les vies des 2 plongeurs, chacun à un bout du monde, mais comme si un fil invisible et immatériel allait les relier un jour. La vision de la réalisatrice va permettre de nous faire comprendre ce qu’Alessia et Stephen ressentaient lors de leurs différents périples, elle ayant découvert la plongée depuis son plus jeune âge, lui rêvant de devenir explorateur dès son enfance. Des chemins au départ éloignés, mais qui se rejoindront un jour… De belles émotions se dégagent de cette approche très intimiste, permettant d’aller bien au-delà du simple fait de relater un événement sportif.

On va découvrir le milieu de la plongée en apnée avec ses champions et ses championnes, dont notamment Natalia Molchanova, athlète russe considérée comme une légende de la discipline. On va comprendre les immenses difficultés de cette pratique, en apprenant qu’au bout de 30 mètres de profondeur, la pression fait que l’on descend tout seul, et que la remontée demande un grand effort, comme si l’on nageait à contre-courant. Des données qui augmentent le respect que l’on peut avoir pour ses sportifs, qui repoussent sans cesse leurs limites pour descendre le plus profond possible. Voir Alessia s’enfoncer dans les ténèbres au fur et à mesure de sa progression est réellement impressionnant, et ce documentaire parvient à retranscrire toutes les difficultés et toute la beauté de cette discipline, sans pour autant masquer les dangers qui sont inhérents à cette pratique. Voir Alessia remonter et faire une syncope lors de la première plongée du film crée un certain choc, et va rendre le spectateur d’autant plus attentif à la suite du film.

Je ne vous en dirai pas davantage sur cette oeuvre, ce film doit se ressentir de manière personnelle, car il nous raconte le destin de 2 êtres ayant décidé de consacrer leur vie à leur passion. Le terme « décidé » n’est en fait pas correct, car cette vie ne relève pas d’une décision consciente, mais est la conséquence d’une puissante force intérieure poussant à aller vers cette passion. Vous allez suivre 2 existences exceptionnelles, avec son lot de joies, de déceptions, de dépassement de soi, de tragédies… Ce que l’on cherche souvent à ressentir dans un film de fiction, et qui s’avère tellement plus puissant dans un documentaire de cette qualité!

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Dossier : le JDD, le média à abattre?

Je n’avais jamais ouvert un exemplaire du Journal du Dimanche, média historique fondé en 1948, jusqu’à il y a très récemment. C’est l’avalanche négative tombé sur Geoffroy Lejeune, nommé directeur de la rédaction il y a quelques mois, qui m’a donné envie de tenter la lecture de l’unique journal dominical français. A la date du 22 juin 2023, la rédaction a entamé une grève afin de protester contre la nomination de Geoffroy Lejeune, transfuge du média Valeurs Actuelles qui est officialisé dans ses nouvelles fonctions le 23 juin. Durant les 40 jours de cette grève (qui est la 2ème plus longue dans l’histoire des médias français), de nombreuses voix se sont élevées contre cette nomination, avec notamment la ministre de la culture Rima Abdul Malak, le ministre de l’éducation nationale (alors encore en poste) Pap Ndiaye ou encore Joey Starr. Cela a provoqué un tel déferlement d’indignations que ça m’a décidé à me faire mon propre avis, en allant au-delà du prisme médiatique standard. Chaque dimanche matin, je suis donc allé chercher mon JDD chez le buraliste, et je me suis plongé dans la lecture de ce média porté par un homme catalogué comme d’extrême-droite, intolérant et profondément raciste.

Avec un premier numéro bricolé de manière artisanale et avec un manque de temps évident, on a donc eu une pagination amoindrie et l’aide d’amis et collègues habitués à travailler avec Geoffroy Lejeune afin de pouvoir sortir ce JDD n° 3995 dans les temps, afin de mettre un terme à cette traversée du désert de 40 jours. La 1ère page traite d’un sujet tenant à coeur au nouveau directeur de la rédaction, en mettant en avant le thème de l’insécurité. Geoffroy Lejeune frappe très fort avec cette lettre ouverte émouvante signée par différentes familles ayant perdu un de leur membre lors de « faits divers » devenant de plus en plus banals. Je ne vais pas en sortir quelques phrases ici, car le texte dans son ensemble mérite d’être découvert et ressenti, mais ce mélange de douleur, d’humilité et même de bienveillance ne peut que susciter une grande émotion lors de sa lecture.

On reviendra bien évidemment sur la grosse erreur dans le choix de la photo de cette Une, car l’une des familles mentionnées a vu son enfant Enzo mourir dans l’un de ces faits divers, mais la photo est celle de la famille d’un autre jeune nommé lui aussi Enzo, également victime d’un de ces faits divers. Avec la pression pour sortir le journal dans les temps, avec une équipe de rédaction décimée, cette énorme erreur n’a pas été évitée. Mais lorsqu’on y pense, avoir tant de « faits divers » que l’on puisse trouver plusieurs victimes ayant le même prénom, ça donne là aussi à réfléchir… Au-delà de cette erreur, il faut se souvenir de ce témoignage dur et touchant porté par cette lettre ouverte au Président de la République, et à l’expression des proches des victimes, qui sont trop souvent oubliées et invisibilisées.

Une autre polémique a rapidement émergé après la parution de ce numéro, qui accueillait dans ses colonnes une interview de Sabrina Agresti-Roubache, la nouvelle secrétaire d’état à la ville. Une entrevue en toute franchise de la part de la nouvelle élue, qui a été critiquée pour avoir participé à ce journal. Mais comme elle le dit : « Le pluralisme, c’est accepter la confrontation. Je réponds au JDD comme je me réjouis de l’invitation qui m’a été faite de venir débattre à la Fête de l’Humanité. » Voir une membre de la Macronie être reçue par un journal que l’on veut qualifier d’extrême-droite, ça ressemble davantage à une forme d’ouverture d’esprit et d’échange d’idées…

Quand on a des formations politiques ayant décrété qu’elles ne donneraient plus d’interview au JDD suite à la nomination de Geoffroy Lejeune, on se retrouve avec une volonté affirmée de ne pas débattre, alors que c’est justement dans la confrontation d’idées que l’on peut affiner et travailler ses propres idées. Alors qu’Emmanuel Macron a invité l’ensemble des 11 partis politiques représentés au Parlement il y a quelques jours, avec comme initiative de mettre en commun les idées, pour proposer des projets, des visions communes afin de faire avancer le pays, en quoi le repli sur soi et le refus de dialoguer avec les autres sont-ils force de proposition? Dans ma naïveté, je crois davantage en ce genre de tentative de réunion macronienne qu’a la mise au ban des opposants politiques.

Le JDD va donc faire intervenir différentes figures de tous bords, avec les amis et proches de droite que sont Charlotte d’Ornellas (qui a démissionné de Valeurs Actuelles par solidarité envers Geoffroy Lejeune, renvoyé du média), Pascal Praud ou Mathieu Bock-Côté, mais également des personnalités de gauche comme Manuel Valls, Jean-Marie Bockel ou Karl Olive. Le JDD donne la parole à ceux qui veulent la prendre, quelle que soit leur famille ou mouvance politique, ce qui est quand même très positif! On n’oubliera pas Christine Kelly (dont je vous invite à lire l’excellent livre auto-biographique Libertés sans Expression) pour un article très intéressant et qui la touche directement, puisqu’elle parle de sa Guadeloupe natale en traitant notamment de la gestion lunaire de l’accès à l’eau potable, à cause du pesticide chlordécone qui contamine les nappes phréatiques depuis 1993!

Après un mois et demi et 6 numéros, je peux affirmer que le journal traite de sujets très variés et qu’il le fait avec une lucidité qui fait plaisir à lire. On va parler d’insécurité, qui était déjà un cheval de bataille pour Lejeune dans Valeurs Actuelles, mais aussi de pouvoir d’achat, d’éducation, de sport, de cinéma, d’automobile, de patrimoine culturel… Le spectre est très vaste, et moi qui ne suis pas spécialement connaisseur dans la majorité des sujets abordés, cela permet de faire connaissance avec des domaines qu’il ne me serait jamais venu à l’esprit d’aborder! L’hebdomadaire va donner la parole à des personnalités politiques ou publiques, mais également à de simples travailleurs, ce qui permet de voir la réalité de la vie de manière parfois très frontale. L’article consacré à l’inflation est à ce titre très intéressant, chaque personne interrogée expliquant de manière très concrète comment survivre avec le Smic. Là encore, en quelques paragraphes, on a un article fort rédigé par Lou Pineda, qui met en lumière les difficultés de toute une partie de la population.

Pêle-mêle, le journal va traiter de la guerre des Talibans contre la drogue, avec la destruction des champs de pavot et les centres de sevrage pour drogués; un dossier complet va être accordé au nouveau ministre de l’éducation nationale Gabriel Attal, membre de Renaissance; on va parler de la crise taïwanaise, de la mort d’Evgueni  Prigojine, un article se penchera sur le sujet tabou des hommes battus, on aura une interview d’Alain Giresse et une autre de Michel Platini… Et je repense également à cette interview très émouvante de Betty Gervois, la mère de la jeune Lindsay, qui raconte son calvaire avec une franchise déroutante, et qui parle également de son travail fort avec Gabriel Attal afin de lutter autant que possible contre le harcèlement à l’école… Chaque semaine, le JDD résume une actualité riche et variée, et le fait avec beaucoup de professionnalisme et un travail acharné!

Le JDD donne la parole à ceux qui souhaitent s’exprimer, et on sent un respect pour chaque interlocuteur contribuant à créer ce journal. Si l’on veut qualifier ce journal d’extrême, je dirai qu’il est extrêmement humble et extrêmement lucide. Le reste des dénominations n’est clairement pas mérité par cette équipe et son directeur de rédaction. Après avoir acheté quelques numéros de ce journal afin de me faire ma propre opinion, j’en apprécie la justesse et la plume de ses intervenants, et tant que le JDD fera preuve de cette ouverture d’esprit, je pense bien que je vais continuer à rendre visite à mon buraliste chaque dimanche matin! ^^

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Le clip de la semaine : Mozinor – Deadzone 2008

A force de redécouvrir les vidéos de Mozinor depuis plusieurs mois, je me rends  compte de l’excellence du bonhomme qui nous livre régulièrement de pures pépites depuis 2004 ! Certaines parodies peuvent parfois être légèrement en-dessous, mais au vu de la générosité de l’auteur, c’est quantité très négligeable! De manière générale, Mozinor nous concocte des perles d’humour absurde relativement courtes, comprises entre moins d’une minutes et moins de 5 minutes, mais il est parfois pris d’un accès de folie et se lance dans l’élaboration de détournements un poil plus longuets. J’avais envie de rendre hommage au génie créatif de cet homme mystérieux, dont l’identité n’est à ce jour toujours pas connu, puisqu’il continue d’avancer masqué et dans l’ombre tel un adepte du Crou.

Je vous partage donc cette vidéo réservée aux vrais amateurs de ce cinéphile averti, puisqu’elle possède une durée de presque 20 minutes, et se présente comme une pièce maîtresse et emblématique de son travail d’orfèvre. En 2008, Mozinor a donc oeuvré sur une relecture du Dead Zone de David Croneberg (adapté de Stephen King), dans laquelle il traite avec énormément d’humour mais également une très belle sensibilité du « métier » de détourneur si je puis dire, et encore plus globalement de YouTubeur. Sans en avoir l’air, il va parler de sa propre expérience, de l’angoisse de devoir tenir le rythme et le niveau quand on on devient célèbre sur internet, des efforts à fournir afin de se renouveler, de la concurrence de plus en plus acharnée… Ce Deadzone 2008 (pourquoi c’est écrit en attaché, je n’ai pas la réponse) est une superbe allégorie du créateur de contenu internet, possédant une réflexion à la fois très terre-à-terre et obéissant aux mêmes codes humoristiques du maître. Le résultat est une vraie pépite, riche et complexe, et méritant à ce titre plusieurs visions. C’est à cela qu’on remarque les grands réalisateurs, et dans son domaine à lui, Mozinor est sans conteste le plus grand.

 

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Terminator (James Cameron, 1984)

En 1982, le metteur en scène canadien James Cameron réalise son premier long métrage, Piranha 2 – les Tueurs volants, qui est la suite du Piranhas de Joe Dante datant de 1978. Cameron n’accèdera pas à la gloire avec ce film horrifique à petit budget, mais il ne ratera pas le coche 2 ans plus tard, en réalisant ce qui est encore à ce jour l’une des plus belles oeuvres de SF que le 7ème art nous ait donné. Terminator possède un fort ancrage dans son époque, ce qui n’est clairement pas un défaut, et il enterre encore aujourd’hui de nombreuses oeuvres d’anticipation qui ne tiennent pas plus d’une décennie… Terminator traverse le temps avec une solidité à toute épreuve, et ça a été un vrai plaisir de replonger dans ce film fondateur!

Contrairement à Cameron, Arnold Schwarzenegger était déjà auréolé de succès puisqu’il avait percé avec le rôle mythique du célèbre Cimmérien cher à Robert E. Howard dans Conan le Barbare en 1982. Terminator sera le 8ème film du bodybuilder autrichien, et solidifiera son statut de star du box-office! Pour davantage d’infos sur la carrière d’Arnold, je vous conseille fortement la très intéressante série documentaire judicieusement intitulée Arnold! Lorsqu’il a eu le scénario entre les mains, Schwarzenegger se voyait totalement dans la peau de Kyle Reese, et Cameron a dû sacrément insister pour lui faire changer d’avis, et accepter d’endosser le rôle du méchant! A la base, c’est l’acteur O.J. Simpson qui était pressenti pour incarner le cyborg, mais l’équipe pensait qu’il ne serait pas crédible dans le rôle d’un tueur… ^^, Puis Lance Henriksen a aussi un temps été choisi pour le rôle. En même temps, il jouera un androïde 2 ans après dans Aliens : le Retour, il ne fallait pas en faire trop ^^

Ce qui frappe d’emblée lorsqu’on se lance dans la vision de ce film, c’est la pauvreté du cinéma actuel… Il y a une richesse graphique indécente dans ce film de 1984, qui regorge d’idées et d’innovations afin de susciter l’émotion du spectateur et de l’impliquer totalement dans cette histoire à l’atmosphère désespérée des plus réussies. Aujourd’hui encore, les visions du futur dystopique de 2029 fonctionnent à merveille, Cameron nous laissant découvrir par bribes subtiles ce monde ravagé par les machines. Une humanité terrée dans des tunnels, tandis que les ordinateurs dominent la surface… Le parallèle avec la problématique actuelle des IA est aisé, et Terminator prend aujourd’hui encore un sens supplémentaire… Le charme des effets spéciaux délicieusement datés fonctionne parfaitement, et on apprécie lors de chaque séquence l’ensemble des techniques à l’ancienne, qu’il s’agisse de maquettes, de masques ou de conceptions par ordinateur. J’ai tenté de regarder Indiana Jones et le Cadran de la Destinée tout à l’heure, j’ai trouvé l’intro tellement pauvre avec sa profusion de CGI et son éclairage dégueulasse, que j’avais besoin de me tourner vers une époque où les artisans en avaient quelque chose à foutre de donner de la consistance à leurs oeuvres…

On saluera bien évidemment le travail de l’immense Stan Winston, l’un des plus illustres créateur d’effets spéciaux qu’ait connu le 7ème art. Aliens, le Retour, Predator, Terminator 2 : le Jugement Dernier (un de ses chef-d’oeuvres!), Jurassic Park, Iron Man, Avatar… Il aura laissé une trace indélébile dans l’histoire des SFX, en digne héritier de Ray Harryhausen! Sa conception du T-800 (dont le nom n’est jamais prononcé dans ce film) s’avère remarquable, et ajoutera considérablement à l’aura tragique et désespérée qu’inspire ce cyborg. A aucun moment celui-ci ne sombre dans le ridicule, mais l’alchimie qui s’est créée entre le travail de Winston et la mise en scène de Cameron achève de faire de ce Terminator un chef-d’oeuvre d’anticipation. Les plans iconiques à coups de ralentis, la gestion de l’espace parfaite opérée par Cameron, la « gueule » de l’emploi de Schwarzy traversent les âges en ne faisant que se bonifier. Quand on voit comment Cameron emballe la scène d’arrivée du Terminator, avec ce plan magnifique englobant la ville (et les fesses d’Arnold en premier plan ^^), ça a clairement de la gueule et ça pose fortement le contexte et l’atmosphère. Et la subtile allusion à la Seconde Guerre Mondiale avec la cicatrice de Kyle et son récit glaçant apporte là encore une dimension supplémentaire à ce récit.

Indissociable de cette ambiance tragique, la partition de Brad Fiedel traverse le film avec ses sonorités métalliques résonnant comme l’écho futuriste de ce qui risque d’advenir… Rarement un score aura été aussi marquant, et cette musique reconnaissable entre toutes donne aujourd’hui encore son lot de frissons… Elle participe activement au caractère déshumanisé englobant cette immense course-poursuite, entre un humain qui tente d’être aussi dur qu’une machine afin de parvenir à l’exterminer, et ce cyborg sans émotion conçu pour tuer. Michael Biehn est excellent dans le rôle de Kyle Reese, homme du futur ayant fait la traversée temporelle afin de donner un avenir à ses compatriotes. Biehn est un acteur qui se fait très rare et qui possédait une belle aura à cette époque, et son duo avec Linda Hamilton fonctionne parfaitement. Son histoire qui pourrait passer pour celle d’un fou paranoïaque est difficile à croire pour celle qui deviendra la mère de John Connor… Et si Cameron est capable de filmer de très belles scènes de fusillades et de poursuites, il est également très à l’aise avec la romance, comme le prouve une séquence très touchante et intimiste vers la fin du métrage, baignant dans une très belle sensualité.

Si Terminator a autant marqué les esprits, c’est parce qu’il est un mètre-étalon du film d’action des 80’s, un classique indispensable bénéficiant d’une réalisation de haute volée de la part d’un metteur en scène des plus inspirés. Inspiré, Cameron l’a été par un cauchemar dans lequel il voyait un robot sortir des flammes dans une vision apocalyptique. Ce rêve l’a profondément marqué, et on sent très clairement l’aura onirique ultra-sombre se dégageant de certains plans… Le maître-plan étant le fameux cauchemar de Sarah Connor dans Terminator 2 – le Jugement Dernier… Dans Terminator, le mélange de technologie et d’éléments naturels donne toute sa substance à la menace du T-800, et l’ensemble du film apparaît comme un cauchemar éveillé duquel aimerait tellement sortir Sarah…

L’une des forces de ce film, c’est également la manière dont il s’immisce avec humilité dans tout un courant cinématographique. Lors de la séquence de la réparation de l’oeil du Terminator, ça rappelle forcément le court métrage Un Chien Andalou de Luis Bunuel, avec sa fameuse séquence bien tranchante… Et ce plan de fin avec le T-800 cherchant à toucher Sarah Connor renvoit tellement à Ripley et à son alien… Et le travail de Stan Winston avec la réplique du visage de Schwarzenegger donne un rendu très Michael Myers! Chef-d’oeuvre d’anticipation incontestable, Terminator est une des pierre d’achoppement de la SF au cinéma, et il fonctionne excellemment avec sa suite de 1991. Le reste, vous pouvez l’oublier sans problème, l’aura a été perdue ensuite… Et pour l’anecdote, dans la séquence où un Terminator attaque un tunnel dans le futur, celui-ci est interpété par Franco Columbu, qui était un bodybuilder et le meilleur ami d’Arnold Schwarzenegger 🙂

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Les news de la semaine : Comme un Echo de Chaos

La grève des scénaristes, couplée depuis plusieurs semaines à celle des acteurs, ne semble pas aller dans le sens d’une résolution prochaine, ce qui aura forcément un impact important sur le 7ème art, mais également sur la petite lucarne. Tradition oblige, Marvel se fend d’un communiqué juste avant le week-end pour dévoiler les reports liés à la période de tension entre les scénaristes et acteurs d’un côté, et les producteurs de l’autre.

On va quand même commencer par une bonne nouvelle, avec Loki saison 2 qui conserve sa date de démarrage du 6 octobre, et ça, ça c’est toujours plaisir! Ensuite, on se met à repousser… C’est ainsi qu’Echo, la série spin-off d’Hawkeye, qui était lui-même un spin-off des films Avengers, bascule du 29 novembre 2023 au mois de janvier 2024. En cette fin d’année, nous devions également avoir Agatha : House of Darkness, qui s’est transformée en Agatha : Coven of Chaos, et qui se fait pour le moment appeler Agatha : Darkold Diaries. Ce spin-off de spin-off était prévu pour cet hiver, il déménagera en automne 2024, période plus propice aux sorcières. On comptera à ce moment-là le nombre de titres alternatifs dont il aura bénéficié.

Et pour parfaire tout ça, Ironheart, Daredevil : Born Again et Wonder Man sont tout simplement sortis des calendriers. Bob Iger voulait calmer le jeu sur le nombre de productions? Il est grandement aidé sur ce coup-là par les producteurs eux-mêmes…

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