Les fictions à base de requins jouent davantage la carte du 48ème degré que du 1er, la série des Sharknado peut en témoigner. Jaume Collet-Serra va tenter une approche beaucoup plus frontale et sérieuse, en nous embarquant dans cette lutte entre une femme et un prédateur aux dents acérées!
Le réalisateur espagnol, à qui l’on doit notamment les sympathiques La Maison de Cire et Esther, va développer un récit finalement simpliste, mais en s’appuyant sur une mise en scène très soignée qui va participer activement à l’implication du spectateur. On sent une volonté évidente de donner un sens à ce récit, et de ne pas tomber dans le piège de l’énième film de squale sans profondeur… Dès l’entame du film donc, on peut s’apercevoir de la maîtrise de Collet-Serra, qui va nous faire découvrir en même temps que Nancy cette plage idyllique. Il parvient à retranscrire toute la beauté du lieu et à nous faire ressentir l’émotion de la jeune surfeuse, pour qui cette plage représente beaucoup.
Le background de Nancy s’avère très intéressant, et on est loin des habituelles bimbos écervelées cherchant à échapper à des créatures féroces. C’est une femme indépendante, battante et qui porte en elle une profonde tristesse. Tous ces éléments vont permettre d’en faire un personnage principal fort, et l’actrice Blake Lively parvient à très bien retranscrire cette personnalité. Sa volonté de composer avec son passé, sa manière de vivre pleinement le présent, se ressentent dans la façon qu’a Jaume Collet-Serra de la filmer dans cet élément. Il y a un lien fort entre l’impétuosité de la mer et la lutte permanente de Nancy pour continuer à avancer…
Collet-Serra va jouer sur un registre similaire à celui de Steven Spielberg, à savoir l’économie de moyens pour créer ses effets. On va apercevoir le requin à plusieurs reprises, mais c’est paradoxalement dans ses moments d’absence que le stress va monter le plus. Lorsque Nancy va se retrouver isolée sur un rocher, c’est toute l’eau autour d’elle qui devient potentiellement dangereuse, le squale pouvant surgir de n’importe où… Et du stress, Collet-Serra va nous en offrir de bonnes doses, déroulant son récit avec un sens du réalisme impressionnant, et offrant à Blake Lively un rôle fort et prenant! Elle se retrouve littéralement piégée sur ce rocher, et va devoir user de toute son intelligence pour tenter de s’en sortir…
Il y a un aspect très épuré dans le récit, compensé par la richesse de la mise en scène de l’Espagnol, qui sait comment créer une tension palpable. Quand il filme Nancy sur sa planche avec une musique techno, on se croirait sur MTV, et quand soudain il plonge sous l’eau pour filmer par en-dessous et que la musique s’arrête, on sent la menace qui rôde… L’alternance des plans hors et sous l’eau va générer de manière simple et efficace une très belle tension, et ce n’est qu’un exemple de l’ingéniosité du réal. Le scénario d’Anthony Jaswinski ne va malheureusement pas éviter quelques approximations et facilités, et c’est bien dommage au vu du travail remarquable de Collet-Serra. Ces éléments vont adoucir le propos du metteur en scène, qui parvient néanmoins à rendre une copie franchement réussie, et plus stressante que la moyenne des films du genre! Les attaques éclairs du requin sont d’ailleurs impressionnantes!
Instinct de Survie est une aventure humaine qui fonctionne très efficacement, et qui permet à Blake Lively de démontrer tout son potentiel dramatique, avec ce rôle loin des clichés et qu’elle joue avec une très belle intensité! Comme quoi, les films de requins peuvent être bons! 😉