Citizenfour (Laura Poitras, 2014)

Après avoir découvert le très bon Snowden d’Oliver Stone, j’ai eu envie de prolonger l’expérience en regardant Citizenfour de Laura Poitras. Pour rappel, Edward Snowden est l’informaticien qui a divulgué des infos classifiées de la NSA, révélant les systèmes d’écoutes illégales que l’agence utilisait pour surveiller le monde entier, y compris l’ensemble des citoyens américains, bravant ainsi le principe même de vie privée, et la constitution elle-même! Dans Snowden, Joseph Gordon-Levitt joue le lanceur d’alertes, et se retrouve réfugié dans une chambre d’hôtel à Hong Kong, où il va rencontrer les journalistes Glenn Greenwald du Guardian, Barton Gellmann du Washington Post, et la documentariste Laura Poitras. Cette dernière filme en effet leurs entrevues, et va tout compiler dans ce documentaire qui retrace donc ces événements de manière encore plus captivante que Snowden, car ce sont les vrais protagonistes qui sont en scène, et que ce sont les vrais moments cruciaux qui sont filmés!

Citizenfour est le nom de code qu’Edward Snowden a utilisé quand il est entré en contact avec Laura Poitras en janvier 2013, afin de préserver son anonymat. Après plusieurs échanges, et après qu’il ait également contacté Greenwald et Gellmann, Snowden leur propose de venir le rencontrer à Hong Kong afin de l’aider à divulguer cette énorme affaire. Quand on voit l’impact politique et social qui ont suivi, on ne peut qu’être fasciné par cet homme qui a fait totalement abstraction de ses privilèges et de sa liberté, afin de garantir celle de ses concitoyens… Après avoir vu Joseph Gordon-Levitt incarner de manière très efficace ce héros, c’est une émotion encore plus intense de découvrir le vrai Edward Snowden dans ces images retraçant les 8 jours de discussions qu’il a eu avec les journalistes! Laura Poitras filme de manière brute, posant sa caméra pour capter toute la tension de ses instants historiques, ne cherchant jamais à créer le sensationnel, mais désireuse de capturer toute l’intensité de ces moments terriblement stressants!

On y découvre la personnalité très en retrait de Snowden, qui souhaite avant tout donner la priorité aux informations explosives qu’il détient, sans jamais chercher à se mettre en avant. L’humilité dont il fait preuve force le respect, d’autant qu’elle est couplée avec un courage des plus exemplaires! Son discours est posé, précis et très instructif. Il va nous plonger dans les arcanes du renseignement et de l’informatique pour démontrer comment les Etats-Unis pratiquent la surveillance de masse, dans une veine que George Orwell avait prédit… Laura Poitras joue elle aussi la carte de l’humilité, sa caméra se faisant très discrète, mais permettant de comprendre tous les enjeux monumentaux de ce qui est en train de se dérouler! On se retrouve plongé dans une sorte de film parano des années 70, et Citizenfour n’a rien à envier aux fictions du genre!

Entrecoupé d’images d’archives, notamment sur un haut fonctionnaire de la NSA qui ment sciemment devant un tribunal, ou sur la construction d’un immense lieu qui servira de stockage à ces données illégales, on se rend peu à peu compte de l’ampleur de toute cette histoire, qui va paradoxalement se jouer dans une petite chambre d’un hôtel à Hong Kong! Avec les révélations qui commencent le 6 juin 2013, on va assister en direct aux répercussions du travail courageux de ce groupe, Edward Snowden en tête bien évidemment! Citizenfour est un film d’utilité publique, qui démontre que face à un pouvoir corrompu, il est encore possible de se lever et de s’opposer! L’Oscar du meilleur film documentaire obtenu par Citizenfour est largement mérité!

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