Space Time: l’ultime Odyssée (William Eubank, 2011)

Après avoir vu son second film The Signal, que j’ai trouvé moyen malgré une très belle mise en scène, j’ai voulu découvrir la première oeuvre de William Eubank. Avec un titre comme Space Time: l’ultime Odyssée, il semblait vraiment promettre un spectacle ambitieux. Il faut savoir que le titre original n’a rien à voir, puisque dans la langue de Shakespeare, le film se nomme… Love! Un titre finalement tout aussi vaste d’une certaine manière…

Avec ce récit d’un astronaute vivant seul dans la Station Spatiale Internationale, William Eubank va nous emmener dans une sorte de réalité où vont se téléscoper les dimensions, et nous plonger dans un univers où le réel et l’onirique vont s’entremêler dans une sorte de danse cosmique finalement captivante! Space Time: l’ultime Odyssée, au-delà de son titre un poil trop prétentieux, va nous embarquer dans un voyage véritablement atypique. On va passer de la Guerre de Sécession à l’espace, en effectuant des apartés sur différents personnages qui vont nous donner leur vision du sens de la vie. William Eubank nous livre un film qui va finalement explorer l’âme humaine afin d’y dévoiler ce qui motive l’Homme à poursuivre des buts, ce qui le fait avancer dans la poussière de la guerre ou dans la poussière des étoiles.

Space Time: l’ultime Odyssée est véritablement ambitieux, et Eubank réussit à nous captiver par le rythme lancinant et la beauté graphique avec laquelle il nous conte cette sorte d’immense métaphore. Lorsque l’astronaute Lee Miller perd le contact avec la Terre, il va se retrouver totalement isolé, à des milliers de kilomètres de sa planète, et sans aucune personne avec qui dialoguer. Il va se retrouver totalement seul, et va devoir lutter contre ce sentiment d’abandon qui va commencer à lui peser. William Eubank va étudier à travers ce personnage les rouages de la solitude, et Lee Miller va finalement représenter une sorte d’expérimentation non voulue sur la vie loin de tous. Comment va-t-il réagir, quels vont être les moyens mis en oeuvre pour pallier à cette situation? On se retrouve dans une situation similaire au Moon de Duncan Jones, mais j’avoue avoir une préférence pour ce Space Time: l’ultime Odyssée, qui est peut-être plus déstructuré, mais qui offre davantage d’émotions.

Avec cette très belle ouverture sur la Guerre de Sécession, William Eubank cherche à démontrer que la nature intrinsèque de l’Homme réagit de la même manière dans le passé, dans le présent ou dans le futur, que l’on soit sur Terre ou dans l’espace. Il y a des constantes qui ne changeront jamais, et des situations qui provoqueront les mêmes sentiments d’inéluctabilité, d’émerveillement pour le temps et pour la nature. Space Time: l’ultime Odyssée pourrait presque apparaître comme un film New Age à tendance hippie régressive, mais il est surtout un très beau film traitant d’universalité et de sentiments forts, avec une vision artistique vraiment originale. Eubank filme l’astronaute coincé dans sa capsule, mais il filme aussi le temps, avec ses lents travellings qui font se promener la caméra dans l’habitacle. Les mouvements circulaires, le travail sur la profondeur de champ, Eubank est véritablement à l’aise dans l’élaboration de son récit, et il lui donne une texture qui combine finalement à la fois l’espace et le temps pour y intégrer son astronaute qui va aller dans une direction qu’il n’aurait jamais pensé emprunter.

A la fois onirique et exigeant, Space Time: l’ultime Odyssée est un voyage ambitieux auquel certains seront probablement réfractaires, mais si vous vous laissez juste bercer par la mise en scène très intelligente et la musique envoûtante, vous ne devriez pas regretter ce space trip qui vous surprendra forcément! Le récit (signé Eubank lui-même) est assez habile pour mener le spectateur en terrain totalement inconnu, et on va se retrouver avec des séquences psychédéliques où l’on va avoir l’impression de toucher les étoiles du bout des doigts!

Ce rêve éveillé va mener Miller vers autre chose, quelque chose qui va faire ressortir sa véritable nature, et qui va encore une fois mêler différentes strates temporelles pour démontrer le caractère unique et tellement fragile de la vie humaine, et surtout des émotions humaines. On pense parfois à l’immense Koyaanisqatsi de Godfrey Reggio, et on sent une certaine volonté de s’en inspirer. Sans toutefois arriver au niveau du chef-d’oeuvre de Reggio, Space Time: l’ultime Odyssée est suffisamment novateur et abouti pour que l’on plonge dans cette incroyable aventure avec plaisir!

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