Dans mes souvenirs, tous les bouquins de Stephen King que j’avais lu gamin et ado étaient palpitants, offrant des atmosphères différentes mais toujours captivantes. La relecture de ces oeuvres apporte aujourd’hui un regard différent, et ce Marche ou crève est certainement celui que j’ai eu le plus de mal à terminer. Dans mon souvenir, l’histoire de ces jeunes obligés de marcher sans s’arrêter sous peine de se prendre une balle dans la tête était énorme, mais il faut bien avouer qu’elle s’avère finalement totalement dénuée d’intérêt.
Passée l’exposition qui présente le contexte de ce futur proche, et de cette course très spéciale où 100 jeunes volontaires se lancent sur la route en sachant exactement ce qui risque de leur arriver, il n’y a strictement rien à se mettre sous la dent dans ce roman. King l’a écrit sous le pseudonyme de Richard Bachman, ce qui lui permettait de livrer des oeuvres supplémentaires, vu qu’à l’époque les termes éditoriaux n’autorisaient qu’un roman annuel par auteur. Sous ce pseudo, il nous avait offert un excellent Rage 2 ans auparavant, mais il semble avoir perdu toute son inspiration depuis! Si le contexte est plutôt intéressant, avec cette sorte de Battle Royale détournée, le bouquin s’avère totalement vide et creux…
La faute à des personnages sans aucun relief, à commencer par Garraty, l’ado au centre du bouquin. On ne sait pas pourquoi il a accepté de participer à cette course qui a tout du suicide collectif, il n’a pas de personnalité spéciale, et on ne s’intéresse finalement pas à ses états d’âme. Pareil pour quasiment tous les jeunes participants, qui ne sont que des archétypes sans relief. On a celui qui critique tout le monde, celui qui est sympa avec tous, le gars qui semble savoir des choses que les autres ne savent pas, celui qui déconne tout le temps… De simples artefacts sans visage et sans âme, qui sillonnent la route sans vraiment savoir pourquoi. On se demande toujours pourquoi les jeunes s’inscrivent chaque année à cette course, sachant qu’ils n’ont quasiment aucune chance de gagner. Et quand on sait qu’ils sont 100 et que 99 vont se prendre une balle dans la tête, ça donne plutôt envie de regarder Hanouna à la télé avec une bière non?
Mis à part les dénivelés de la route, le chemin est très long et monotone pour les marcheurs comme pour le lecteur… L’encéphalogramme du récit est d’un plat alarmant, et on a connu King nettement plus enthousiasmant! Marche ou crève est une sorte d’allégorie d’une jeunesse perdue sacrifiée par la société, mais cela ne fonctionne même pas à partir du moment où ils sont volontaires pour cette course… Je pense que quand je relirai Running Man, ça aura plus d’impact car le personnage principal est obligé de participer à ce jeu. Ca aurait été autrement plus intéressant si les ados avaient été forcé de faire cette course débile…