La Malédiction de la Dame Blanche (Michael Chaves, 2019)

L’Univers Cinématographique Conjuring continue à s’étendre, et après La Nonne l’an passé et juste avant Annabelle 3 – la Maison du Mal, New Line nous livre ce qui constitue le 6ème film de cette série. La Malédiction de la Dame Blanche est le 1er film à s’intéresser à un mythe qui n’avait pas encore été exploré dans cet univers, les producteurs ayant simplement utilisé un personnage pour faire la jonction avec les Conjuring. Ca ressemble à la manière dont les films Cloverfield sont rattachés à la saga principale… Mais ce « truc » de producteur ne doit pas remettre en cause ce 1er long métrage signé Michael Chaves, qui fait montre de quelques qualités bienvenues et appréciables.

Petite précision culturelle, à l’origine le film traite de la légende de la Llorona (qui se prononce « Yorona »), un personnage du folklore mexicain que l’on peut traduire par la Pleureuse. Cette femme revient d’entre les morts et arpente les rues en laissant libre cours à sa tristesse, et ceux qui l’entendent pleurer au milieu de la nuit ne doivent surtout pas s’en approcher… En Europe, le mythe de la Llorona est totalement inconnu, mais il trouve son équivalence avec la Dame Blanche, cette figure très appréciée des auto-stoppeurs! On se retrouve donc avec un personnage qui parlera à la fois au public hispanique et à un public plus européen, et qui est traité avec une belle approche par Michael Chaves.

Un parti-pris très intéressant, et qui est de plus en plus utilisé dans le cinéma de genre, c’est celui de placer son récit dans une décennie révolue. Ici, Chaves nous plonge dans des 70’s reconstituées avec pas mal de soin (c’est nettement plus crédible que les pauvres 90’s de Captain Marvel…), et son aisance filmique dans la scène de présentation de la famille qui sera au centre du film permet d’adhérer immédiatement au récit. Linda Cardellini (Green Book : sur les Routes du Sud) s’avère très impliquée dans le rôle d’Anna, une veuve élevant son fils et sa fille seule. Cet aspect social est intéressant dans la structure du récit, et offre un réalisme qui fait parfois défaut à ce type de film. On n’est pas au niveau du réalisme social de l’excellent Mister Babadook, mais le film défend son point de vue. Anna est une travailleuse sociale en charge de la protection de l’enfance, et va se retrouver confrontée à une situation très délicate, lorsqu’un drame va survenir dans une famille qu’elle suit. La mère va affirmer que ce qui passe pour une créature mythique est responsable de ce qui est arrivé.

D’incrédulité en incompréhension, Anna va peu à peu se rendre compte qu’il existe des forces sombres et destructrices qui ne sont pas que des légendes, et elle va l’apprendre à ses dépens… Car la fameuse Dame Blanche a jeté son dévolu sur sa famille, et qu’il va lui falloir tout son courage pour tenter de les sauver. Le principe de ce genre de film est quasiment toujours le même, avec les démons, la poupée Annabelle, ou encore la fameuse Nonne qui veulent prendre le dessus sur un personnage central, lequel va être aidé par un personnage annexe ayant une vision plus complète de la situation et des moyens de se défaire de l’entité maléfique. Michael Chaves ne va pas révolutionner le genre avec ce film, mais il va chercher à nous faire frissonner en usant d’un certain classicisme, et il le fait à la manière d’un John R. Leonetti avec son Annabelle. Des cadrages précis et une belle aisance dans le mouvement, des astuces visuelles très intéressantes, comme le parapluie transparent ou l’utilisation des draperies comme les rideaux, et une approche sincère et sérieuse. On sent qu’il connaît sa partition, et il va nous jouer un morceau pas inoubliable mais néanmoins solide, qui va tenir compte de ce qui a déjà pu être fait dans ce style de film.

Les apparitions de la Dame Blanche sont mises en scène avec un bon sens du suspense, et vont générer quelques tensions plutôt efficaces! La manière de Chaves de jouer sur les effets d’attente et sur la topographie des lieux est intéressante, et il parvient à nous surprendre à plusieurs reprises. Il ne fait pas non plus dans la surenchère en surexposant sa Dame Blanche, ce qui permet de conserver son aura mythique. On attend avec appréhension sa venue, et quand elle arrive elle n’est pas là pour rigoler! Un aspect intéressant dans la montée du suspense, c’est la volonté de ne pas user trop souvent de la musique pour intensifier les apparitions. Il y a certains moments très silencieux et dénués de musique, ce qui paradoxalement augmente la tension!

Ca fait bien plaisir de retrouver Raymond Cruz, qui en 4 épisodes de Breaking bad parvenait à faire de Tuco un bad guy incontournable!!! Il incarne un personnage mystérieux qui en sait long sur la Dame Blanche, et qui pourrait aider Anna et sa famille à se sortir de cette sale situation… Et ça fait plaisir également de retrouver Tony Amendola, dont le rôle est également important. Tout ça pour dire que cette Malédiction de la Dame Blanche est plutôt un bon opus de ce Conjuring-Verse, et on va sagement attendre Annabelle 3 – la Maison du Mal qui sortira le 10 juillet, tandis que The Conjuring 3 et The Crooked Man sont les prochains projets de cette saga!

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