Killing Ground ressemble au départ à la plupart des films du genre, avec son couple qui part se ressourcer en pleine nature, un endroit bien paumé et un soupçon d’ambiance redneck. Sauf que l’Australien Damien Power va progressivement nous montrer qu’il est capable de bien davantage, à commencer par un montage parallèle qui commence à générer une tension supplémentaire. On va suivre Ian et Sam, qui ont envie de s’oxygéner le temps d’un week-end, et qui vont s’aventurer dans une forêt lointaine au bord d’un lac idyllique. Arrivés à cet endroit, ils vont voir qu’une tente s’y trouve déjà, mais il semblerait que les propriétaires se soient absentés. Du coup, parallèlement à l’histoire de Ian et Sam, on va suivre celle de ceux qui ont planté leur tente avant eux. Et encore en parallèle de ces 2 récits, on va suivre celle de 2 locaux vivant dans le patelin à côté.
Une narration classique aurait donné un film intéressant, mais probablement moins percutant. Ce choix de montrer au fur et à mesure ce qui est arrivé à l’ensemble de ces personnages dans des temporalités différentes, s’avère très judicieux sur le plan narratif, et cela va donner matière à réflexion au spectateur, tout en créant une angoisse plus prenante. On essaie de comprendre ce qui a bien pu se passer, et on se demande comment Ian et Sam vont affronter les mêmes dangers qui ont eu lieu quelques jours avants… Je ne vous en dirai pas davantage pour l’histoire, ce serait du gâchis!
Damien Power fait preuve d’une précision impressionnante dans sa mise en scène, et si le début paraissait très classique, il va vite nous faire comprendre qu’il nous endormait simplement avant de nous balancer un récit bien difficile en pleine visage! Il y a notamment un plan d’une simplicité tellement évidente, et à l’impact émotionnel tellement impressionnant! Quand Sam retourne à la voiture, il réalise un plan d’une très grande force, je ne me souviens pas en avoir déjà vu un similaire! On sent qu’on a atteint un point de non-retour, et tout va s’enchaîner ensuite, avec un sens du réalisme choquant et un aspect résolument nihiliste. Damien Power nous crée un survival sorti de nulle part, et qui s’avère bien meilleur que nombre de films du même genre plus connus! Par exemple, pour rester dans la veine australienne, il est bien plus captivant que le Wolf Creek de Greg McLean!
Pour son premier long métrage, Damien Power réalise une oeuvre très percutante, qui démontre qu’il est toujours possible d’innover dans le genre quand on s’en donne les moyens! Sans atteindre le level d’un Landmine goes click, il a assez de force pour secouer le spectateur, jusqu’à sa scène finale! Les acteurs ne sont pas connus, mais ils sont très efficaces. Ian Meadows et Harriet Dyer, qui semblaient assez quelconques au départ, voient leurs personnages se complexifier au fil de l’histoire! Et Aaron Pedersen s’avère être un très bon acteur! Une excellente découverte, et un metteur en scène à suivre!